En 2016, le line-up originel et légendaire de Dokken s'est reformé pour une (très) courte série de dates aux Etats-Unis et au Japon. L'événement se devait d'être enregistré... d'autant plus qu'il n'y a pas que la formation qui soit légendaire chez ce groupe, l'animosité entre ses membres (enfin, entre deux d'entre eux surtout, George Lynch et Don Dokken) l'est tout autant. Il valait donc mieux profiter de l'occasion car, bien que d'après les intéressés, tout se soit bien passé, on ne pouvait pas savoir si elle se représenterait de sitôt. Précédemment, quelques tentatives de réunion avaient d'ailleurs échoué... mais pas celle-ci, la somme d'argent proposée étant enfin à la hauteur des attentes (ce n'est pas moi qui l'affirme mais Don lui-même dans les interviews données il y a deux ans, on pourra toujours apprécier l'honnêteté des propos). Annoncée comme temporaire dès le début, cette reformation fut donc immortalisée lors de leur passage au pays du soleil levant. On retrouve d'ailleurs sur la jaquette une bonne partie de l'illustration du fameux Beast From The East sorti en 1988 ainsi qu'un titre (Return To The East) renforcant le lien entre les deux disques... procédé simple évoquant avec efficacité l'âge d'or du groupe. Cette fois-ci, l'enregistrement n'est pas qu'audio puisqu'un DVD accompagne le CD (le show est également disponible en blu-ray mais vendu tout seul, lui... mauvaise habitude du label Frontiers Records). Comme (presque) toujours, nous n'avons reçu que les mp3 et pas de vidéo mais un premier extrait disponible sur le net nous permet de remarquer que la qualité (image et son) a l'air d'être au rendez-vous. Qu'en est-il de la prestation de ces quatre vétérans ? On va voir ça tout de suite.
Tout d'abord, notons que le CD démarre par un inédit studio intitulé It's Just Another Day. Pas du Dokken capable de rivaliser avec les meilleurs hymnes du groupe mais un morceau hard rock somme toute honnête. La compo n'est pas renversante mais le groove qui se dégage et le jeu des musiciens rendent l'ensemble agréable. Le chant de Don, bien que manquant de puissance, n'est pas mal non plus, Lynch s'éclate bien à la guitare (son jeu est bien dynamique et le solo vaut le détour), la production est bonne, la section rythmique tenue par Pilson et Brown n'est pas en reste... ça démarre plutôt correctement.
Mais ensuite arrive la partie live et là, ça se gâte un peu. On ne va pas tourner autour du pot ni se mentir, on s'y attendait : le plus gros problème de ce concert vient de Don Dokken lui-même. Oui, les autres musiciens sont toujours bons, Lynch balance d'excellents solos, la basse de Jeff Pilson, la frappe de Mick Brown ou les choeurs fournis par le groupe ne déçoivent pas. On ne remettra pas non plus en cause la qualité des compos choisies, ce sont des classiques : Kiss Of Death, Into The Fire, In My Dreams, Tooth And Nails, Dream Warriors, la ballade Alone Again... Rien à redire, ces titres sont bien les classiques que l'on est en droit d'attendre lors d'une telle réunion. Mais pour ce qui est du chanteur, c'est une autre histoire. Don n'y arrive plus. Cela fait des années qu'on sait que le vocaliste n'a plus la forme, il a été malade, a subi une opération des cordes vocales... Des progrès auraient été constatés depuis et il se dit que ses prestations seraient moins décevantes mais malgré tout, sa performance reste assez médiocre. Et en plus, pour avoir vu des vidéos de fans filmées à Osaka lors des fameux concerts de reformation, je peux vous dire qu'il y a eu de sacrées retouches. On sait que beaucoup de live sont arrangés en post-production pour gommer les éventuels défauts et s'approcher d'un résultat le plus parfait possible, c'est assurément le cas ici tant Don Dokken sonne moins à la rue que sur les vidéos auxquelles je viens de faire allusion. Mais cet artifice ne fait pas de miracle non plus et le vocaliste conserve malheureusement la puissance d'un asthmatique à peine remis de sa dernière crise. Autant je peux envisager que, sur place, dans le feu de l'action (et de l'émotion), pris dans l'ambiance, l'on puisse se montrer indulgent et passer un bon moment, autant là, chez soi avec ce disque comme unique compagnon, le plaisir me semble plus difficile à garantir. Pour information, le CD s'achève sur les versions studio et acoustiques de Heaven Sent et Will The Sun Rise. Un petit bonus pas désagréable pour qui apprécie ce genre d'exercice.
Pour les raisons évoquées ci-dessus, ce Return To The East est donc loin d'être une sortie indispensable. Les die-hard fans ultra-nostalgiques (et aux oreilles un peu encombrées) que cette réunion émeut véritablement (plus que l'auditeur lambda en tout cas) sauront sans doute l'apprécier. Pour les autres : si vous souhaitez entendre des classiques de Dokken en concert, le Beast From The East sorti il y a trente ans (et à la tracklist identique, à un ou deux changements près) fera amplement l'affaire. Bien sûr que ce live s'écoute, il ne s'agit pas d'une atrocité, les morceaux sont ce qu'ils sont et la production n'est pas mauvaise... mais cet enregistrement ne fait que rappeler à quel point Don Dokken a vieilli et ne peut plus chanter correctement (overdubs mis à part et malgré un accordage des instruments plus bas qu'à l'époque) les très bonnes chansons écrites dans les années 80. Si vous cherchez autre chose qu'une pale imitation de ce que Dokken fut jadis, passez votre chemin.
Tracklist de Return To The East Live (2016) :
CD :
01. It's Just Another Day (new studio track) 02. Kiss Of Death 03. The Hunter 04. Unchain The Night 05. When Heaven Comes Down 06. Breakin' The Chains 07. Into The Fire 08. Dream Warriors 09. Tooth And Nails 10. Alone Again (intro) 11. Alone Again 12. It's Not Love 13. In My Dreams 14. Heaven Sent (acoustic studio bonus track) 15. Will The Sun Rise (acoustic studio bonus track)
DVD :
01. Tooth And Nail 02. Unchain The Night 03. When Heaven Comes Down 04. Breakin’ The Chains 05. Into The Fire 06. Alone Again 07. It’s Not Love 08. Paris Is Burning 09. Kiss Of Death 10. The Hunter 11. Dream Warriors 12. In My Dreams 13. Behind the Scenes
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