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Orphaned Land + Khalas + Klone + The Mars Chronicles
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L I V E R E P O R T
Le VOX de La Valette du Var, proche de Toulon, recevait une étape de l'intense tournée d'Orphaned Land. Le groupe de metal oriental fidèle à ses convictions a invité un certain nombre de groupes à partager sa scène. Deux de ces groupes sont français et ce sont Klone et The Mars Chronicles. Klone, vous connaissez certainement, ils sont dans le paysage metal français depuis pas mal de temps déjà et on connait bien Guillaume, le guitariste et compositeur, car il gère aussi l'association - pseudo label Klonosphere, qui nous distille d'excellents albums de metal Français avec une régularité de métronome. Le troisième groupe de première partie a varié selon les dates et surtout, selon les pays visités et les difficultés des uns et des autres à obtenir des visas. Car ces groupes sont souvent originaires de pays arabes, rarement connus sur la scène metal. Avant la France, le groupe était Jordanien, à partir de Lyon et donc pour ce soir à Toulon c'est un groupe palestinien qui se joint à la fête: Khalas (à prononcer comme Khaled mais en plus metal). Nous arrivons tôt sur Toulon, dans un étrange brouillard intense. Nous avons deux interviews de prévues, la première avec un membre d'Orphaned Land et une deuxième avec Guillaume Bernard de Klone. Nous rencontrons sur place la tour manager Derya, charmante, mais qui nous dit qu'on est en retard, que l'interview était à 18h30. Sauf qu'il est 18h et qu'elle a juste oublié de changer d'heure. Oups ! On rigole et elle me conduit à Chen Balbus, le jeune et nouveau guitariste d'Orphaned Land. Dans la loge, je croise Morgan Berthet (qui assure la batterie de The Mars Chronicles et de Klone quand il ne joue pas avec Myrath). Il est content, tout se passe bien pour The Mars Chronicles, Toulon est la trentième date, donc le soixantième concert pour lui, quand même ! Je croise aussi Yossi, que j'avais interviewé à Marseille en 2011 lors du concert annulé du Poste à Galène. Il me remet, ou fait semblant de. Je discute avec Matan le batteur avant de réaliser l'interview avec Chen qui s'avère être un garçon charmant.
Setlist de The Mars Chronicles : Je prends cinq minutes pour admirer la salle, qui a beaucoup évolué depuis les premiers concerts auxquels j'ai assisté. la scène est superbe, rehaussée, la sono, monstrueuse, le bar bien équipé offrant de nombreuses alternatives à l'éternel pression (nombreuses bières en bouteille, Mojito, ...). C'est devenu vraiment une chouette salle de 200 à 500 personnes, pour les gros soirs. Virgile de TrendKill nous confirmait avant le concert un honorable 160 préventes, qui devait au final donner dans les 200 personnes ce soir. Pas si mal.
Setlist de Klone :
Le groupe suivant est Khalas "Arabic Rock Orchestra". Je n'attendais rien de spécial de ce groupe que je ne connaissais pas du tout. Mais ma curiosité était aiguisée par leur origine, la Palestine. Pendant l'interview d'Orphaned Land je demandais si c'était compliqué d'être un groupe de metal en Israël, mais à tout réflechir, ça doit être une autre aventure en Palestine. C'est un peu irréel de voir ces hardos tatoués, chantant en arabe, faire des devil horns et siroter une Kronenbourg sur scène. Et oui, mon vieux, faut vivre avec son temps ! Le batteur est impressionnant, il doit frôler les 150 kg, ses bras sont comme une de mes cuisses (pourtant...). Quand il bat la mesure, on voit l'estrade de la batterie osciller dangereusement, c'est clair qu'après la carrure de Morgan, ça nous change (no offense Morgan !). Le groupe est constitué, outre le batteur coiffé d'un gros casque et qui assure aussi des chœurs et envoie les samples, d'un bassiste, d'un chanteur et d'un guitariste avec des petits airs de Danko Jones sans la langue mais avec une barbichette. C'est lui le plus à l'aise pour parler en anglais au public. C'est aussi lui qui balance les gros riffs du groupe dont le style est plutôt du bon hard rock riffé, orientalisé, et chanté en arabe. Un truc marrant que je remarque c'est le frétage de la guitare, une Gibson SG, où des frets intermédiaires ont été ajoutés sur deux zones du manche. On doit se rappeler que la musique arabe utilise le quart de ton, alors qu'en occident, historiquement, nous n'utilisons que la division en demi tons. Je n'avais jamais vu une guitare adaptée de la sorte, avec donc des cases divisées en deux. Bonjour la précision des doigts ! Les membres du groupe sont très souriants, ils remercient la foule, l'ambiance est excellente. En fond ils nous passent des vidéos de derviches tourneurs qui rendent fou. Au final, et alors que je ne suis pas super fan de musique arabe, je suis forcé de reconnaitre que c'est très agréable est surtout très festif. Comme quoi, les Celtes n'ont pas le monopole de la musique festive, et c'est bien par les temps qui courent.
Setlist de Khalas : Finalement c'est au tour de Yossi, Kobi et le reste de la troupe Orphaned land de monter sur scène. Kobi a sa tenue de scène favorite, une tunique longue, noire, il est pieds nus, barbu et coiffé comme Jésus, je pense qu'il cultive un peu, c'est génial. Yossi utilise une seule guitare qui est en fait une prouesse technique de lutherie, puisqu'elle inclut un corps plein de guitare électrique dans la partie basse, et le corps fusionne avec une espèce de guitare orientale (bourzouki), quatre fois deux cordes, acoustique, dans la partie haute. Ce système lui permet de faire des intros arabisantes, et d'enchainer directement sur les gros riffs du reste du morceau. Yossi est, comme toujours, souriant. A côté de Kobi, le bassiste Uri est impressionnant, à la fois par son jeu hyper puissant (et le seul à jouer aux doigts ce soir), mais aussi par son look grosse barbe et gros cheveux. On dirait un conquérant portugais. Chen, le petit nouveau, est tout à droite de la scène, il arbore un collier symbolisant toutes les religions, le même que l'on trouve sur la pochette du dernier album, All Is One. En parlant de All Is One, on peut dire qu'il est bien représenté ce soir avec six morceaux. Par exemple ils ouvrent avec Through Fire And Water et All Is One qui sont parmi les plus pêchus du dernier album. Ils joueront aussi une chanson que Kobi dédie aux enfants de Syrie (Children). Avant le morceau The Simple Man, il balance un petit skud vers le monde politique, et expliquant qu'ils tournent avec un groupe palestinien, qu'ils partagent donc le même tourbus pendant plusieurs semaines, qu'ils sont des musiciens, des gens simples et que si eux y arrivent, les hommes politiques peuvent y arriver aussi. Et bing ! Mon seul regret c'est que sur certains morceaux, il y a beaucoup de samples. Par exemple sur la ballade Brother, les violons sont samplés mais aussi le piano, c'est quand même dommage, il y aurait la place pour un clavier dans Orphaned Land il me semble. Un certain nombre de grands classiques du groupe sont aussi joués à la grande joie du public qui chante avec Kobi : Sapari, El Meod Na'ala. Kobi sait aussi faire participer le public avec son humour : "I'm jewish, I have a deal for you" pour nous demander de chanter avec lui. Ils quittent la scène pour un petit mais sympa solo de batterie de Matan, qui se met le public dans la poche. Le final, Norra el norra, embrase la salle qui saute sur place avec Kobi. C'est la fête au village ! Ils reviennent pour un rappel, puis Kobi nous explique qu'ils doivent partir, qu'ils doivent tout ranger et filer sur Toulouse, la nuit sera courte. Il est minuit quinze et la soirée, forte en symboles, a été grandiose. Venez donc discuter de ce concert, sur notre forum ! |
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