Brainstorm, c’est du power germanique traditionnel et Wall Of Skulls n’est autre que la treizième livraison studio de ces messieurs. Voilà, on vient à peine de démarrer et l’essentiel est (presque) déjà dit. Bah oui, soyons honnêtes, on se doute bien que les surprises ne vont pas pleuvoir... ce n’est pas tout à fait le genre de la maison. Est-ce une raison pour décliner l’invitation ? Cela va dépendre de votre affection pour ce style musical et ce groupe en particulier. Car si Wall Of Skulls n’est pas à proprement parler un opus bouleversant, il est loin d’être indigne. Les détails dans quelques instants.
Un petit mot sur l’équipe tout d’abord. Le line-up est inchangé (depuis 2007) et la production est assurée, pour la deuxième fois consécutive, par Seeb Levermann (Orden Ogan), ce qui est plutôt une bonne nouvelle car sa venue sur Midnight Ghost (2018) avait permis au groupe d’opérer un tout petit changement au niveau du son (et des mélodies, plus accrocheuses qu’auparavant), permettant à l’album de légèrement se démarquer de ses prédécesseurs. Cette évolution (timide mais réelle) est donc préservée ici avec peut-être encore un peu plus d’efficacité. Les compos tournent toutes autour de quatre minutes (il n’y a guère que Cold Embrace, la bonus de l’édition limitée, qui atteint et dépasse de quelques secondes les cinq minutes). Pas de place pour les fioritures, ce sont bien dix pistes (onze si l’on compte la chanson bonus) s’enchaînant sans temps mort et privilégiant l’énergie (point de mollesse ni de ballade inutile à déplorer) et les grosses mélodies écrites pour être chantées à gorge déployée en concert qui vous sont proposées après l’intro Chamber Thirteen, un peu lugubre et mystique, avec chants grégoriens à l’appui.
Au rayon des nouveautés, pas grand-chose mais pas tout à fait rien non plus. Le petit truc que Brainstorm n’avait jamais fait auparavant : des invités pour chanter en compagnie d’Andy Franck. On trouve donc Peavy Wagner de Rage sur un morceau heavy/speed robuste (Escape The Silence) et Seeb Levermann sur Turn Off The Light, du power rentre-dedans au riff tranchant et classique, assez proche de ce que l’on peut trouver chez Primal Fear. Il y a aussi quelques petits passages très mélodiques avec des sonorités au clavier que l’on n’a pas trop l’habitude d’entendre chez Brainstorm il me semble (comme sur l’intro de End Of My Innocence ou sur Holding On) et c’est à peu près tout. Vous aurez donc du power très classique mais bien fait, dans le respect de la tradition, avec un chanteur performant (Franck, c’est quand même pas Joe le clampin), des twin guitars qui dialoguent habilement, de la section rythmique ultra carrée et, surtout, des compos efficaces qui vont droit au but. Juste après l’intro, c’est Where Ravens Fly qui ouvre le bal : du bon speed allemand Helloweenien. Le refrain se la joue majestueux avec une ligne conquérante, pour ne pas dire épique. Par la suite, on aura (le plus souvent) une alternance respectant le schéma suivant : titre mid-tempo / compo véloce. Solitude offrira quelque chose de théâtral (rien que l’intro avec son refrain sur fond d’orgue) et entêtant alors qu’Escape The Silence et Turn Off The Light joueront la carte du pied au plancher... pour laisser place à une Glory Disappears calmant le jeu mais offrant l’un des refrains les plus mélodiques et catchy de la galette, ce qui en fait, par la même occasion, l’un des singles les plus mémorables du groupe depuis All Those Words (album Liquid Monster, 2005). Dans le genre "hit potentiel", End Of My Innocence, au cachet plus hard rock de la fin des 80s, n’est pas mal non plus (et me fait penser à du vieux Queensrÿche). Mais si vous cherchez du contenu plus bastonnant et typique de Brainstorm, vous trouverez votre bonheur avec My Dystopia ou Stigmatized aux rythmiques rapides servies sur leur lit de double grosse caisse.
Malgré l’efficacité des compos, l’effort de concision, le savoir-faire déployé, les mélodies accrocheuses, l’alternance up-tempo / mid-tempo scrupuleusement respectée qui donne un disque bien rythmé, comme souvent avec Brainstorm, je ressens une petite lassitude vers la fin de l’album et décroche légèrement sur les deux ou trois dernières pistes (quand j’écoute le disque d’une traite) mais l’ensemble demeure tout à fait honorable, c’est du bon travail... solide.
Ceux qui n’ont jamais particulièrement accroché ou ont fini par se lasser des aventures de cette formation (qui fait et fera sans doute toujours partie de la seconde division du metal mélodique allemand) ne verront pas leur été (ou leur rentrée plutôt) bouleversée par l’arrivée de Wall Of Skulls. En revanche, les fans (ou amateurs - comme votre serviteur - qui savent apprécier une bonne dose de Brainstorm de temps à autre) pourront se réjouir car, à l’instar de Midnight Ghost, ce nouvel opus se classe parmi les réussites de ses créateurs. L’ensemble n’est sans doute pas assez fou ou scotchant pour faire exploser le groupe mais reste tout à fait recommandable pour qui aime le bon power mélodique allemand.
Tracklist de Wall Of Skulls :
01. Chamber Thirteen 02. Where Ravens Fly 03. Solitude 04. Escape The Silence (feat. Peavy Wagner) 05. Turn Off The Lights (feat. Seeb Levermann) 06. Glory Disappears 07. My Dystopia 08. End Of My Innocence 09. Stigmatized (Shadows Fall) 10. Holding On 11. I The Deceiver 12. Cold Embrace (limited edition bonus track)