Artiste/Groupe:

Architects

CD:

For Those That Wish To Exist

Date de sortie:

Février 2021

Label:

Epitaph

Style:

Metalcore Moderne

Chroniqueur:

ced12

Note:

14.5/20

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Délicate ironie, j’ai presque l’impression de me retrouver chroniqueur cinéma avec ce nouvel album d’Architects. Etrange en effet en cette période où les cinémas sont fermés depuis un bail mais il y a quelque chose de l’ordre du blockbuster comme les Américains aiment tant en faire (et ne semblent même parfois savoir plus faire que cela, du moins les grands studios historiques) dans la sortie de ce nouvel album. Il ne m’échappe pas qu’Architects est un groupe anglais, pas de méprise sur ce point, mais il a vraiment pris de l’ampleur dans la scène Metalcore d’une part et même Metal au sens large. Il n’y a qu’à voir les créneaux dont il bénéficie en Festival. Autre point, le groupe a déjà proposé quatre singles en amont de cette sortie ce qui, à ma connaissance, est assez rare (avec le premier paru fin octobre 2020 soit cinq mois avant la sortie). Le groupe a aussi le très bon goût d’être signé chez Epitaph, label mythique pour quiconque a été ado dans les années 90. En plus, Architects reste sur deux disques de très bonne facture, l’explosif (et franchement un must en matière de Metalcore) All Gods Have Abandonned Us et le déjà plus accessible Holy Hell où les Anglais allaient déjà vers des sonorités plus électro, plus modernes.

Aussi, ce For Those That Wish To Exist est assez attendu et Architects se paie au passage une sacrée brochette d’invités, accentuant à mon sens le côté événementiel. Winston McCall, chanteur phénoménal des fantastiques Parkway Drive, vient pousser la chansonnette avec ses potes (les deux groupes ont souvent tourné ensemble pour des concerts fracassants - grand souvenir personnel à la Cigale) même si hurler serait plus précis ici. Autres invités, Simon Neil de Biffy Clyro et Mike Kerr de Royal Blood et là, on arrive au sujet qui fâche. Oui Architects, comme d’autres groupes Metalcore, a sérieusement réduit la voilure en termes d’intensité sonore pour devenir carrément accessible (je n’ai rien contre ces deux derniers groupes cités mais nous ne sommes plus dans l’univers Metal). Stratégie - probablement sincère artistiquement – payante côté audiences (j’en reviens au succès croissant du groupe évoqué plus haut) mais contestée chez les fans de la première heure. On retrouve d’ailleurs cette même problématique chez pas mal de formations et le devenir de cette scène qui s’est bien trop auto-parodiée à ses débuts laisse vraiment perplexe. Entre expériences électro (Bring Me The Horizon), musiques bien plus (trop ?) catchy chez d’autres (August Burns Red, Avenged Sevenfold et j’en passe), l’agressivité des débuts a vraiment décliné et personnellement, je me demande parfois comment les fans de la première heure de ces groupes arrivent à s’y retrouver complètement.

Laissons ces considérations plus générales et intéressons-nous à ce dernier effort - ma foi roboratif - d’Architects. Copieux car quinze titres, pour une petite heure de musique, ça ne se fait plus trop et Architects continue dans son évolution avec certes quelques titres Metalcore énervé avec de bons breaks (Black Lungs, Impermanence) mais la formule évolue avec des morceaux ultra accessibles (Meteor au clip sublime) et autres influences électro (Dead Butterflies) toujours plus marquées. Sur certains titres (Animals et son riff qui est un peu un Sad But True à la sauce Metalcore, Black Lungs), on croirait entendre l’éternel Chester ce qui fait une drôle d’impression. On le voit, Architects ratisse large. Approche consensuelle mais aussi risquée car elle risque de mécontenter beaucoup de gens. Mais Architects s’en sort franchement bien car la qualité est là sur certains titres et ça permet à l’ensemble de bien se tenir malgré un excès de sonorités bien trop modernes pour l’auteur de ces lignes. La qualité de la production aussi participe de cette réussite et les invités offrent ce petit plus qui fait plaisir. Les thèmes abordés sur ambiance de fin du monde sont bien adaptés à notre époque.

On le voit, cette superproduction renvoie aux limites inhérentes à ce genre de sorties. C’est incroyablement bien foutu, puissant, tout est en place mais ce côté « propret », consensuel, exaspérera celles et ceux qui veulent du plus authentique. Nous ne sommes plus devant le Architects ultra intense des débuts. Le groupe, qui pleure encore Tom Searle, guitariste historique du combo décédé en 2016, continue d’évoluer. Voir si les fans suivront. Il en reste un bon disque où il y a largement de quoi se faire plaisir. Nouvelle star, Architects assure le job et le fait bien. Il ne faudra cependant pas aller encore plus loin dans l’accessibilité sous peine de laisser encore plus de monde sur le bas-côté.


Tracklist de For Those That Wish To Exist :

01. Do You Dream Of Armageddon ?
02. Black Lungs
03. Giving Blood
04. Discourse Is Dead
05. Dead Butterflies
06. An Ordinary Extinction
07. Impermanence (Feat. Winston McCall)
08. Flight Without Fears
09. Little Wonder (Feat. Mike Kerr)
10. Animals
11. Libertine
12. Goliath (Feat. Simon Neil)
13. Demi God
14. Meteor
15. Dying Is Absolutely Safe

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