Direction l'Atabal, très belle salle de concert située proche de la gare de Biarritz, pour y voir un groupe que j'affectionne tout particulièrement, les californiens de Touché Amoré. Une petite pluie fine sert de comité d'accueil, nous sommes bien en terre basque. Cela se confirme avec le public où l'on entend parler autant français qu'espagnol ou basque. C'est sur ce plan que l'emplacement géographique de cette salle prend tout son sens, permettant de ratisser un public large.
Découvrant le lieu, nous arrivons directement face au merch. Sur la gauche un grand bar et à droite une mini expo arty sur le thème du surf, Biarritz oblige. Des studios de répétition semblent disponibles et la salle située de fait derrière le bar se révèle très sympa, très large. Au bar on trouve des pintxo et une très bonne bière locale. Le seul souci semble que l'entrée et la sortie se fassent très majoritairement au même endroit par la droite de la salle intérieure ce qui génère quelques flux de public gênant de fait l'accès à l'intégralité de l'espace public. Rien de bien méchant et globalement l'endroit fait très belle impression car très bien agencé.
Trauma Ray
La première partie est assurée par un quintette nous venant de Fort Worth, Texas. Cela s'entend vite car lorsque le chanteur s'exprime, pour tout dire on n'y comprend pas grand-chose. Trois guitares, une basse et une batterie pour un groupe proclamant œuvrer dans un slow-core tendance shoegaze. Il y a aussi un petit quelque chose de post-grunge dans les intros avant que des murs de guitares ne prennent le pas. Entre mélancolie brumeuse et riffs bulldozer, Trauma Ray installe de belles ambiances post et si le groupe pêche un peu sur la (non) communication et un certain manque de mobilité, le rendu d'ensemble est plutôt sympa, efficace, bien interprété et lance bien la soirée. On conseillera leur premier album Chameleon que ces trois quarts d'heure m'ont donné envie de découvrir. Preuve que le job a été bien fait.
On pense alors à la traditionnelle pause entre les groupes mais apparemment, les choses se passent autrement en terre basque...
Kill!Kill!Diana
... C'est que dans un coin devant la partie bar, nous avions bien noté des instruments de musique dès notre entrée mais nous étions loin d'imaginer qu'un groupe allait s'y produire sitôt la première partie finie... Rapidement, les musiciens de Kill!Kill!Diana s'installent et déversent un post-hardcore bien énergique. Il s'agit d'un groupe local, de Bayonne précisément.
(J'en profite pour ouvrir une parenthèse. Comme en ces pages nous sommes un site de musique et non de rugby, je me permets ce raccourci. Si nous avions été un site dédié au ballon ovale, jamais je n'aurais osé associer Biarritz et Bayonne avec une telle désinvolture. C'est que l'antagonisme entre ces deux clubs est un classique de fin de soirée pendant les férias se finissant souvent à coup de poings. Fin de cette inutile parenthèse.)
Proposant des riffs furieux dans une ambiance post hardcore, le groupe anime l'inter-show dans la joie, la fureur et la bonne humeur. Tant pis si l'accès au bar devient de fait quasi mission impossible, l'atmosphère est cool, et ce nouveau groupe bayonnais qui a déjà un premier EP à son actif a les moyens de se faire remarquer. Festif et original. Quoique sacrément bordélique mais c'est l'esprit.
Touché Amoré
J'ai omis de préciser que la salle est bondée, que le concert a attiré et c'est une bonne nouvelle. C'est que le dernier disque du groupe est excellent, doté d'un très gros single, il semblerait donc que Touché Amoré ait retrouvé une très belle dynamique.
Un bel artwork sera le seul élément de décor car pour le reste, Touché Amoré fait sobre. Pas de bande d'intro, le groupe débarque et envoie direct Nobodys, premier morceau du nouvel album. Et la magie opère d'entrée avec cette superbe mélodie, très indie qui fonctionne à fond et immerge dans l'univers du groupe. A peine le temps de remarquer qu'on ne trouve pas Elliot Babin derrière les fûts sans que je n'en aie trouvé la raison. J'ai eu beau farfouiller sur la toile, aucune info à ce jour en espérant que tout aille bien.
Le show passe incroyablement bien, le groupe part pied au plancher sans jamais relâcher la pression. Les hits du groupe font un carton (Reminders, Rapture, Hal Ashby), le public est dedans, ça chante ça participe. La récente réédition de Is Survived By est intégrée par le groupe qui met en valeur l'intégralité de sa discographie où on ressent vite que du furieux post hardcore des débuts a vu ensuite naître un style plus mainstream. On a toujours ce sentiment d'écouter un New Order boosté à la sauce punk. Les très belles guitares ne sont pas pour rien avec ces mélodies d'une mélancolie magnifique (Disasters, Hal Ashby). Quel job de la paire Clayton Stevens - Nick Steinhardt ! La rythmique n'est pas en reste, ça suit et ça groove. Quelle musique de qualité nous offre le groupe de Los Angeles.
Et puis il y a cette voix, ce Jeremy Bolm. Voix écorchée iconique et si marquante et attachante, charisme radieux sur scène, le frontman assure un super job, tient sa scène. Le show passe à une allure folle et lorsque le chanteur annonce qu'il ne reste que deux morceaux, on se rend compte qu'on n'a pas vu le temps passer. Le morceau Force Of Habit ne m'avait pas convaincu sur le dernier album, sa version live à peine plus et ce sera la seule petite baisse de rythme de cet excellent show par ailleurs remarquable.
Flowers & You vient achever une salle conquise. Quel titre ! Mélodie imparable, rythmique démente, chant expiatoire juste magique débouchant sur un refrain hyper accrocheur, d'une beauté sidérante. Touché Amoré à son meilleur et cette ligne vocale mise en avant par le groupe "It Was Time This Whole Time". Le rappel Limelight touche encore au sublime avec encore un refrain percutant et un final fédérateur. Un show d'une immense qualité d'un groupe passionnant dont la formule mélangeant mélodies amères 80's et dynamisme 00's fait toujours mouche. Un concert dont on ressort avec le sourire.