C’est la fin de l’année, c’est aussi les vacances (pour moi, en tout cas)... et je dispose donc d’un peu de temps entre les diverses festivités de saison pour écouter quelques sorties passées sous mes radars et me rattraper avant de faire le bilan de l’année 2024. J’ai une liste avec quelques albums que j’ai envie de découvrir depuis plus ou moins longtemps (le récent Opeth notamment, le dernier Crypt Sermon aussi...), parmi eux : Absolute Elsewhere de Blood Incantation. Cela fait un petit moment que j’entends parler de ce groupe de death progressif américain sans vraiment m’attarder sur son cas. Il y a trois mois, je tombe sur la vidéo de The Stargate (la première des deux compos à tiroirs, divisée en trois pistes, qui constituent ce nouvel album), je suis impressionné (je découvre le groupe à cette occasion, je l’avoue). Je me dis que je vais y revenir... mais pris par d’autres obligations, je reporte. Jusqu’à maintenant.
Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins, d’autant plus que vous vous en êtes sans doute rendus compte plus tôt que moi (vu que l’album est sorti en octobre), Absolute Elsewhere est une claque. Ceux qui avaient peur que Blood Incantation réitèrent un album intégralement ambient, totalement dénué de death metal, comme ce fut le cas en 2022 (avec Timewave Zero, que j’ai pu écouter ces jours-ci) peuvent se rassurer. De death, il est bien question avec ce cru 2024. Technique, progressif, cosmique... parsemé de plages instrumentales planantes évidemment, avec des passages réellement surprenants, très rock progressif ou musique électronique parfois (on note la présence Thorsten Quaeschning de Tangerine Dream sur la deuxième partie de The Stargate)... mais il y a du riff à foison, du blast, des vocalises gutturales, bref les ingrédients que le fan de metal un tant soit peu velu souhaite retrouver.
L’épopée démarre donc avec la première partie de The Stargate... intro totalement death prog, radicalisation du propos au bout d’une trentaine de secondes, riffing classe, ambiance dramatique, chant guttural avec réverbération pour le côté spatial... et, à deux minutes, une première accalmie éthérée : on est en plein rock progressif des 70s, on trouve même un passage de batterie aux sonorités reggae... Voilà. Et ce n’est que le début de l’aventure. Accrochez vos ceintures ! Trois minutes plus tard, toujours dans la même piste, le death reprend ses droits avec des riffs torturés qui me rappellent l’œuvre de Chuck Schuldiner (Death). Le deuxième mouvement de The Stargate est entièrement instrumental et se veut planant, le metal se met temporairement en retrait (mais revient sur la dernière minute) avant une troisième partie où le blast s’invite à la fête pour un final dantesque (un petit passage oriental avec percussions à l’appui est à noter à mi-parcours). Tout cela sonne bordélique sur le papier mais je vous assure que les transitions sont bien amenées, le niveau d’écriture général est impressionnant, l’ensemble parait étonnamment fluide... avec, en plus, une production très réussie qui ne gâche rien.
Deuxième partie de l’album : The Message. La compo est elle aussi divisée en trois parties et s’étend sur quasiment vingt-trois minutes (l’album n’excède pas les quarante-quatre minutes, c’est très bien ainsi, on évite l’overdose). Là aussi, on est face à une grande réussite. Psychédélisme, death avec parties techniques, presque chaotiques par endroits, riffs dissonants, plages sidérales plus mélodiques qui évoquent Pink Floyd (dans la deuxième partie, avec le chant clair), final épique avec une troisième partie démarrant sur une rythmique thrash/death qui déboite assez jouissive... Il se passe toujours quelque chose, les parties agressives et les aspects plus progressifs et mélodiques s’enchainent et complètent à merveille, c’est extrêmement bien fichu... difficile de s’ennuyer.
Absolute Elsewhere, c’est un sacré trip. Mouvementé. Une invitation qui ne se refuse pas et l’un des grands disques de l’année (voire plus), c’est une évidence. Personnellement, cet album m’a fait beaucoup de bien, il m’a fait voyager en plus de me sortir de ma zone de confort. Bonne nouvelle : Blood Incantation viendra nous présenter son album sur scène les 6 et 7 mai prochain, à Lille et Paris. Le concert parisien est déjà complet mais il reste des places pour le show lillois.
Tracklist de Absolute Elsewhere :
01. The Stargate [Tablet I] 02. The Stargate [Tablet II] 03. The Stargate [Tablet III] 04. The Message [Tablet I] 05. The Message [Tablet II] 06. The Message [Tablet III]