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Angra![]()
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C H R O N I Q U EAngra Mainyu est l'antique dieu perse des forces destructrices. Bien vu. Aussi, lorsque déboule dans les bacs ce pharaonique Angels Cry, premier méfait du quintet brésilien (qui vient, aux cotés de Sepultura, dignement représenter ce pays dans la galaxie Metal), personne ne connait l'antique divinité, mais tout le monde en prend plein la gueule. Ayant digéré leurs influences (Maiden, Judas Priest, Helloween et j'en passe), basé sur leur expérience et une culture musicale solide (André Matos a fait des études de musique classique), et fort d'une envie d'en découdre de tous les diables, Angra frappe très fort avec ce que beaucoup (dont moi) qualifient de leur plus belle oeuvre, à jeu égal avec leur second missile Holy Land, très différent sans se renier. Basés sur des mid et up-tempi variés et qui évitent le piège du sempiternel bourrinage de grosse caisse (voir du côté du heavy symphonique habituel), les dix titres (une heure de zique haut de gamme au total) alambiqués ne se limitent pas à remettre le couvert d'un Helloween (par exemple), mais vont bien plus loin et élèvent fortement le débat. Tout d'abord, Matos compose. Et pas seulement du Metal, mais aussi du classique pure souche. C'est ainsi que débute la galette sur l'envoûtante et inquiétante Unfinished Allegro (intro cependant empruntée à Franz Schubert), avant que ne nous soit assénée la locomotive Carry On, en forme de carte de visite. Bonjour, nous sommes là, nous allons tout déchirer ! Rapide et inspiré, ce titre révèle également la voix incroyable d'André Matos, cerveau de la bande, qui se permet des montées insolentes dans les aigus (et calmera tout le monde sur la reprise sensationnelle de Wuthering Heights de Kate Bush, battant la diva sur son propre terrain), sans oublier une puissance inouïe. Derrière, le mix judicieux de l'album permet d'alterner morceaux béton en mid-tempo (Time) et rapidités pondérées (Never Understand, Streets of Tomorrow), la part belle étant toujours faite aux mélodies ultra accrocheuses. De plus, le groupe ne s'arrête pas là et offre un niveau supérieur de complexité inspiré avec la structure des morceau à tiroirs, un peu comme Dream Theater (Stand Away, Lasting Child), démarrant sur de subtiles harmonies pour partir en crescendo dévastateurs ponctués de breaks intelligents qui ne font que relancer la machine et donner un relief fou à l'ensemble. On parle souvent des influences brésiliennes du groupe, immensément éclectique, mais qui ne resurgissent pas véritablement autant sur ce disque que sur son successeur, le flamboyant Holy Land aux relents de jungle amazonienne. Doté d'un son pas encore monstrueux mais déjà très bon, le disque ensorcelle et nécessite de nombreuses écoutes pour livrer tous ses secrets, même si au premier passage on ne peut qu'être conquis d'emblée. Chef d'oeuvre, tout simplement.
Tracklist de Angels Cry : 01. Unfinished Allegro Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum ! |
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