Patrick Rondat & Satan Jokers

Date

8 Novembre 2009

Lieu

Le Trabendo, Paris

Chroniqueur

yanng

L I V E R E P O R T

Quelle surprise, dès 18h50, de découvrir des dizaines de mètres de queue devant le Trabendo en ce dimanche 8 Novembre. Qui aurait pu penser que le retour de Satan Jokers puisse attirer autant de monde ? Ou bien le public était-il principalement venu pour voir le show de Patrick Rondat ?
Après 40 minutes d'attente dans le froid, les portes ouvrent enfin à 19h30. Et une fois à l'intérieur, un bon quart d'heure après, la salle n'est finalement pas si remplie que ça... La fosse est même quasi vide, 4 à 5 rangs de spectateurs au plus, tous les autres étant éparpillés dans le Trabendo le long des rambardes.

19h, les lights s'éteignent, la Patrick Rondat Team déboule sous l'introduction du Welcome to the Donkeys Island. Et c'est parti pour Donkeys Island. Le son est assez fort mais reste convenable, la basse de Patrice Guers est un peu trop saturée mais la guitare de Patrick sonne de façon très cristalline et mélodique. Le bonhomme déchire et n'use pas de milliers d'effets ! La set-list reste principalement basée sur le dernier album, An Ephemeral World, aux nombreuses ambiances mélodiques et progressives. On aura également droit à l'intégralité du morceau Amphibia, au légendaire Burn Out exécuté avec vélocité et brio, et ce sont les classiques Barbarians At The Gates et Vivaldi Tribute qui viennent cloturer le show qui aura duré 1h20. Patrice Guers, comme à chaque concert, a eu droit à ses 5 minutes de gloire en exécutant Ladyboy, un instrumental dopé au slap.

Alors que faut-il retenir ? Dans les points positifs, un guitariste qui reste monstrueux, simple, et toujours de bonne humeur, entouré par une équipe qui ne se la pète pas. Un grand monsieur de la guitare. Malheureusement, même si toutes les compos sont superbes et parfaitement exécutées, cela fait 5 ans qu'An Ephemeral World est sorti et depuis, Patrick n'a pas pondu la moindre compo. Chaque concert ressemble donc strictement au précédent (Patrice Guers nous ressort son Ladyboy tous les quatre matins !), et après l'avoir vu 2 ou 3 fois en concert, il devient bien difficile de ne pas s'ennuyer. En espérant qu'un nouvel album est à venir car une prochaine tournée sans nouveaux morceaux présenterait bien peu intérêt.

15 minutes plus tard, les lumières s'éteignent à nouveau et les Satan Jokers débarquent. C'est Satan qui ouvre le bal, le premier morceau du dernier album en date Fetish X. Tout à coup, le plaisir musical se transforme en agression sonore. Le son est mille fois trop fort et les aigüs beaucoup trop mixés et c'est sans parler de la voix de Renaud Hantson, qui, quand il crie, devient une tronçonneuse pour tympan. On a beau se déplacer à l'intérieur du Trabendo, rien à faire, le problème est partout, le mix est agressif et non musical si bien que la mise en place de boules QUIES s'impose. Dommage.

Dans l'ensemble, les musiciens sont excellents et délivrent un super show. Le nouveau batteur, Aurel, 28 ans, est absolument monstrueux ; le bass-hero Pascal Mulot, très présent dans la musique de Satan Jokers, reste assez discret. Aidé par un émetteur infrarouge, il ira même jusqu'à balancer un solo de basse slappé de folie depuis le milieu de la salle au beau milieu du public.
Mike Zurita est impressionnant, habillé d'un fuseau gris brillant, il respire les guitar-heroes des années 80 et balance ses solos hyper techniques à la manière d'un Steve Vai ; Olivier Spitzer tient parfaitement sa place à la guitare rythmique.

Mais voilà, ce qui pêche, c'est bien le chanteur. Est-ce dû au fait que sa voix est beaucoup trop mise en avant dans le mix si bien que l'agression est insupportable ? Ou bien la technique du bonhomme consiste-t-elle seulement à crier le plus fort possible ? Lors de ce show, j'ai parfois eu, à travers mes boules QUIES, l'impression d'entendre Mark Boals hurler avec Rob Halford, le volume à fond dans un poste radio au son pourrave.

Le contenu, quant à lui, était tout bonnement excellent. Les Jokers nous ont proposé quelques nouveautés de Fetish X : Satan, Ephémère, Fetish X ; des morceaux de SJ2009 : U.S.A. (Union Sacrée des Assassins), une superbe version acoustique de Professionnelle avec Pascal Mulot à la contrebasse, le magnifique Addiction (Souffrir Avec Toi) dédié à Laurent Bernat ; et quelques vieux morceaux comme Sorcier, Pas Fréquentable et le mythique Fils Du Metal venant cloturer le show.

Puis vint l'heure du boeuf. Comme Hantson et Zurita nous l'avaient précisé dans leurs interviews, 3 reprises étaient prévues avec Patrick Rondat à la fin du show. Patrick arrive donc sur scène et c'est un line-up constitué de Patrick Rondat & de Mike Zurita aux guitares solo, Pascal Mulot à la basse et Renaud Hantson à la batterie et au chant qui vient nous balancer un Purple Haze des familles. Excellente reprise, les solos des 2 gratteux est terrible, la meilleure des 3 reprises. Et cette fois, Hantson utilise le micro du batteur, sa voix est moins mise en avant et n'est plus agressive, dieu merci !

La seconde reprise est un Knockin' On Heaven's Door repris à la façon de Guns N' Roses. Là, on commence à comprendre que ce boeuf a été préparé à l'arrache en fin d'après-midi. Dirk revient aux fûts, Patrick assurera seul la guitare solo et Renaud Hantson reprend le micro. Rien à dire niveau guitare. Franchement, demander à un guitar-hero comme Patrick Rondat d'improviser un solo sur un morceau de débutant aussi simple que Knockin' On Heaven's Door est un affront. Mais qui a choisi les morceaux du boeuf ? On s'attendait à du Whitesnake, à du Deep Purple ou à du progressif complexe à la Dream Theater mais pas à Knockin' On Heaven's Door ! Hantson, au chant, a tenté de se prendre pour Axl Rose en train de faire chanter le public de Wembley. Mais il avait juste oublié 2 points : 1) Renaud Hantson n'est pas Axl Rose. 2) Le Trabendo n'est pas Wembley.

La dernière reprise qui vient cloturer la soirée est Breaking The Law de Judas Priest. Une reprise jouée par les 2 line-ups réunis. Excellente reprise parfaitement exécutée mais pas de solo de guitare. Rondat et Zurita étaient réunis sur une même scène, se regardaient et pas un n'a balancé un solo (ou bien je roupillais ?) ! Ca servait à quoi de réunir tout ce beau monde pour reprendre à la lettre un morceau de Judas Priest ? Et une nouvelle  fois, Hantson a voulu imiter le God Of Metal Halford ; malheureusement, cela relevait d'avantage de l'agression auditive (était-ce lié au mix dans la salle ou à sa voix ? je ne saurais trancher).

Pour résumer, pour 24 euros, pour plus de 2h30 de show, on n'en a eu pour notre argent. Malheureusement, le show des Jokers a été gâché par un volume trop fort et un son vraiment agressif et désagréable.

Renaud Hantson, que j'appréciais beaucoup sur les albums de SJ, m'a fortement déçu sur scène. D'une part en raison de sa manie à crier à pleins poumons dans le micro dans les aigüs et d'autre part en raison de son style et de son humour ringard et beauf. Il s'est même pris un moment pour Bernie Bonvoisin, qui, dans les années 80, appellait son public "tu". Marcel noir, tatouage, attention à ce qu'il ne fasse pas de Satan Jokers le fer de lance du beauf-metal.