Artiste/Groupe:

Dokken

CD:

Heaven Comes Down

Date de sortie:

Octobre 2023

Label:

Silver Lining Music

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Note:

12.5/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Onze ans après un Broken Bones pas franchement mémorable, cinq ans après le live de la reformation du line-up classique (pas terrible, lui non plus), trois ans après un (très) anecdotique The Lost Songs 1978-1981... Dokken revient avec un vrai nouvel album. Don est le seul survivant de "la grande époque", on retrouve Jon Levin à la guitare (fidèle au poste depuis vingt ans) et une section rythmique tenue par Chris McCarvill (basse) et Bill BJ Zampa (batterie) pour accompagner le chanteur qui, on le sait, n’a plus trop de voix depuis un moment. Tout cela fait-il encore rêver ? Qu’attendre de ce Heaven Comes Down dont le titre (clin d’œil à When Heaven Comes Down, extrait de l’excellent Tooth And Nails) semble vouloir nous rappeler les beaux jours (très lointains) de cette formation ? Très honnêtement - et personnellement - je vous le confesse en toute simplicité, pour répondre à ma deuxième question : pas grand-chose. Non, Dokken ne me fait plus rêver. Et l’annonce de ce nouvel album m’a plutôt indifféré. Mais j’y ai tout de même jeté une oreille en raison du fameux "on ne sait jamais"... J’ai écouté deux ou trois extraits qui ne m’ont pas semblé mauvais. Et le bruit a commencé à courir qu’il pourrait s’agir du meilleur album de Dokken depuis belle lurette... Ah oui ? Bon, autant en avoir le cœur net et se plonger dedans comme il le faut.

Et force est de constater que le bougre commence plutôt bien. Oui, on ne va pas s’éterniser (mais pas faire l’impasse non plus) sur l’évidence : Don Dokken n’a pas retrouvé sa voix. Il manque de puissance et d’envergure. Pas de surprise de ce côté-là. Cependant, même si le registre est plus grave et dans la retenue, on reconnait bien son timbre et les mélodies adaptées à ses capacités sont plutôt chouettes. Musicalement, il y a de bonnes choses à se mettre sous la dent. L’album s’ouvre sur une mélodie jouée à la guitare en son clair qui évoque immédiatement le Dokken classique des 80s. Fugitive devrait plaire aux fans, le tempo est entraînant, le refrain réussi et Jon Levin rappelle à tous qu’il est un excellent guitariste (chose qu’il va démontrer tout au long du disque). Gypsy reste dans une lignée comparable avec un tempo un peu plus enlevé, ça manque toujours un peu de pêche au niveau de la voix mais le charme opère grâce aux qualités déjà décrites ci-dessus (et une production classe mettant en avant les forces du groupe). 

Don et ses potes savent donc encore composer de bons morceaux. La fougue des jeunes années s’est peut-être - en partie - fait la malle (n’attendez pas de morceaux décoiffants, les amateurs de heavy à la Tooth And Nail ou Kiss Of Death devront revoir leurs attentes) mais l’écriture est loin d’être ridicule. Cela se confirme sur pas mal d’autres titres comme la groovy Is It Me Or You? ou Just Like A Rose (dont le refrain aux harmonies vocales typiques de la formation marque des points). Une touche de hard épique à la Led Zep (Kashmir) pointe le bout de son nez sur Saving Grace et Over The Mountain ramène un peu de rythme dans une seconde moitié d’album légèrement plombée par une accumulation de tempi tranquilles / très (trop) semblables. Car oui, tout n’est pas rose ici. Une fois la bonne surprise des premières pistes et une moitié d’album passées, je commence à légèrement me lasser. Même si l’ensemble est bien écrit et globalement plaisant, une ballade en cinquième position (I’ll Never Give Up, là aussi, vous vous retrouverez dans les années 80), une autre à la huitième place (I Remember), un Lost In You sympathique mais dont l’allure reste très posée et un morceau acoustique pour finir (Santa Fe, que j’aime bien cela dit... Don nous compte son histoire sur fond folk/country et quelque chose de touchant s’en dégage) font que Heaven Comes Down finit par trop manquer de peps (sensation "aggravée" par la voix agréable, certes, mais limitée de Don). Heureusement, le disque ne contient que dix pistes et ne dépasse pas les quarante-deux minutes... ce qui fait qu’au moment où je commence à trouver tout cela un peu mou et monotone, l’album est sur le point de s’achever. 

Au final, Heaven Comes Down est plutôt une bonne surprise. Evidemment, il se tient à distance des productions issues de l’âge d’or de Dokken mais il possède un certain charme. On peut voir le verre à moitié vide (c’est un peu mou sur la longueur, Don n’est pas au top de sa forme) ou le verre à moitié plein (l’album a de bonnes mélodies, Don revient après tous ses problèmes de santé avec une voix certes diminuée mais tout de même agréable et sa fragilité a, je trouve, quelque chose d’émouvant, Levin brille et signe une belle collection de riffs et solos, l’ensemble possède une touche nostalgique plaisante...). Faites votre choix ! En ce qui me concerne, on n’est clairement pas face à un chef-d’œuvre mais si la carrière de Dokken devait s’achever ici, ce disque ne ferait pas figure de conclusion déshonorante (et c’est toujours mieux que de finir avec Broken Bones ou un live insatisfaisant).

Tracklist de Heaven Comes Down :

01. Fugitive
02. Gypsy
03. Is It Me Or You?
04. Just Like A Rose
05. I’ll Never Give Up
06. Saving Grace
07. Over The Mountain
08. I Remember
09. Lost In You
10. Santa Fe

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !