Groupe:

Vars Attack 2025

Date:

04 Octobre 2025

Lieu:

Vars

Chroniqueur:

JeanMichHell

Vars Attacks! 2025

Une année de plus pour le festival du Vars Attacks qui, une fois encore, frappe fort. Dans la salle des fêtes de Vars, l’ambiance était excellente dès l’ouverture : bénévoles souriants, public présent dès le début, des bières locales et une affiche qui a de la gueule ! Du Black francophone aux épopées celtiques, du Thrash fédérateur aux expérimentations hybrides, chaque groupe va trouver sa manière de marquer la soirée. L’ami JC à la photo, et ma pomme à la plume, nous allons essayer de vous restituer cette belle soirée.

Aniima :

C’est le groupe Aniima qui ouvre le bal ce soir, et le public est déjà bien présent pour les découvrir. Le groupe qui a remplacé les Soundroots au dernier moment, n’officie pas tout à fait dans la même catégorie.
Cagoulés, mystérieux, les musiciens d’Aniima proposent un Metal extrême à tendance Black-Death Metal assez atypique. Le chant en français, rugueux et enveloppant plus qu’hurlé, déstabilise pour le genre. Leur musique monte en puissance, alternant passages hypnotiques mélodiques et accélération Thrash qui donnaient envie de headbanguer ce qui est assez rare dans ce style.

Vous rajoutez quelques solos inattendus qui élargissent le spectre, ce qui donne à leur musique une ouverture presque progressive, même si les banderilles ne sont jamais très loin. Une entrée en matière sombre mais singulière qui explique certainement l’audience déjà bien présente. À suivre…

Anaon :

Avec Anaon, changement radical d’ambiance, sortez-moi le houblon, les contes et histoires, et en avant pour un show haut en couleur ! Et sur scène, on retrouve tous les éléments d’un bon moment aux accents celtiques, violon, biniou, drapeau breton, un batteur coiffé comme un chef de clan, un prêtre en toge et un kilt : le décor était planté.

Leur Metal Celtique, loin d’être simplement aux accents folkloriques, surprend par son intensité. Punchy, narratif, festif, il embarque la salle dans toute une série d’histoire diverses et variées. L’énergie, comme souvent dans le genre est communicative, jusqu’au point où le bassiste, vient nous rejoindre dans le public, et renforce le côté festif et la proximité qui va avec.

Résultat : un voyage des plus sympathique, joyeux, bière levée, où l’on se sentait embarqué dans bel imaginaire.

Artery :

Nouveau changement d’ambiance (je crois que je pourrais débuter chaque paragraphe par ces quelques mots, tellement les groupes sont différents ce soir), avec les Thrasheurs Angoumoisins d’Artery. J’avais été très convaincu par leur dernière production The Last Chance, et qui leur aura ouvert les portes du Hellfest, j’avais donc hâte de les revoir sur scène.

Et je ne vais pas être déçu par leur prestation, Greg au chant, même grippé, reste un frontman qui sait occuper la scène. Artery a montré une cohésion impressionnante, emmené par son compositeur en chef Thierry, le reste du groupe est à l’unisson, entre un nouveau guitariste Matt qui a vite trouvé sa place, Micka le batteur en véritable métronome psychopathe qui tient la baraque et Tiphaine en bassiste énergique à souhait qui n’a pas hésité à plonger au cœur du public pour lancer le premier circle pit.

Leur dernier album prend vraiment une autre dimension en live : Thrash-Death rapide, puissant, fédérateur. Le public, chauffé à blanc, répond à l’appel, et transforme la salle en terrain de jeu bien énervé. Une belle prestation qui en appelle d’autres puisque le groupe a un emploi du temps bien chargé d’ici la fin 2025.

Black Chamber Orchestra :

Fred, président et programmateur en chef du festival, a deux habitudes. La première c’est que si l’affiche ne possède pas de Black Metal, ce n’est pas un véritable Vars Attack, et la seconde, c’est de trouver un groupe que l’on n’attend pas. Le groupe Black Chamber Orchestra endosse se rôle ce soir.
Le groupe se compose de Céline Louise au chant lyrique, Stéphane Faure aux guitares, Aymeric Terrasse au clavier (piano, orgue et clavecin) et enfin Rémi Subjobert fondateur et compositeur du groupe, aux machines électroniques.

On ne va pas tourner autour du pot pendant des jours, il est difficile de ne pas penser à Igorrr devant ce mélange piano-guitare-chant-machine. Rémi a d’ailleurs contribué à l’excellent album Amen sur le titre Silence. L’absence d’une voix agressive laisse un léger vide, sur les parties les plus punchys mais l’univers est clairement inspiré par M. Serre : des séquences diverses et variées qui s’enchaînent, qui se multiplient et s’imbriquent avec une véritable maîtrise.

Tenter de vous donner une couleur à leur musique serait vain, je vous conseille juste d’aller jeter une oreille. Si vous êtes sensible au maitre, le disciple n’a pas à rougir. Le groupe fait tout pour que son univers soit basé sur les sensations. Il n’y a quasiment pas de communication directe avec le public, mais une théâtralité assumée. L’audience est calme mais captivé, happé, entre autres, par la voix incroyable de la chanteuse. Une proposition exigeante, qui divisera peut-être, mais qui a marqué par sa singularité.

Gorgon :

Le groupe Antibois Gorgon, fait partie des pionniers du black français. Il se distingue par son style old school, influencé par Venom, Bathory, et la scène extrême des années 80. Le cœur du projet depuis ses débuts se nomme Chris (Christophe Chatelet), il est le fondateur, chanteur, guitariste, et compositeur principal.

Sur scène, le groupe va distiller son Black Metal traditionnel, sans compromis : riffs tranchants, voix caverneuses, atmosphères sombres. L’esthétique reste fidèle aux racines du genre, avec une production volontairement rugueuse et une imagerie occulte.

Le groupe m’a surpris par leur énergie très directe et leur côté presque punk. La bassiste, rare dans ce style, a cherché le contact avec le public, tandis que le batteur impose un groove incroyable malgré le style. Les mid-tempos me renvoient également aux origines du style, même si globalement c’est très énergique. Loin des clichés figés qui peut parfois être proposé par la scène Black, la proposition de Gorgon est propre, énergique, et étonnamment accessible.

Witches :

Pour les incultes (comme moi) qui seraient passé à côté des Witches fondés en 1986 par Sibylle Colin-Tocquaine (oui la sœur de Alex d’Agressor…) au chant et à la guitare, est une masterclass de Thrash Old School.  Et cette réputation, on la retrouve sur scène ! Quel fessée nous allons prendre ! Les musiciens sont impressionnants de vitesse et de facilité d’exécution. Que ce soit derrière les fûts, aux niveaux des guitares ou de la basse, il y a des moments où la vitesse d’exécution est juste folle !

Là encore lorsque l’on possède une telle histoire derrière soi, le set se nourrit de morceaux emblématiques mais aussi de brûlots récents, nous pouvons ainsi apprécier que le groupe ne lâche rien depuis bientôt quatre décennies… Et c’est bien grâce à la rage intacte de Sibylle, pionnière elle aussi, qui a électrisé la salle. Il existe bien quelques moments plus calme grâce à l’apport de quelques samples et des ruptures rythmiques pour apporter un peu de contraste, mais l’essentiel est présent : un Thrash pur, rapide, sans concession. Finalement c’est la conclusion idéale à cette soirée, aussi brutale que jubilatoire.

Ce Vars Attacks 2025 nous a offert un panorama riche et contrasté. Le festival est rodé et a encore prouvé qu’il existe des initiatives locales qui ont quand même de la gueule, un festival à taille humaine, mais avec une âme immense. Un grand bravo à Fred et à toute son équipe, vivement l’année prochaine.

 

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