Artiste/Groupe:

Extreme

CD:

Six

Date de sortie:

Juin 2023

Label:

earMUSIC

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

15.5/20

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Extreme, je t’ai maudit, je t’ai charrié. Car ce sixième album, qui voit le jour trente-quatre ans après le premier (ça va ? vous ne vous sentez pas trop débordés les gars ?!), ça fait une dizaine d’années que je l’attends. L’effort précédent, Saudades De Rock, date même de 2008. Et je me souviens d’une interview faite en 2014 dans laquelle on pouvait lire "notre album sera prêt d’ici la fin de l’année". Alors, c’est bien sympa les concerts et tournées anniversaires célébrant le monumental Pornograffitti mais au bout d’un moment, ça commence à bien faire ! J’ai donc fini par accepter l’idée que produire de la nouvelle musique ne t’intéressait peut-être plus. Et tout d’un coup, il y a trois mois, sans crier gare, arrive un nouveau single, le fameux Rise qui a tant fait parler de lui, surtout à cause de son monstrueux solo. Sourire, bonheur... Extreme est enfin de retour ! Et en plus, "spoiler alert", figurez-vous que l’album est bon ! Le contraire aurait été plus que dommage...

Le premier single m’a plu sans totalement me faire chavirer, je l’avoue. Il est percutant, a le mérite de montrer un groupe énergique et de nous rappeler que Nuno Bettencourt est l’un des plus grands guitaristes de hard rock au monde, il se promène habilement entre tradition et modernité et son refrain fédérateur, presque juvénile, devrait cartonner en concert (un ami me l’a quand même gâché à vie en me faisant remarquer que les chœurs sonnaient très K-pop... le salaud, il n’a pas tort...). Il me manque quelque chose pour être totalement ravi mais la mise en bouche est plutôt chouette... même si je ne suis pas complètement fan du son que je trouve un peu sourd / étouffé. 

Pour ce début d’album, Extreme joue la carte du hard rock remuant qui fait taper du pied ou secouer la tête. Ainsi #Rebel et Banshee ne montrent aucun signe de fatigue. Rien de fou ni de très surprenant, mais de la compo pêchue et du riff efficace. Je fais la fine bouche mais je suis tout de même ravi d’entendre ces messieurs à nouveau, d’autant plus qu’ils sont en forme. Je commence cependant à comprendre pourquoi je ne saute pas au plafond. Je trouve ça bon, entraînant... mais ça manque de refrain qui tue. Quand on sait de quoi ces Américains sont capables en termes de super mélodies, on peut légèrement rester sur sa faim ici. Et c’est pile à ce moment-là qu’arrive, comme pour me donner tort, Other Side Of The Rainbow. Un titre lumineux, plus folk avec sa belle guitare au son clair... et de la mélodie qui se retient en une écoute. Gary Cherone est en voix (il y a même un passage très Freddie Mercurien qui devrait lui donner du fil à retordre en concert), on retrouve les harmonies vocales chères au groupe (Bettencourt et Badger sont bien audibles) et le refrain est top. Un tube qui débarque à point nommé pour nous accompagner sur les routes l’été prochain.

Avec Extreme, "expect the unexpected" qu’ils disent ("attendez-vous à l’inattendu", pour ceux qui ont séché les cours d’anglais). En effet, il y a des surprises. Heureusement pour nous, elles sont plutôt bonnes... même si les avis ne manqueront probablement pas de différer sur ce point. En ce qui me concerne, il ne fait aucun doute qu’une des grandes forces de Six réside dans sa diversité (chaque chanson a son identité bien distincte) et le fait que, bien qu’Extreme soit parfaitement reconnaissable, ce nouvel effort ne sonne absolument pas comme une repompe de leurs travaux précédents. Et j’aime (à des degrés divers) toutes les chansons de ce disque. Toutes sauf une. Me permettez-vous de parler quelques secondes de Beautiful Girls ? Là, on franchit un cap (un cran de trop, même) dans la thématique "tube de l’été". C’est de l’acoustique feel good, quasi-dansant, avec une petite rythmique reggae sautillante, des paroles qu’on croirait écrites par un groupe d’ados un soir de feu de camp à la plage ("All around the world, there are so many beautiful girls")... C’est totalement inoffensif (pour ne pas dire un peu niais) et pourrait être diffusé sans problème en radio pendant que vous faites vos courses au supermarché. On flirte quand même dangereusement avec la variétoche à la Trois Cafés Gourmands ! Pour tout vous dire, j’ai failli balancer mes chaussures sur mes enceintes. Mais je tiens trop à mon matériel Hi-Fi. J’espère qu’ils ne la joueront pas en concert sinon je risque de devoir rentrer chez moi pieds nus. Refermons cette parenthèse.

Heureusement, il y a le reste. Du rock solide avec The Mask (sur laquelle Nuno adopte un chant inhabituel... on entend d’ailleurs le guitariste un peu plus sur cet album, ce qui est plutôt sympa), de jolies ballades acoustiques (exercice dans lequel Extreme n’a plus rien à prouver) comme Small Town Beautiful ou Hurricane, un hymne dédié aux perdants (Here’s To The Losers) avec un refrain assez Queenesque hyper fédérateur, des sonorités plus lourdes avec Save Me, son riff entêtant et son refrain parfaitement troussé, une touche électro/indus/funky surprenante elle aussi sur Thicker Than Blood qui groove du tonnerre et l’un de mes gros coups de cœur : X Out, une compo plus sombre, avec des éléments électroniques encore plus prononcés que sur Thicker, dotée d’une rythmique imparable et d’un refrain classe à l’ambiance très travaillée. On n’avait jamais entendu ça chez Extreme et, franchement, j’en redemande. 

A travers ces douze pistes, le quatuor nous démontre encore une fois tout son talent. Son rock n’a rien de désuet, il est varié, riche, parfois classique, d’autres fois plus moderne et surprenant... les musiciens ont la classe, Nuno est un virtuose que j’aimerais entendre plus souvent (on n’a plus Van Halen mais il nous reste Bettencourt, les amis). Six est une bonne nouvelle que je redécouvre chaque jour avec plaisir. Il ne prendra pas forcément la place des albums qui m’ont ébloui dans les 90s mais il est loin d’être inintéressant.

Alors je reprends ce que je disais en intro : Extreme, je t’ai maudit, je t’ai charrié... mais tu es revenu, et de belle façon en plus. Tout est pardonné. Rendez-vous le 7 décembre prochain à Paris (Salle Pleyel) pour un show qui s’annonce immanquable. Mais pas de mauvaise blague (= pas de Beautiful Girls), hein ?

Tracklist de Six :

01. Rise
02. #Rebel
03. Banshee
04. Other Side Of The Rainbow
05. Small Town Beautiful
06. The Mask
07. Thicker Than Blood
08. Save Me
09. Hurricane
10. X Out
11. Beautiful Girls
12. Here’s To The Losers

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