EDGUY / Kottak / Karelia

Date

19 octobre 2011

Lieu

Le Bataclan - Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Je suis un peu fâché après Tobias Sammet (il n'a pas daigné faire passer la dernière tournée d'Avantasia chez nous l'hiver dernier) mais je ne suis pas excessivement rancunier puisqu'à l'écoute du plutôt réussi Age Of The Joker, sorti cet été, je me suis dit qu'il serait certainement très sympa d'aller voir Edguy défendre sa dernière production sur la scène du Bataclan. Ce fut donc chose faite le 19 octobre dernier.

La soirée commença de bonne heure avec Karelia, groupe français qui commence à faire de plus en plus parler de lui (une tournée en première partie de Scorpions, ça aide un peu aussi...). Leur Metal moderne mélangeant des influences Rock et Electro (servi avec moultes samples) est assez pêchu, rythmé et évidemment très différent de la musique proposée par Edguy. Vu que Kottak, autre groupe (du batteur de Scorpions, encore eux) ouvrant pour les Allemands, propose lui aussi un autre style, on peut se dire qu'on est face à une affiche pour le moins éclectique.

                    

Karelia est venu présenter son troisième album, Golden Decadence, et il le fait avec conviction. Le style a beau être très différent de celui de la tête d'affiche de la soirée, l'énergie et la bonne humeur déployées par le groupe finissent par payer. Ils sont contents d'être là, ça se sent, et du coup ça fonctionne plutôt bien. Le dernier bébé de ces messieurs fut particulièrement mis à l'honneur (le chanteur rappela suffisamment de fois que l'album en question était disponible au stand merchandising au fond de la salle) et on retiendra, entre autres, une reprise assez surprenante de Show Must Go On de Queen (intéressante si on ne cherche pas à comparer le chanteur Matthieu Kleiber à Freddie Mercury) ainsi qu'un morceau qui parodie le Hip Hop et durant lequel le frontman enfila un gros manteau de fourrure et des lunettes de soleil. La critique paraît un peu facile, mais le gimmick fonctionne. Je ne connais pas bien ce groupe (vous l'aurez compris vu l'absence de renseignements sur les titres joués) mais j'ai passé un moment plutôt agréable.


Je n'ai malheureusement pas vu grand chose du concert de Kottak (entrevue avec Tobias Exxel d'Edguy oblige... on ne choisit pas toujours ses horaires d'interview) mais la fin du show m'a beaucoup plu. Le groupe a enflammé un Bataclan pas forcément acquis à sa cause grâce à un Rock punkisant énergique, mélodique et fédérateur. Au sortir de l'interview du bassiste d'Edguy, je me retrouvai dans une salle vraisemblablement ravie, en train de chanter Holiday de Scorpions comme un seul homme. Deux titres bien sympas plus tard, James Kottak finit le concert torse nu, nous laissant voir son énorme tatouage "Rock'n'Roll Forever" dans le dos. Fun.

 

On dira ce qu'on veut d'Edguy et de leurs dernières livraisons, ces gars-là savent tenir une scène et leurs concerts sont généralement réjouissants. Ce soir, nos voisins d'outre-Rhin attaquent bille en tête avec le nouvel album qu'ils sont venus promouvoir. C'est ainsi que le public du Bataclan se voit offrir Nobody's Hero et la plus speed The Arcane Guild en guise d'ouverture. Début de concert rythmé et heavy s'il en est ! Et puis, parce que trop de nouveauté tue la nouveauté, c'est l'incontournable hymne Tears Of A Mandrake qui vient régaler l'assistance en troisième position.

                   

Le light show est classe, le son est au diapason et l'ambiance est excellente. Les fans comme le groupe ont l'air heureux d'être là et une bonne énergie circule dans la salle. Les refrains sont repris en choeurs, les musiciens font preuve de dynamisme et bonne humeur (marque de fabrique du groupe), et Tobias est en voix. C'en est même impressionnant... et vous pouvez me faire confiance car je ne suis pas, à la base, un grand fan du monsieur. Il est indiscutable que le chanteur a fait de gros progrès, sur album on le savait déjà, mais également sur scène. C'est bien simple, et particulièrement flagrant sur les extraits du tout récent Age Of The Joker, il reproduit tellement bien les lignes de chant des morceaux concernés qu'on a l'impression d'écouter le disque ! Bon, ça me fait un peu mal de le dire, mais je me dois d'être honnête et je lance : chapeau bas, Mr. Sammet !

Comme ces messieurs ne cessent de nous le rappeler avec l'humour qui les caractérise ("Age Of The Joker is the best album since the invention of music, it's so good you should buy two copies"), ils sont très fiers de leur dernier disque. En effet, la setlist de la soirée est riche en nouvelles compositions (six chansons sur les treize jouées ce soir-là). Forcément, ça laisse peu de place à tous les autres albums d'Edguy qui se trouvent donc un peu sous-représentés. Un seul titre de Vain Glory Opera (la chanson titre), une seule chanson de Theater Of Salvation, et pas la plus réjouissante en ce qui me concerne puisqu'il s'agit de la ballade Land Of The Miracle, même traitement pour Mandrake (avec Tears Of A Mandrake)... D'autres albums sont carrément passés sous silence, The Savage Poetry et Kingdom Of Madness, mais il faut bien admettre que ceux-ci ne sont pas tout à fait référencés comme des classiques alors c'est moins grave.

Beaucoup de titres du dernier album donc... cependant, sans épouser le discours du groupe qui vend Age Of The Joker comme son grand chef-d'oeuvre, je dois reconnaître que les nouvelles chansons passent très bien sur scène. En plus, Tobias et ses amis n'ont pas choisi les plus mauvaises, Pandora's Box, la plus progressive et cauchemardesque Behind The Gates To Midnight World, la celtique Rock Of Cashel, ou encore l'épique Robin Hood se révèlent toutes aussi convaincantes les unes que les autres.
Au rayon des surprises, Tobias nous a fait le coup d'apparaître derrière nous, au fond de la salle, sur une plate-forme qui monta jusqu'au balcon du Bataclan. De là-haut, le chanteur nous interpréta Superheroes non sans oublier de nous gratifier d'une pluie de confettis. Fun !
Plus prévisible mais sympa aussi : la fameuse intro de Lavatory Love Machine sur laquelle le frontman divisa la salle en deux afin d'établir quel camp criait le plus fort.
Encore plus prévisible et un peu moins sympa : le (très) long solo de batterie de Felix Bohnke. Le bonhomme est un excellent batteur, ça ne fait aucun doute, et il fit preuve d'une énergie remarquable tout au long du concert, mais quand même, sa démonstration, bien que comprenant quelques moments sympas, fut bien trop longue. Allez, pas grave, passons... 

                 

Enfin, un concert d'Edguy n'en serait pas un sans les multiples interventions humoristiques de son leader. Et là, on peut dire qu'on fut bien servi ! Quelques exemples ? Mais pas de problèmes chers lecteurs, voici quelques moments choisis. Tobias parodia Manowar à plusieurs reprises (citant Joey DeMaio en exemple) et détourna notamment le fameux "Other bands play, Manowar kill", le transformant en "Other bands play, Edguy invent instruments". Sur le break très Maidenien (il est vrai) de Robin Hood, Tobi fit preuve d'un second degré salvateur en remplaçant le petit speech "Robin Hood, king of thieves, hero of outlaws, etc." par "We have the power and the mission to steal from Iron Maiden, HA HA HA". On eu également le droit à des déclarations comme "Il y a moins de filles qu'à un concert de Bon Jovi, mais toujours plus qu'à un concert de Motörhead", ou des petits messages d'amour destinés à Felix le batteur comme "Levez tous les mains... mais non, pas toi espèce de @*/*#, tu dois jouer de la batterie !" (le mot employé dans la version originale étant "motherfucker" pour être plus précis) ou encore, en s'adressant au public qui venait de lui lancer des sous-vêtements masculins, "Ne m'envoyez pas vos caleçons, je n'ai pas envie de voir vos b*tes, peut-être que Felix aimerait les sentir après le concert mais ça ne m'intéresse pas"... Voilà, pas forcément toujours très fin donc, mais globalement super sympa. Le mélange humour et metal a encore de beaux jours devant lui avec Edguy !

Au final, comme on pouvait s'y attendre, on a passé un très bon moment aux côtés d'EdguyTobias Sammet nous a bien remercié de nombreuses fois et a rappelé avec insistance à quel point la France occupait une place spéciale dans la carrière de son groupe. Il en profita également pour remercier Olivier Garnier (qui les avait signés sur son label à l'époque de Vain Glory Opera) rappelant au passage le rôle essentiel de ce dernier dans l'actualité Metal française depuis les années 90.

Alors oui, Edguy confirme bien, avec cette tournée, qu'il a tourné le dos à une certaine forme de speed mélodique Helloweenien (seule The Arcane Guild peut prétendre appartenir à ce genre dans la setlist), et avec treize titres au compteur et assez peu de vieux classiques, il confirme également son goût pour la prise de risque... Mais le show est bien rodé, les gars se donnent à fond et on ne peut nier que la soirée fut plus que plaisante. Il suffit d'ailleurs d'observer les mines réjouies au sortir de la salle pour s'en convaincre.

 

Setlist d'Edguy:

01. Nobody's Hero
02. The Arcane Guild
03. Tears Of A Mandrake
04. Pandora's Box
05. Rock Of Cashel
06. Lavatory Love Machine
07. Behind The Gates To Midnight World
08. Superheroes
09. Robin Hood
10. Drum Solo
11. Ministry Of Saints
12. Vain Glory Opera
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13. Land Of The Miracle
14. King Of Fools

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