Il y a des retours qui font sacrément plaisir... Celui d’Arcania est de ceux-là ! Ce groupe français de thrash moderne progressif (avec quelques touches extrêmes) n’avait pas sorti d’album depuis... Dreams Are Dead, il y a dix ans ! Malgré ce laps de temps important, Lost Generation présente un line-up inchangé (Cyril Peglion à la guitare et au chant, Guillaume Rossard à la basse, Niko Beleg à la guitare et Olivier Chéné à la batterie). Il a été enregistré et mixé à la maison (Angers), au Dome Studio, par David Potvin (si ce nom vous dit quelque chose, c’est que vous avez peut-être connu le groupe Lyzanxia qu’il avait fondé avec son frère). Au menu, dix pistes, de la puissance, de la technique mais également beaucoup de mélodie !
C’est la chanson titre qui ouvre les hostilités et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça débute sacrément bien. L’intro d’une trentaine de secondes fait office de calme avant la tempête... le son est massif, les guitares tranchantes, le groupe nous en met plein les oreilles d’entrée de jeu en mélangeant rythmiques décapantes (les blasts sont de la partie), chant hargneux, solos virtuoses et superbement développés sur une minute entière... un parfait condensé du savoir-faire du groupe mélangeant les influences thrash old-school et plus modernes, l’agressivité, la technicité et la mélodie, sans oublier un petit côté épique qui fait son effet pour enrober le tout. Hope Won’t Last, en deuxième position, se veut plus lourde. La rythmique est pachydermique, le riff marquant et le refrain reste en tête. Sa ligne mélodique sera d’ailleurs reprise un peu plus tard sur What Will Remain (s’agirait-il d’un concept album ? Le fait que la dernière piste, Now The Sun Won’t Shine, reprenne le thème de la chanson d’ouverture aurait tendance à conforter cette hypothèse), premier single découvert il y a quelques mois, de loin, le titre le plus calme / mélancolique de la galette, qui joue la carte mélodique à fond avec des harmonies vocales efficaces et même une chorale d’enfants. La mise en son est vraiment moderne et impeccable (Arcania n’a jamais sonné aussi énorme), tous les instruments brillent, notamment la basse qui ressort de très belle manière dans ce mix harmonieux. Mais entre ces deux compos moins véloces ou hargneuses, il y a la troisième piste Turned To Hate qui ne retient pas ses coups (avec un tel titre, on le voyait venir) et remet le gros thrash au centre du débat ! Ecoutez-moi cette rythmique qui déboite à partir de quarante secondes... ouch, ça réveille ! Quelques vocaux death sont également de la partie... ce qui fait de cette piste l’une des plus "velues" de l’album.
En fait, sur cette première moitié d’album, Arcania envoie un morceau enlevé / thrash / plus agressif une piste sur deux. Ce qui fait qu’après le plus doux What Will Remain, Pack Of Lies vient nous remettre une petite claque concise et implacable (ce démarrage furieux, quasi thrash/death avec riff redoutable et basse qui claque... revigorant !). Même si les influences du passé n’ont pas totalement disparu, j’ai bien l’impression que toutes ces compos affirment davantage l’identité du groupe (ça sonne moins Metallica/Testament que par le passé). Il y a des petites touches de groove aussi, et des éléments qui peuvent parfois faire penser à du Machine Head ou à du Gojira (dans les voix et les mélodies) sans que cela ne donne dans le plagiat éhonté. Sur la deuxième moitié de l’album, Arcania freine quelque peu sa cadence et propose plus de compos à l’allure mid. Les titres véloces ne sont plus trop au rendez-vous, ce qui ne veut pas dire que la musique n’est pas dynamique ou changeante (et puis, il y a bien des petites accélérations ici ou là). J’adore l’intro de Social Suicide avec cette basse énorme qui me régale... Les mélodies restent soignées (les refrains de Social Suicide et Harder You Fall sont là pour en témoigner) pendant que les riffs continuent de trancher et que la voix de Peglion conserve sa hargne. Le groupe explore sa veine mélodique sur A Matter Of Time, dont le feeling sur le couplet m’évoque les vieilles ballades de Metallica (celles des 80s)... Son final est par ailleurs assez fédérateur (mélodie qui accroche, un effet "chorale"... on imagine que cela rendra super bien sur scène). Et, alors que je me dis qu’il serait peut-être temps que l’opus redécolle avec une compo plus énergique (cette seconde moitié d’album étant un poil trop homogène à mon goût), arrive justement Now The Sun Won’t Shine à l’intro bien dramatique (chœurs d’église sur une ambiance sombre et pesante)... et c’est parti pour neuf minutes de montagnes russes, avec de la rapidité, des riffs tortueux, des solos classes, des ralentissements aussi avec un final lourd et épique soutenu par la chorale déjà entendue au début du titre. La conclusion est aussi classe que magistrale... On est rassasié !
Arcania est bel et bien de retour et on peut affirmer qu’il n’a pas fait les choses à moitié. La qualité de l’écriture et l’exécution toujours aussi remarquable des musiciens magnifiée par le meilleur son que le groupe ait jamais eu, un sens de la noirceur ou du dramatique bien exploité, un bel équilibre tradition/modernité et une collection de mélodies entêtantes font de ce puissant Lost Generation un album qui marquera l’année 2024. J’ai hâte de voir ce que cela donnera sur scène !
Tracklist de Lost Generation :
01. Lost Generation 02. Hope Won’t Last 03. Turned To Hate 04. What Will Remain 05. Pack Of Lies 06. The Void 07. Social Suicide 08. Harder Your Fall 09. A Matter Of Time 10. Now The Sun Won’t Shine