Mais que se passe-t-il chez Manowar ? Des nouveautés distillées au compte-goutte (pas de véritable album depuis 2012, un EP par ci, un réenregistrement - inutile - de classique par là), une tournée d’adieu qui n’en est pas une, une poignée de festivals annulés qui leur vaut de se faire chambrer par la communauté metal ("other bands play, Manowar don’t")... mais, surtout, une qualité globale (sur la plupart des productions parues depuis une vingtaine d’années) de plus en plus vacillante (et je suis gentil). Le dernier EP (peu généreux et pas réussi) s’appelait Final Battle I, on nous avait annoncé une trilogie... c’était il y a trois ans. On attendait (enfin, plus ou moins) le deuxième volet mais ce que le groupe nous propose en ce mois de juin de 2022 est un EP qui n’a rien à voir et s’intitule Highlights From The Revenge Of Odysseus. C’est à en perdre son latin... ou son grec plutôt. Tout cela semble indiquer que Manowar a perdu le cap. Un peu comme Ulysse tentant difficilement de retourner chez lui et retrouver sa Pénélope ? Ah oui, là, il y a une certaine cohérence. Car, comme vous l’avez compris en lisant le titre de cet EP, c’est bien à cette épopée grecque que Manowar s’attaque. Les Américains nous livrent ici quelques extraits de l’œuvre à venir. Mais il y a un problème. Enfin non, il y en a plusieurs. 

Cinq titres. Ah, pas mal pour un EP. Ah non, pardon... le tout ne dure en fait que quatorze minutes et est constitué d’une courte intro (Athena’s Theme) pendant laquelle on entend une choriste entonner un air tragique, deux pistes narrées (Telemachus, Pt. 1 et Odysseus And Calypso) en grec ancien (par des acteurs grecs connus, paraît-il), ce qui, je ne vous le cache pas, nuit un peu à la compréhension et, donc, au final, deux "vraies" chansons. OK, on est donc toujours sur du dosage homéopathique... comme si Manowar avait peur que son public ne fasse une overdose de power of steel. Alors, niveau puissance à encaisser, aucune crainte à avoir ici, c’est mou, mou et archi mou. Enlevez donc les quatre minutes d’intro et de parlotte et il vous reste, tout d’abord, Where Eagles Fly. Une ballade kitsch et sirupeuse où Eric Adams (qui a toujours une belle voix... et le gars vient d’avoir soixante-dix ans) chante en duo avec Chiara Tricarico (Moonlight Haze). C’est très gentillet. A tel point que cette chanson ne ferait pas tâche dans une production Disney. Reste LE morceau heavy : Immortal. Un mid-tempo guerrier très classique au refrain pas mauvais, très typique du savoir-faire Manowarien. Pas raté mais pas éblouissant non plus. Déjà entendu, surtout. Avec une partie de batterie particulièrement pauvre, en pilote automatique. Par contre, le son est bon, c’est toujours ça. 

Et c’est tout. Un peu chiche, non ? Bon, il faut raison garder, tout ceci n’est qu’un avant-goût d’un ensemble qui sera peut-être plus convaincant. Mais voilà, ma confiance en Manowar s’est terriblement émoussée depuis des années et cet EP ne me rassure pas et ne donne pas spécialement envie d’en entendre davantage. D’autant plus qu’on nous signale qu’il s’agit là des "highlights" (meilleurs moments ou temps forts) de The Revenge Of Odysseus... Mauvaise formulation certainement. Car si ces cinq pistes représentent le meilleur de ce qui est à venir, je n’ose imaginer le reste. Je ne sais même pas quelle note lui attribuer... Allez, un petit cinq fera l’affaire. Passez votre chemin !
 

Tracklist de Highlights From The Revenge Of Odysseus : 

01. Athena’s Theme
02. Telemachus, Pt. 1
03. Where Eagles Fly
04. Odysseus And Calypso
05. Immortal