Soilwork + Darkane

Date

09 Mars 2014

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Cela faisait longtemps que Soilwork n'était pas venu nous rendre visite... et cela faisait encore plus longtemps que le groupe ne nous avait pas sorti d'albums aussi réussis que ses deux dernières productions en date : l'excellent The Panic Broadcast et l'ambitieux The Living Infinite. Deux bonnes raisons de répondre présent en ce 9 mars 2014, dans l'intimiste Divan du Monde parisien. Trois même, si l'on ajoute que le groupe de première partie n'est autre que Darkane, combo de death/thrash suédois qui sévit depuis quinze ans et que je n'avais personnellement jamais eu l'occasion de voir sur scène. Deux groupes, et non trois (System Divide ayant récemment annulé sa participation à cette partie de la tournée), très attendus si l'on en juge par l'ambiance dans la salle dès le début de la soirée.

Darkane a donc fait le déplacement pour nous présenter son album sorti l'année dernière, le plutôt très bon The Sinister Supremacy, disque qui célébrait le retour du premier vocaliste du groupe : Lawrence Mackrory. Heureusement que ce dernier opus est réussi car les Suédois ont basé près de la moitié de leur set sur celui-ci. La soirée commence d'ailleurs avec la rapide et puissante The Sinister Supremacy, histoire de poser le cadre d'entrée de jeu. Le public répond positivement, il y a des fans dans la salle et l'accueil est chaleureux, même si ce n'est pas l'émeute dans la fosse.

Le show est carré, les musiciens bougent bien et échangent régulièrement leurs places sur scène, Lawrence Mackrory s'égosille autant qu'il le peut et sollicite l'aide du public de temps en temps, expliquant que sa voix est un peu bousillée ce soir... Alors, on n'a pas pris son sirop ? On est sorti sans son écharpe ? La désinvolture voire l'inconscience des métalleux parfois, je vous jure... Plus sérieusement, le vocaliste demande donc aux fans de l'accompagner sur certains titres, ce qui a d'ailleurs donné lieu à un échange assez amusant. A un moment, Lawrence interpelle quelques fans et leur demande s'ils peuvent chanter, l'un d'entre-eux répond "un petit peu" en faisant le signe de la main approprié (vous savez, celui qui consiste à montrer un petit espace entre votre pouce et votre index), ce qui fait rire le chanteur avant qu'il ne rétorque "c'est quoi ça, la taille de ta bite ?!". Charmant. Pendant un (très) court instant, j'ai cru que ça allait se transformer en show de Steel Panther, mais pas du tout. Le mot "bite" n'aura été prononcé qu'une fois lors de cette soirée et aucune fille n'aura montré ses seins. Oui, pardon ? Ah oui, j'avais dit "Plus sérieusement" quelques lignes plus haut. Au temps pour moi...

                   

Le son est bon, sans être exceptionnel. On distingue la plupart des instruments même s'il n'est pas toujours facile de profiter de tous les soli de guitares suivant l'endoit où l'on est placé dans la salle (beaucoup d'entre-eux sortant vraisemblablement sur l'enceinte de droite et votre serviteur se trouvant bien à gauche de la scène, pour vous donner un exemple). On regarde évidemment l'excellent batteur Peter Wildoer, qu'on ne présente plus (si ? ok, il a notamment joué avec Arch Enemy, sur les deux derniers albums de James Labrie et a d'ailleurs auditionné pour Dream Theater... oui, il y a du niveau !) et le bonhomme est impressionnant. Avec un son de batterie plus massif, ça aurait été parfait. 

Le groupe alterne quelques titres récents (Insurrection Is Imminent, Mechanically Divine et Ostracized) avec d'autres qui le sont moins comme Innocence Gone ou Layers Of Lies (ce dernier passant très bien sur scène d'ailleurs) avant de finir sur les deux compos les plus anciennes de leur set : Third (introduite de la façon suivante : "It's not the first... it's not the second... but it's the thiiiird !!") de l'album Insanity, et Convicted, la chanson d'ouverture de leur premier album Rusted Angel. Un set très plaisant avec une bonne ambiance (le public a été de plus en plus réceptif au fur et à mesure de la progression du show), bref du bon thrash death efficace pour bien commencer la soirée.

Setlist Darkane :

01. The Sinister Supremacy
02. Innocence Gone
03. Insurrection Is Imminent
04. Mechanically Divine
05. Chaos Vs. Order
06. Layers Of Lies
07. Ostracized
08. Third
09. Convicted

 

Si quelqu'un avait des doutes sur la motivation des Parisiens en ce 9 mars, ceux-ci ont dû vite être balayés dès les premières secondes du concert de Soilwork. Pas d'incertitude, les personnes présentes sont bien venues pour la tête d'affiche (oui, je sais, c'est généralement le cas, cessez vos moqueries !) et cela est immédiatement perceptible quand Soilwork investit la scène du Divan du Monde. Oui, il fait soudain très chaud, ça hurle, ça beugle et surtout ça bouge... A tel point que je me demande si je ne devrais pas m'en aller afin de ne pas avoir à me repayer un appareil photo ! 

Il faut dire que les Suédois font ce qu'il faut pour se mettre la fosse dans la poche. Ils attaquent leur set avec un premier extrait de The Living Infinite (qui sera bien représenté ce soir avec pas moins de sept titres), le rapide et direct This Momentary Bliss. A ce moment-là du concert, le son est encore un peu brouillon et manque de pêche (c'est un peu déstabilisant quand après une intro au volume assez fort, la première chanson démarre et que le volume retombe d'un coup) mais ça va vite s'arranger. En deuxième position : un classique et pas n'importe lequel : Like The Average Stalker (extrait de l'excellent A Predator's Portrait). Le public est déchaîné... on comprend vite que, pour certains des fans présents, les (presque) six années d'attente (il me semble bien que le groupe n'a pas joué à Paris depuis novembre 2008, mais je peux me tromper) ont été longues. Du coup, ils donnent tout. L'ambiance est festive, la fosse très remuante, ça saute sur place, ça monte sur scène, ça pogote... Mais pourquoi ai-je demandé un pass photo ? Quel inconscient ! 

Les titres s'enchaînent vite, le groupe communique peu mais balance la sauce avec énergie et conviction. Techniquement parlant, le niveau est là et les musiciens reproduisent avec dextérité la partition jouée sur album. Vitesse d'exécution, puissance et précision font partie du vocabulaire musical des Suédois. OK, ce n'est pas tout à fait juste de les appeler les Suédois. Il y a quand même Dirk Verbeuren à la batterie (un Suédois plutôt belge) et Sylvain Coudret à la guitare (un Suédois originaire de Nancy, cocorico). Le premier est tout simplement monstrueux, le deuxième n'est pas venu pour se tourner les pouces non plus. Et en plus, ces gars-là s'éclatent sur scène et nous en mettent plein la tronche avec le sourire.

Le reste du groupe ne s'économise pas non plus. Sven Karlsson maîtrise bien la technique du headbanging sur claviers... Ola Flink est un cas à part, une grande brute à la barbe hirsute et à la gestuelle anarchique et assez personnelle. Un peu perché mais plutôt charismatique du coup... Et son petit côté Capitaine Caverne lui confère un certain charme... Par contre, il ne faut pas l'embêter, le Flink. Un fan a eu la malheureuse idée de percuter le bassiste en tentant une montée sur scène un peu brusque et mal maîtrisée... le pauvre s'est fait violemment éjecter par Ola (visiblement très énervé) et s'est retrouvé à la case départ en quelques secondes.

Le guitariste David Andersson est aussi très performant. Il joue bien avec le public, se montre très souriant, sans oublier de faire la tête du gars qui plane (les yeux parfois fermés) quand il nous sort un très bon solo. Ce qui fait plaisir à voir, c'est aussi la complicité qu'il entretient avec les autres musiciens sur scène. Sylvain et lui se rejoignent régulièrement pour jouer côte à côte... Les compères (parfois rejoints par Ola à la basse pour former un trio imparable) ont l'air de bien s'entendre et de s'éclater.
Quant à Björn Strid, alias Speed, il n'est pas en reste. Déjà, il est en voix... ce qui est une bonne chose. Il n'en abusera pas entre les morceaux et la conservera plutôt pour bien servir les chansons jouées ce soir. Quelques mots de remerciement quand même, une ou deux pauses pour nous dire que ça faisait vraiment trop longtemps qu'ils n'étaient pas venus jouer et même un joli "Holy fuck!!!" qui, on le sent bien, vient du fond du coeur. Cette exclamation survient à la toute fin du très intense Spectrum Of Eternity qui a mis la fosse du Divan du Monde en transe (mais une transe assez violente, quand même). Autre signe distinctif : le truc du Björn, c'est, de temps en temps, de prendre appui sur la tête d'un fan au premier rang. Il se penche, saisit avec sa grosse paluche, le crâne d'un membre du public et s'appuie dessus... C'est aussi une façon de communier avec son public, pourquoi pas...

Revenons-en à la musique. Comme je l'ai déjà dit : très peu de temps morts. Beaucoup de compos récentes (Parasite Blues, Long Live The Misanthrope, Tongue, The Living Infinite I, Rise Above The Sentiment...) mais aussi quelques morceaux plus anciens qui font très plaisir à l'assistance (Bastard Chain, Black Star Deceiver, Overload...). C'est vrai que quelques classiques manquent à l'appel. Je pense notamment à The Chainheart Machine (impasse totale sur l'album du même nom d'ailleurs, dommage), Follow The Hollow ou Rejection Role. Bon, il faudra se consoler en visionnant le concert enregistré à Helsinki il y a quelques jours, tous ces titres faisaient partie de la setlist spécialement concoctée pour l'occasion. Et puis, on ne peut pas trop se plaindre, le show est intense (et comprend tout de même dix-sept titres), les musiciens se livrent à fond, l'ambiance est explosive... Objectivement, c'est excellent.

Le rappel finira de convaincre une foule pourtant déjà complètement acquise à la cause du groupe avec un énorme Late For The Kill, Early For The Slaughter (avec ses parties de blast jouissives) et un plus mélodique (mais très carré tout de même) Stabbing The Drama en guise de conclusion.

Carton plein pour Soilwork ! Ce fut la grosse claque... et les sceptiques qui en douteraient peuvent toujours aller jeter un oeil à leur prochaine prestation française programmée pour le 22 juin au Hellfest. Alors oui, on peut le dire : il y a eu, pendant quelques années, de quoi être sceptique quant à l'avenir de Soilwork. Le groupe semblait incapable de revenir à l'excellence de ses meilleurs albums sortis à la fin des années 90 ou au tout début des années 2000. Le line-up a été instable, les albums ont été moins marquants, certaines prestations live en ont d'ailleurs souffert... mais tout ça semble bien teminé. Le combo est uni et semble s'éclater. Les titres joués sont d'une efficacité impressionnante (même si je n'aurais pas craché sur quelques vieux classiques supplémentaires) et le tout est cohérent. Les musiciens sont excellents, à la fois habités (avec une mention spéciale pour le non moins "spécial" Ola Flink), énergiques et précis, les albums redeviennent intéressants... Aucun doute n'est désormais permis : Soilwork est bel et bien de retour !

Setlist Soilwork :

01. This Momentary Bliss
02. Like The Average Stalker
03. Overload
04. Weapon Of Vanity
05. Spectrum Of Eternity
06. Black Star Deceiver
07. Parasite Blues
08. Distortion Sleep
09. Bastard Chain
10. Let This River Flow
11. Long Live The Misanthrope
12. Tongue
13. Nerve
14. The Living Infinite I
15. Rise Above The Sentiment
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16. Late For The Kill, Early For The Slaughter
17. Stabbing The Drama


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