Il faut croire que les prodiges aiment jouer avec les couleurs. Picasso avait eu ses périodes bleues et roses. Alexi Laiho a lui aussi joué des couleurs sur les pochettes d’album des disques de Children Of Bodom. Après le « Rouge » de Something Wild et avant le « Bleu » de Follow The Reaper, il y a le « Vert » de Hatebreeder (il y aura encore plus tard le « Jaune » de I Worship Chaos) avec toujours ce reaper représenté. Très bonne approche au niveau des artworks en créant un réel fil conducteur entre les différents opus du groupe. Cet aspect a aussi selon moi joué sur l’excellente image du groupe sur ses premiers opus, tous devenus référentiels.
Ce Hatebreeder est donc le second album du groupe et les musiciens n’ont même pas vingt ans à ce moment-là. Cela ne donne à mon sens qu’encore plus de crédibilité aux cinq musiciens. Alexi Laiho (chant, guitare solo), Alexander Kuoppala (guitare rythmique qui quittera le groupe après son âge d’or en 2003), Henkka Seppälä à la basse (et backing vocals), Janne Wirman aux claviers et Jaska Raatikainen à la batterie (et co-fondateur du groupe avec son pote Alexi Laiho) : voilà le line-up « responsable » de ce Hatebreeder et qui mérite d’être intégralement cité vu le travail fourni et surtout l’impeccable rendu. On y retrouve ici de sacrés bons hits (Silent Night, Bodom Night, Hatebreeder), encore et toujours de très belles mélodies, passages instrumentaux de haute volée où claviers et guitares s’en donnent à cœur joie. Les remarques de fond sont un peu les mêmes que sur Something Wild puis Follow The Reaper : un excès de notes qui rend la formule COB parfois indigeste (sur cet excès de notes, je ne peux m’empêcher de repenser avec le sourire à cette scène du chef-d’œuvre Amadeus où l’Empereur autrichien reproche à Mozart un excès de notes dans son opéra suscitant l’incompréhension de son génial auteur). Ça fourmille d’idées, de plans divers et variés mais c’est vrai qu’à l’écoute d’un disque, c’est parfois too much. Mais pour autant, que de bons passages, que de belles mélodies et ce chant, agressif à souhait, est un régal.
Children Of Bodom, dont le nom provient d’une macabre affaire de meurtres sur les rives du lac Bodom (pour plus de précisions, cela vous est très bien expliqué par Orion dans sa chronique du Something Wild), reste un groupe référentiel. Il n’y a qu’à voir les éloges et les hommages rendus à son génial leader dans les jours suivant l’annonce de son décès. Artistiquement, l’intégration d’influences néo-classiques dans le Metal reste encore actuelle (se réécouter le dernier et génial album de Mors Principium Est) et l’héritage de Children Of Bodom immense et ces premiers disques font tout simplement partie des classiques de la scène Metal. RIP Alexi. Et merci.
Tracklist de Hatebreeder :
01. Warheart 02. Silent Night, Bodom Night 03. Hatebreeder 04. Bed Of Razors 05. Towards Dead End 06. Black Widow 07. Wrath Within 08. Children Of Bodom 09. Downfall 10. No Commands
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