Artiste/Groupe:

Kingcrow

CD:

The Persistence

Date de sortie:

Septembre 2018

Label:

Sensory Records

Style:

Metal Progressif

Chroniqueur:

Bardney

Note:

19/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

« Ah cool du metal prog, je vais m’écouter ça ! » Voilà comment j’ai découvert Kingcrow. Et quelle découverte !

Après avoir écouté l’album, j’ai voulu me renseigner sur le groupe, et j’ai découvert à ce moment-là que nous avions déjà chroniqué trois albums sur le site : Phlegethon, In Crescendo et Eidos, trois albums d’une qualité exceptionnelle. Kingcrow est donc une petite pépite italienne, qui vient ajouter The Persistence, leur dernier album, au sommet de leur art.

Kingcrow c’est donc un groupe italien originaire de Rome, avec Diego Marchesi au chant, Diego Cafolla et Ivan Nastasi aux grattes, Thundra Cafolla à la batterie et percussion, Cristian Della Polla au synthé et pour finir Riccardo Nifosi à la basse. Six membres donc… un nombre aussi élevé au sein d’un groupe m’inquiète souvent, car j’ai toujours une crainte que les musiciens se « marchent sur les pieds »… Mais clairement pas ici, vraiment.
Dès le premier titre, Drenched, Kingcrow nous hypnotise avec sa composition envoûtante. Toutes les cordes sont parfaitement en harmonie avec les percussions ; de cette harmonie ressort une puissance à la fois lointaine et écrasante. Cette violence monte de plus en plus avant d’être totalement libérée lorsque la deuxième partie du refrain arrive. Le chant, quant à lui, est mélodieux mais non sans une pointe de mélancolie mêlée à de l'espoir. Chaque musicien est à sa place dans ce titre. Comme dans tout l'album d'ailleurs. Kingcrow nous offre cinquante-cinq minutes de musique... de voyage au sein d’un univers bien à lui. Chaque titre est réussi et a une tonne de manière de se démarquer individuellement des autres, tout en étant étrangement lié à eux. Chaque titre fait parti d’un tout (l’album), et malgré ça chacun est unique et facilement distinguable, comme c'est le cas avec Folding Paper Dreams et ses notes de piano récurrentes, sa puissance dans les riffs pré-refrains ou encore ses chœurs. Chaque morceaux donne l'impression d'être la somme de plusieurs mini-compositions qui se lient les unes avec les autres parfaitement et ça pour tout l’album. Je pourrais m’arrêter là mais je ne peux pas m’empêcher de vous parler de trois autres titres que j’ai particulièrement apprécié. Dans l’ordre de l’album, les numéros sept, huit et neuf : Devil’s Got A Picture, Night’s Descending et Father.

Commençons pas le commencement. Devil’s Got A Picture débute avec une guitare classique, à laquelle vient s’ajouter la batterie suivie de près par le reste du groupe - jusqu’ici rien d’exceptionnel - puis après deux minutes de déchaînement, tout s’arrête : piano, tempo lent... Une transition rude mais très efficace qui me fait encore hérisser les poils. Puis vient un riff de guitare, on le reconnaît car on l'a déjà entendu dans le premier titre… Mais ici il est utilisé dans une ambiance totalement différente, ce qui donne une impression très unique, tiraillée entre un déjà-vu (entendu plutôt) et la sensation de découvrir et d’écouter quelque chose de génial. En seulement cinq minutes, je suis passé par beaucoup d’émotions... fantastique titre.

Viens donc après Night’s Descending, single sorti le 8 août. En lui même, le titre est excellent et ce n’est pas pour rien, car nous pouvons remarquer un nouveau nom s’afficher en featuring : Daniel Gildenlöw. Qui est donc ce monsieur ? Oh, un petit nouveau, il est juste le chanteur de Pain Of Salvation, une référence dans le prog !
Alors, qu’en est-il de sa performance ? Je n’ai qu’un mot à dire : incroyable. Je peux vous assurer que cet homme est talentueux au possible. Il s’est imprégné de l’ambiance de l’album pour ajuster sa voix afin qu’elle soit parfaitement accordée à la continuité des titres, tout en ne prenant pas une place trop importante, au détriment du reste du groupe. En seulement un titre, de quatre minutes et cinquante-trois secondes, Daniel Gildenlöw montre qu’il est incontestablement un grand nom dans le prog. Mais voilà, Dany n’est pas le seul, et le titre est exceptionnel parce que TOUT le groupe ne fait qu’un. La maîtrise dont fait preuve chaque musicien ressort d’autant plus tout le long de cette magnifique ballade d’un peu moins de cinq minutes qui passeront malheureusement BEAUCOUP trop vite. 

Father est donc le dernier titre dont je voulais vous parler. Il a la lourde tâche de faire suite à deux excellents morceaux. Après le transcendant Night’s Descending, j’étais un peu inquiet pour celui qui allait suivre. « Je vais être déçu » furent mes premières et naïves pensées, jusqu’à ce que le titre commence : "tac tac tac tac tac tacatacatataca tac tac tac"… Le jeu de baguettes de Thundra Cafolla est réellement enivrant, grâce à lui on se laisse complètement hypnotiser par Diego Marchesi ; vingt secondes de musique, on n’a concrètement qu’un jeu de baguettes, un chant, un bruit ambiant et on est déjà dedans. Quarante secondes plus tard, les baguettes passent sur la cymbale et les autres musiciens viennent faire crier leurs instruments pour une très courte durée, avant que le batteur ne reprenne son jeu et que l'ensemble du groupe vienne le rejoindre pour une ultime fois. Nous avons le droit à un spectacle auditif incroyable, je ne peux que m’incliner devant tant de maîtrise, je suis totalement sous le charme. Kingcrow m’a réellement mis une claque, je les ai sous-estimés en pensant que leur niveau de création allait décroître sur la fin d’album, j’ai rarement eu autant de plaisir à avoir tort. Je vais même aller plus loin : j’aimerais que plus de groupes me montrent que j’ai tort comme Kingcrow l’a fait.

Pour votre culture musicale, il faut que vous écoutiez Kingcrow. Je ne parle pas que de ce monstre qu’est The Persistence, mais de toute la discographie (dont vous pouvez déjà retrouver les chroniques sur notre site, ainsi que deux interviews, une avec Ivan Nastasi et l'autre avec Diego Marchesi, et un live report).
The Persistence figurera parmi les meilleurs album de cette année, mais ce n’est pas une surprise, le sextet commence à avoir l’habitude.

Tracklist de The Persistence :

01. Drenched
02. Closer
03. Everything Goes
04. Folding Paper Dreams
05. The Persistence
06. Every Broken Piece Of Me
07. Devil's Got A Picture
08. Night's Descending
09. Father
10. Perfectly Imperfect

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !