Mon compère Jean-Mich’Hell l’a rappelé à juste titre dans sa dernièrechronissimo du dernier Of Mice & Men, le Metalcore tourne désespérément en rond et le style frise la caricature. Le problème c’est que cela commence à faire un moment que ce constat est implacable sur cette scène. Et ça devient de plus en plus difficile à appréhender. Oui, ce style arrivé sur les cendres toutes chaudes d’une scène néo-metal qui n’avait pas su éviter les mêmes poncifs et s’était repliée sur elle-même après un amoncellement de groupes absolument délirants portés par des maisons de disques opportunistes. Le problème du metalcore est que ce style a connu à mon sens le même développement ultra-rapide, le même apport de jeunes groupes hyper talentueux (soyons justes, il y a eu de très bonnes choses) mais quinze ans après, certains groupes n’ont pas su évoluer et ça pose tout de même question. Continuons donc de soutenir ces formations qui ont su transcender ce style magistralement (Parkway Drive, Trivium) et encourageons celles qui essaient d’évoluer même si cela demeure parfois pas complètement satisfaisant (ledernier Architectset ses sonorités modernes, While She Sleeps). Et pour nuancer un peu l’âpreté du constat, rappelons que ledernierAs I Lay Dying est une totale réussite quoique complètement dans la continuité du style initial. Les derniers des Mohicans Metalcoreux ? Pour corser encore un peu la réflexion, il fallait que le chanteur soit un personnage clivant …
Que le lecteur me pardonne cette digression sur l’état de la scène Metalcore, qui en plus n’a rien de bien nouveau, mais c’est vraiment la première remarque que l’on se fait à l’écoute d’une nouvelle sortie de ce style. Et pour Caliban, nous en sommes ici au douzième album et je pourrais citer la conclusion de la chronissimo de Jean-Mich’Hell mentionnée en ouverture de cette missive. « Donc tu es sensible au Metalcore, (ça) le fait plutôt bien, une belle production et des titres qui fonctionnent bien. Mais en termes d’originalité c’est tout simplement le désert. A réserver aux amateurs ». Alors pour être juste, je dirai que Caliban me semble meilleur que bon nombre de formations du style, fait preuve d’une efficacité, d’une puissance et d’une qualité supérieures, avec des breaks bien costauds (Feuer Zieh’ Mit Mir) et le résultat est sincèrement solide. L’intervention du chanteur de Nasty, très hip-hop, est en outre très réussie. Et Caliban a décidé de revenir à un chant en allemand ce qui ravira sans doute leurs fans outre-Rhin mais ne présentera que peu d’intérêt pour nous autres Gaulois (à noter que le groupe s’est donné ce challenge de revenir à sa langue natale après s’être frotté avec plaisir à une reprise de Rammstein).
Comme d’autres, je reproche ce manque d’originalité et ce côté « attendu » du résultat. Et c’est malheureux car vraiment, Caliban est un bon groupe qui fait très bien le job. Oui mais voilà, cette scène est collectivement dans une forme de nasse créative et trop de formations se contentent d’assurer une forme de service minimum. Donc j’y reviens, encore chapeau bas à des Parkway Drive et autres Trivium pour le courage et le dépassement du style.
Tracklist de Zeitgeister :
01. Zeitgeister 02. Trauma (Feat. Matthi de Nasty) 03. Herz 04. Ausbruch Nach Innen 05. Feuer Zieh’ Mit Mir 06. Nichts Is Für Immer 07. Intoleranz 08. Mein Inferno 09. NiCHts