Artiste/Groupe:

Angra

CD:

Fireworks

Date de sortie:

1998

Label:

SteamHammer

Style:

Speed / Power Metal Melodique

Chroniqueur:

ced12

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Etrange album que ce Fireworks. Très contesté par une partie des fans de la première heure, dernier album proposé avant une implosion retentissante, ce Fireworks occupe une bien drôle de place dans l’histoire du groupe. Sorti deux jours après la finale de la coupe du monde 1998, ce disque allait diviser. C’est qu’Angra avait marqué les esprits avec Angels Cry et Holy Land. Originaux, élégants, ces deux disques se positionnaient dans une scène power alors en plein boom. Déjà pourtant, quelques orages s’amoncelaient. Andre Matos avait semble-t-il déjà des velléités solo et un Kiko Loureiro racontait récemment garder le souvenir d’un chanteur moins impliqué. Néanmoins, alors dans une très belle dynamique, Angra se donnait les moyens d’aller encore plus haut. Recours au producteur Chris Tsangarides, signature chez Steamhammer, distribution nord-américaine via Century Media, Angra passait un cap. 

Et cela se ressent à l’écoute de ce Fireworks, clairement plus formaté pour un plus grand succès commercial (qui aura lieu !). Le groupe délaissait alors les sonorités brésiliennes plus typiques pour un heavy power allant plus vers des influences néo-classiques. La production est assez décriée car jugée par certains trop mollassonne mais personnellement, j’avoue l’apprécier le son de ce disque. Je ne suis pas le mieux placé pour émettre un avis sur Angra car pour être transparent, j’ai découvert Angra avec ce Fireworks qui m’avait franchement plu et malgré de nombreuses tentatives, je n’ai jamais adhéré aux deux premiers disques, archi-référentiels pourtant. Ce Fireworks n’est pour autant pas dénué de défauts, loin de là. Si le disque démarre sur des bases élevées, l’inconstance se fait rapidement sentir. Pour tout dire, on trouve certaines pistes qu’on qualifiera poliment de dispensables. Le hic c’est que sur un album de dix titres, en avoir déjà trois a minima très moyennes, ça vous flingue un disque dans une analyse globale. L’album perd même sacrément en impact à mesure qu’il avance pour finir sur un Speed franchement anecdotique jusqu’à son titre où l’on sent qu’ils ne se sont pas foulés. Moi qui avais découvert via le format cassette audio (oui je sais, ça date mais vous verrez ça reviendra à la mode !), la face B tournait alors bien moins que la A. Pour autant, j’apprécie beaucoup le morceau-titre, réussi, et le feeling de Gentle Change me plaît bien. 

Ces quelques réserves, réelles, ne doivent pas occulter le vrai atout de ce disque à savoir ses trois premières pistes, franchement grandioses. L’intro est magnifique, et le triptyque Wings Of Reality Petrified Eyes Lisbon est absolument divin, de la très belle ouvrage. Belles sonorités néo-classiques, arrangements majestueux, lignes de guitares sublimes, c’est de la haute voltige. Ah si le reste de l’album avait été à l’unisson, gageons qu’il y aurait eu moins de réserves le concernant (à la marge du retrait des sonorités exotiques). J’avoue aussi avoir un faible pour un autre titre controversé avec Paradise dont j’apprécie pour ma part la lourdeur des guitares. Je trouve que ce registre plus sombre leur va plutôt bien. Je trouve aussi que, vocalement, le regretté Andre Matos sonne quand même incroyablement bien. 

Il serait commode de tomber dans un vilain anachronisme et de voir dans ce Fireworks un groupe au bord du gouffre sur le plan collectif. Y avait-il déjà de sérieuses divergences artistiques sur la voie à suivre dès ce Fireworks ? Angra proposait alors un registre différent des précédents disques, motif probable de la discorde dans la réception de ce Fireworks. Pour ma part, je ne peux m’empêcher d’imaginer des managers expliquant au groupe qu’après deux disques magistralement reçus, il était temps pour le groupe de devenir bien plus commercial et de transformer ce succès critique en succès commercial (pour mieux visualiser cette idée, voir le génial film Presque Célèbre de Cameron Crowe). Le succès fou de la scène power, dont Angra était certes l’un des plus dignes représentants, a pu également jouer et influencer les musiciens, les guidant vers un registre plus power classique et les éloignant ainsi de l’exotisme des débuts. Je tente des hypothèses concernant cette évolution car honnêtement, sur Metal Icarus ou Speed, Angra ne sort pas du lot. Ce qui est certain, c’est que l’implosion du groupe ensuite sera un perdant – perdant pour tout le monde, Angra entamant un long déclin malgré la bonne volonté d’un Edu Falaschi impliqué et le regretté Andre Matos devenant moins visible. Quand on voit l’immense talent des musiciens, un sentiment de gâchis se fait jour. Car n’en déplaise, ce Fireworks, bien qu’imparfait et souffrant surtout d’inconstance, offre d’excellents moments et mérite une réécoute. Un groupe majeur des 90s. 

Tracklist de Fireworks :

01. Wings Of Reality
02. Petrified Eyes
03. Lisbon
04. Metal Icarus
05. Paradise
06. Mistery Machine
07. Fireworks
08. Extreme Dream
09. Gentle Change
10. Speed

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