Orphaned Land + Khalas + Klone + The Mars Chronicles

Date

27 Octobre 2013

Lieu

Toulon

Chroniqueur

Didier

L I V E R E P O R T

Le VOX de La Valette du Var, proche de Toulon, recevait une étape de l'intense tournée d'Orphaned Land. Le groupe de metal oriental fidèle à ses convictions a invité un certain nombre de groupes à partager sa scène. Deux de ces groupes sont français et ce sont Klone et The Mars Chronicles. Klone, vous connaissez certainement, ils sont dans le paysage metal français depuis pas mal de temps déjà et on connait bien Guillaume, le guitariste et compositeur, car il gère aussi l'association - pseudo label Klonosphere, qui nous distille d'excellents albums de metal Français avec une régularité de métronome. Le troisième groupe de première partie a varié selon les dates et surtout, selon les pays visités et les difficultés des uns et des autres à obtenir des visas. Car ces groupes sont souvent originaires de pays arabes, rarement connus sur la scène metal. Avant la France, le groupe était Jordanien, à partir de Lyon et donc pour ce soir à Toulon c'est un groupe palestinien qui se joint à la fête: Khalas (à prononcer comme Khaled mais en plus metal). Nous arrivons tôt sur Toulon, dans un étrange brouillard intense. Nous avons deux interviews de prévues, la première avec un membre d'Orphaned Land et une deuxième avec Guillaume Bernard de Klone. Nous rencontrons sur place la tour manager Derya, charmante, mais qui nous dit qu'on est en retard, que l'interview était à 18h30. Sauf qu'il est 18h et qu'elle a juste oublié de changer d'heure. Oups ! On rigole et elle me conduit à Chen Balbus, le jeune et nouveau guitariste d'Orphaned Land. Dans la loge, je croise Morgan Berthet (qui assure la batterie de The Mars Chronicles et de Klone quand il ne joue pas avec Myrath). Il est content, tout se passe bien pour The Mars Chronicles, Toulon est la trentième date, donc le soixantième concert pour lui, quand même ! Je croise aussi Yossi, que j'avais interviewé à Marseille en 2011 lors du concert annulé du Poste à Galène. Il me remet, ou fait semblant de. Je discute avec Matan le batteur avant de réaliser l'interview avec Chen qui s'avère être un garçon charmant.
 
Nous poireautons encore un moment en discutant avec Devy, guitariste de The Mars Chronicles, lui aussi est content, il me présente aussi Yann Morvant l'autre guitariste et initiateur du projet Lag I Run (la suite arrive m'a t-il assuré). Guillaume nous raconte aussi des anecdotes de la tournée et on en apprend de belles sur le music business, le merchandising, bref pas glop. Nous remarquons aussi qu'un reportage est en cours avec des musiciens que nous ne reconnaissons pas. Il s'agit en fait des membres du groupe Khalas, qui profitent de la tournée pour faire un reportage, le fait qu'un groupe de metal palestinien passe en France n'est déjà pas banal, mais que cela soit en première partie d'un groupe israélien, là ça devient carrément anecdotique et mérite bien un petit reportage.
Finalement, Guillaume se décide à attaquer notre vraie interview en deux parties, une sur Klone, et l'autre sur la Klonosphere. La discussion se passe dans le tour bus que tous les musiciens partagent depuis presque deux mois, et Guillaume livre de nombreux détails sur sa vision du monde de la musique: enrichissant.
 
Quand nous sortons du bus, une belle petite foule (pour un dimanche soir) est déjà rentrée, et l'intro du premier morceau de The Mars Chronicles se fait entendre. Vite, nous récupérons nos pass et fonçons nous caler au premier rang. La foule n'est pas trop dense, The Mars Chronicles, tout le monde ne connait pas (encore). Pour moi qui connait, c'est quand même le choc : choc visuel car, comme prévu, ils ont créé un concept sur le blanc et montent sur scène habillés de blanc et les faces peintes en blanc. L'effet est garanti. Côté son, je ne m'attendais pas à ce que le son de l'EP sur lequel j'avais bien flashé soit aussi bien rendu sur scène. Les musiciens assurent à tous les niveau : présence scénique, énergie et son. Voir Devy balancer des tapings en chantant est assez bluffant. Morgan arrive à envoyer le son impressionnant de l'EP, sur scène, c'est balèze. Je remarque que deux morceaux du set ne sont pas sur l'EP. Un est plus calme, sympa, l'autre envoie du pâté. La foule toulonnaise semble bien sous le charme, je vois même juste à côté de moi, Chen, le jeune guitariste d'Orphaned Land qui vient encourager les groupes de première partie. Il restera pour les trois groupes, c'est vraiment sympa de sa part et rarissime. Devy et sa troupe terminent en trombe leur set et ils filent à la rencontre de leur fans au stand merchandising. Vue la réponse du public, les EPs ont dû partir comme des petits pains.
 

The Mars Chronicles

The Mars Chronicles

The Mars Chronicles

The Mars Chronicles

Setlist de The Mars Chronicles :
 
Mars is alive (intro)
Constant Show
Abyss
Transcending The Stone
Scars Of Age
Hell Is Born

 

Je prends cinq minutes pour admirer la salle, qui a beaucoup évolué depuis les premiers concerts auxquels j'ai assisté. la scène est superbe, rehaussée, la sono, monstrueuse, le bar bien équipé offrant de nombreuses alternatives à l'éternel pression (nombreuses bières en bouteille, Mojito, ...). C'est devenu vraiment une chouette salle de 200 à 500 personnes, pour les gros soirs. Virgile de TrendKill nous confirmait avant le concert un honorable 160 préventes, qui devait au final donner dans les 200 personnes ce soir. Pas si mal.
 
Morgan n'a que quelques minutes pour changer sa tenue de martien et devenir le batteur de Klone pour cette tournée. Le batteur officiel, Florent, est occupé par la tourné européenne de Hacride pour lequel il officie également (eh oui, pour tenter de vivre de la musique, il faut cumuler les mandats mais des fois, les agendas s'entrechoquent !). On va s'apercevoir aussi que ça n'est pas non plus Jean-Etienne à la basse, mais Julian (aussi dans le groupe Dwail de la mafia Klonosphere). Quand le set de Klone commence, l'intensité sur scène s'affole. Ils bougent dans tous les sens, je ne donne pas deux minutes avant que Julian et Guillaume ne se rentrent dedans sur le côté droit de la scène. Le chant de Yann est impressionnant, l'ambiance est excellente, le son très bon. Ca riff sec et les morceaux sont longs, changeants, le son de Klone prend de l'ampleur sur scène et de devant la scène, on se retrouve captivé, saisi par cette ambiance Klone. La setlist est forcément trop courte, mais couvre toute la carrière du groupe. Guillaume réussit à éviter le manche de Julian, mais ne quittera pas son bonnet de laine, le fou, il fait une douce chaleur dans la salle, et en plus le bougre s'agite. C'est fou comme le jeu et le son de la batterie de Morgan est différent de celui de The mars Chronicles, ce garçon est un caméléon de la batterie. Give Up The Rest fait son petit effet habituel, faut dire que le riff de ce morceau est caractéristique du son Klone. Le plus violent All Seeing Eye rappelle à tout le monde qu'ils ne sont pas que des bisounours-dépressifs-post-grunge-à-bonnet-de-laine, et peuvent flirter avec du gros son proche de Gojira. Le jeu de basse de Julian est au top sur ces morceaux assez complexes. Un des meilleurs moments reste la reprise maintenant célèbre du Army Of Me de Bjork. Ils foutent le feu au Vox. Dommage qu'ils passent en second, on aura bien pris une dose plus grosse. Guillaume expliquait qu'ils alternaient un jour sur deux leur position avec Khalas. Je discute un moment avec Julian, le bassiste, qui est toulousain et qui est content que la date du lendemain soit dans ses terres (pour le 31ème concert, être à Toulouse, ça le fait). Il lui tardait de retrouver copine, famille et potes.
 

Klone

Klone

Klone

Klone

Klone

Setlist de Klone :
 
The Eye Of Needle Part 2
Give Up The Rest
All Seeing Eye
The Dreamer's Hideaway
Army Of Me

 

Le groupe suivant est Khalas "Arabic Rock Orchestra". Je n'attendais rien de spécial de ce groupe que je ne connaissais pas du tout. Mais ma curiosité était aiguisée par leur origine, la Palestine. Pendant l'interview d'Orphaned Land je demandais si c'était compliqué d'être un groupe de metal en Israël, mais à tout réflechir, ça doit être une autre aventure en Palestine. C'est un peu irréel de voir ces hardos tatoués, chantant en arabe, faire des devil horns et siroter une Kronenbourg sur scène. Et oui, mon vieux, faut vivre avec son temps ! Le batteur est impressionnant, il doit frôler les 150 kg, ses bras sont comme une de mes cuisses (pourtant...). Quand il bat la mesure, on voit l'estrade de la batterie osciller dangereusement, c'est clair qu'après la carrure de Morgan, ça nous change (no offense Morgan !). Le groupe est constitué, outre le batteur coiffé d'un gros casque et qui assure aussi des chœurs et envoie les samples, d'un bassiste, d'un chanteur et d'un guitariste avec des petits airs de Danko Jones sans la langue mais avec une barbichette. C'est lui le plus à l'aise pour parler en anglais au public. C'est aussi lui qui balance les gros riffs du groupe dont le style est plutôt du bon hard rock riffé, orientalisé, et chanté en arabe. Un truc marrant que je remarque c'est le frétage de la guitare, une Gibson SG, où des frets intermédiaires ont été ajoutés sur deux zones du manche. On doit se rappeler que la musique arabe utilise le quart de ton, alors qu'en occident, historiquement, nous n'utilisons que la division en demi tons. Je n'avais jamais vu une guitare adaptée de la sorte, avec donc des cases divisées en deux. Bonjour la précision des doigts ! Les membres du groupe sont très souriants, ils remercient la foule, l'ambiance est excellente. En fond ils nous passent des vidéos de derviches tourneurs qui rendent fou. Au final, et alors que je ne suis pas super fan de musique arabe, je suis forcé de reconnaitre que c'est très agréable est surtout très festif. Comme quoi, les Celtes n'ont pas le monopole de la musique festive, et c'est bien par les temps qui courent.
 

Khalas

Khalas

Khalas

Khalas

Setlist de Khalas :
 
Amoona
Hebbina
Ala Remshe
Alf Leila
Mejwez
Gana El Hawa
Haz El Adala

 

Finalement c'est au tour de Yossi, Kobi et le reste de la troupe Orphaned land de monter sur scène. Kobi a sa tenue de scène favorite, une tunique longue, noire, il est pieds nus, barbu et coiffé comme Jésus, je pense qu'il cultive un peu, c'est génial. Yossi utilise une seule guitare qui est en fait une prouesse technique de lutherie, puisqu'elle inclut un corps plein de guitare électrique dans la partie basse, et le corps fusionne avec une espèce de guitare orientale (bourzouki), quatre fois deux cordes, acoustique, dans la partie haute. Ce système lui permet de faire des intros arabisantes, et d'enchainer directement sur les gros riffs du reste du morceau. Yossi est, comme toujours, souriant. A côté de Kobi, le bassiste Uri est impressionnant, à la fois par son jeu hyper puissant (et le seul à jouer aux doigts ce soir), mais aussi par son look grosse barbe et gros cheveux. On dirait un conquérant portugais. Chen, le petit nouveau, est tout à droite de la scène, il arbore un collier symbolisant toutes les religions, le même que l'on trouve sur la pochette du dernier album, All Is One. En parlant de All Is One, on peut dire qu'il est bien représenté ce soir avec six morceaux. Par exemple ils ouvrent avec Through Fire And Water et All Is One qui sont parmi les plus pêchus du dernier album. Ils joueront aussi une chanson que Kobi dédie aux enfants de Syrie (Children). Avant le morceau The Simple Man, il balance un petit skud vers le monde politique, et expliquant qu'ils tournent avec un groupe palestinien, qu'ils partagent donc le même tourbus pendant plusieurs semaines, qu'ils sont des musiciens, des gens simples et que si eux y arrivent, les hommes politiques peuvent y arriver aussi. Et bing ! Mon seul regret c'est que sur certains morceaux, il y a beaucoup de samples. Par exemple sur la ballade Brother, les violons sont samplés mais aussi le piano, c'est quand même dommage, il y aurait la place pour un clavier dans Orphaned Land il me semble. Un certain nombre de grands classiques du groupe sont aussi joués à la grande joie du public qui chante avec Kobi : Sapari, El Meod Na'ala. Kobi sait aussi faire participer le public avec son humour : "I'm jewish, I have a deal for you" pour nous demander de chanter avec lui. Ils quittent la scène pour un petit mais sympa solo de batterie de Matan, qui se met le public dans la poche. Le final, Norra el norra, embrase la salle qui saute sur place avec Kobi. C'est la fête au village ! Ils reviennent pour un rappel, puis Kobi nous explique qu'ils doivent partir, qu'ils doivent tout ranger et filer sur Toulouse, la nuit sera courte. Il est minuit quinze et la soirée, forte en symboles, a été grandiose.
 
Je croise Yossi qui est vraiment super gentil et qui me parle en français, il se débrouille très bien. Il prépare un nouvel album solo pour début 2014 avec Ron "Bumblefoot" Thal. Affaire à suivre donc. Nous saluons Virgile et taillons la route en serrant les fesses car le brouillard est encore pire qu'à l'aller. Heureusement qu'à cette heure-ci, il n'y a plus grand monde.

Orphaned Land

Orphaned Land

Orphaned Land

Orphaned Land

Orphaned Land

Orphaned Land

 
Setlist d'Orphaned Land :
 
Through Fire And Water
All Is One
Barakah
Kiss of babylon
The Simple Man
Brother
Birth of the three
Olat hatamid
Let Truce Be Known
Sapari
Ocean Land
Children
El Meod Na'ala
In Thy Never Ending Way
Norra el norra
Ornaments Of Gold

 
 

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