Artiste/Groupe:

Annihilator

CD:

Suicide Society

Date de sortie:

Septembre 2015

Label:

UDR

Style:

Heavy Thrash Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

13/20

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Quoi de neuf chez Annihilator ? Le vocaliste et guitariste Dave Padden (qui a quand même collaboré avec Jeff Waters pendant une petite douzaine d'années sur cinq albums consécutifs, un record !) s'en est allé, Waters a repris le chant (comme il l'avait fait sur King Of The Kill, Refresh The Demon et Remains, entre 1994 et 1997)... et la machine Annihilator reprend sa route, tranquillement, comme si de rien n'était. Annihilator, c'est Jeff Waters et personne d'autre, de toute façon. Pour rappel, le monsieur écrit, joue de la guitare, de la basse, produit, mixe, masterise etc. Pas de quoi s'inquiéter donc... même si cela n'est finalement pas sans conséquence. On en reparle dans quelques instants.
Suicide Society présente donc un quatuor et non un quintet. Il est aussi le quinzième album de son géniteur, rien que ça ! Et que nous propose ce cru 2015 ? A première vue, un artwork soigné et une tracklist concise avec trois-quarts d'heure de zic répartis sur neuf titres. Qu'en est-il du style et de la qualité des nouvelles chansons ? Aurons-nous le droit à quelques surprises ? Le suspense est insoutenable...

Vous connaissez peut-être déjà la chanson titre qui ouvre l'album car sa vidéo a été mise en ligne au beau milieu de l'été. Suicide Society a déjà fait parler d'elle... mais pas qu'en bien. Pourquoi ? Probablement parce qu'il ne s'agit pas d'une petite tempête thrash mais plus d'une compo heavy mélodique, mid-tempo qui rappelle un peu le Annihilator de l'époque Set The World On Fire / King Of The Kill. Pour ma part, je trouve la mélodie sympa, j'aime bien le chant de Waters même s'il n'est pas un grand vocaliste (sa voix est agréable et il se débrouille bien... il a même pris des cours pour cet album), il y a quelques petits plans techniques qui rappellent qu'on n'a pas affaire à des rigolos, une minute de break plus méchant à mi-parcours... Ce n'est pas une tuerie, mais la chanson s'écoute bien. 

Ce penchant pour le heavy mélodique se retrouve un peu plus tard avec la troisième piste intitulée Snap. Intro a cappella (comme sur Suicide Society, mais plus longue cette fois-ci), un tempo toujours mid, beaucoup de mélodie... ce n'est pas désagréable mais ça manque quand même un peu de mordant, à mon goût. Mais entre ces deux pistes, Jeff rassure ceux qui penseraient qu'il a tourné le dos au bon vieux thrash technique et véloce. La compo s'appelle My Revenge et, comme son titre le suggère, balance plus d'agressivité. C'est plus speed et méchant... mais ça rappelle un peu trop le Metallica des vieux jours (franchement, le couplet, c'est Damage Inc., non ?) et le chant manque légèrement de puissance. C'est précisément là, sur ce type de compo, qu'on mesure davantage les conséquences du départ de Dave Padden.

Après un démarrage qui compte de bons moments mais peine à me convaincre totalement, on passe aux choses (plus) sérieuses avec deux titres toujours assez classiques pour du Annihilator mais qui ont le mérite de faire dans l'efficacité. En effet, avec Creepin' Again et Narcotic Avenue on revient à des compos plus rapides et incisives. Les sujets abordés sont familiers. Avec Creepin' Again, il y a de la maladie mentale dans l'air, ce qui nous renvoie directement à un thème bien développé dans de vieux albums. Narcotic Avenue et The One You Serve parlent d'addiction à des substances illicites (ou à l'alcool, problème que Jeff Waters a bien connu). Logiquement, ces compos ne sont donc pas les plus légères ou enjouées de l'album... et tant mieux, car c'est ainsi que je préfère mon Annihilator. Un retour à quelque chose de plus mélodique s'opèrera tout de même au moment de conclure ce quinzième disque avec Every Minute qui délivre un message positif : profitez de la vie, chaque minute compte. Sympa... mais pas le final le plus marquant ou le plus ébouriffant de la discographie du Canadien schizo, c'est sûr. Heureusement que, juste avant cela, Break, Enter et Death Scent (remarquez l'excellent break posé de cette dernière, avec cette atmosphère à la fois belle et inquiétante... avant qu'une accélération aussi furieuse que fatale ne vienne prendre le relais) ont livré leur dose de heavy/thrash plus costaud. Tout cela est pas mal... mais ça manque quand même de vrais grands morceaux.

En fait, Suicide Society est plutôt un bon album dans l'absolu. Malgré un penchant mélodique parfois plus affirmé, les ingrédients habituels d'une galette d'Annihilator sont là. Un de ses défauts est d'arriver après un Feast qui me semblait d'une qualité légèrement supérieure ou qui, en tout cas, me convenait plus. Un autre élément qui ne joue pas forcément en sa faveur est qu'il s'agit du quinzième album d'un homme qui a toujours (quasiment) tout fait seul... du coup, il y a (très) peu de renouvellement et il n'est pas facile d'être surpris par les plans du père Waters, déjà entendus de nombreuses fois. Pas le meilleur ni le pire Annihilator, ce Suicide Society s'écoute bien car il est varié et contient de bonnes mélodies, de super riffs / soli et quelques chansons qui sortent du lot... mais il manque un peu de folie et reste assez prévisible. La production est bonne et soignée mais, tout comme le chant de Waters, elle aurait gagné à être moins avare en niaque. On imagine bien que, comme d'habitude, en concert, ça va être excellent. Les meilleurs titres de l'album seront joués et entourés de classiques ainsi que de quelques surprises (les setlists changent souvent ces dernières années). Rendez-vous le 6 octobre prochain à Paris pour en avoir le cœur net ! 

Tracklist de Suicide Society :

01. Suicide Society
02. My Revenge
03. Snap
04. Creepin' Again
05. Narcotic Avenue
06. The One You Serve
07. Break, Enter
08. Death Scent
09. Every Minute