Groupe:

Igorrr + Master Boot Record + Imperial Triumphant

Date:

02 Octobre 2025

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Etrange soirée dans le cadre d’une étrange semaine avec au programme des groupes à l’offre musicale pour le moins décalée. C’est que mon plan initial c’était de monter à la capitale pour voir Parkway Drive, groupe que j’adore. Sauf que voilà entre urgences professionnelles, modifications de calendrier, me voilà dans l’impossibilité de me rendre au Zénith de Paris. Où l’excellente Lydie était présente et nous fera un report de feu. Je n’ose parler de consolation avec le show d’Igorrr ce soir au Bikini. L’arrière-saison est comme chaque année un régal, le patio extérieur est envahi, la soirée sincèrement ne se présente pas si mal en fait. Le groupe (projet ?) Igorrr rencontre un succès épatant car la salle affiche complet ce qui est une belle réussite. Je le confesse d’entrée, je n’avais jamais entendu une seule note de ce groupe cher au cœur de Jean-Mich’Hell à qui j’ai bien pensé pendant cette soirée tant toute l’offre musicale semblait faite pour lui. C’est donc une vraie découverte pour moi. J’ai bien essayé d’écouter en amont mais le dernier Amorphis vire à l’obsession chez moi et je peine à m’en détacher … Tout ça pour dire que je ne suis pas forcément dans l’endroit où j’aimerais être, que je n’ai pas bien fait mes « devoirs » mais qu’en fait tout ne va pas si mal ... C’est parti pour une soirée pleine de surprises.

Imperial Triumphant

Je les avais aperçus sans leur masque lors de la signing sesson assuré par leurs soins lors du dernière Motocultor mais je ne les connais que de nom. Bon le black c’est pas mon truc, aussi avant-gardiste soit-il. Le trio porte des masques en mode cérémonie « noire », j’ignore pourquoi j’ai pensé au Eyes Wide Shut de Kubrick (enfin si je sais le groupe a projeté des images de Barry Lyndon – quel film !!!!). L’atmosphère est donc au rituel pas gore. Non c’est « noire » mais classieux. La musique je l’ai dit c’est pas pour moi mais ça se laisse « écouter » (si j’avais cru écrire ça un jour concernant un groupe de black metal). Les ambiances sont posées, la scène reste un peu trop éclairée pour le style et les musiciens qui n’hésitent pas à se déplacer paraissent tout de même un peu à l’étroit avec le matériel de la tête d’affiche ne leur laissant qu’une moindre place. 

Je reste sceptique de la capacité du chanteur à sortir cette grosse voix typique black mais c’est un détail et je me pose sans doute trop de questions. Le groupe nous sort un mini happening avec un trombone enflammée, une bouteille de champagne (mousseux ?) ouverte en mode Grand Prix de Formule 1 (avouez cette comparaison vous ne l’attendiez pas ?). C’est sympathique, ça renforce l’idée de cérémonie ritualiste et le groupe est à louer pour sa volonté de proposer un peu de show (projections à l’écran géant) ce qui pour une première partie est sympa. Malgré mes réserves récurrentes sur ce style, Imperial Triumphant a bien fait le job, bénéficié d’un public attentif et ce malgré la tentation de profiter de l’extérieur, incroyablement agréable.   

Master Boot Record

Je n’avais jamais entendu parler d’eux et je m’en vais vivre un chouette moment. La salle est copieusement remplie pour le groupe d’Indus italien qui nous vient de Rome. Le projet est épatant. De la musique pour nerds avec vieux PC sur scène, projections d’images avec le vieux système DOS (ce Bleu ça vous renvoie plusieurs décennies en arrière), des vieux jeux type Doom. C’est ouvertement nostalgique / régressif et c’est super bien fait. Musicalement, c’est de l’indus instrumental, ça riffe bien avec des guitares qui sonnent comme des synthés avec une surcouche numérique (forcément !). Ça le fait super bien, les deux guitaristes sont excellents, les doigts se promènent avec agilité et on se croirait revenus dans les 80’s avec les balbutiements de l’Informatique. 

Petit aparté : j’en ai aussi profité pour apprendre que « le master boot record ou MBR (parfois aussi appelé zone amorce ou enregistrement d'amorçage maître[1]) est le premier secteur adressable d'un disque dur (cylindre 0, tête 0 et secteur 1, ou secteur 0 en adressage logique) dans le cadre d'un partitionnement Intel. Sa taille est de 512 bytes. Le MBR contient la table des partitions (les quatre partitions primaires) du disque dur. Il contient également une routine d'amorçage dont le but est de charger le système d'exploitation, ou le chargeur d'amorçage (boot loader) s'il existe, présent sur la partition active ». (Source Wikipedia). Voilà si quelqu’un a compris cette phrase, alors c’est très probablement que je me suis mal exprimé. 

Le concept est donc hyper abouti, on a certes un peu l’impression d’écouter le même morceau mais ça le fait vraiment bien, les envolées guitares synthétisées sont chouette, délicieusement régressives avec ces sonorités bien datées. Il y a quelques gros riffs aussi qui font bouger quelques nuques. Il y a un côté synthwave même si le groupe semble rejeter cette étiquette. Une bien belle découverte et un bon délire. 

Igorrr

Alors que la scène se prépare gentiment, les échanges via whatsapp sont féconds avec une Lydie impatiente de voir débarquer Parkway Drive de son côté sur fond de Hard FM. De mon côté j’ai eu du Megadeth toujours aussi plaisant mais franchement inattendu dans le contexte d’une soirée où les looks sont assez marqués avec un vrai côté metal industriel. Avant Igorrr, l’ambiance passe au baroque avec un piano typique du genre. La scène est bien décorée avec deux kits de batterie (enfin un « vrai » et un équivalent permettant d’assurer des rythmiques bien solides). Très vite, des battements de cœur se font entendre s’accélérant jusqu’à la venue du groupe débarquant au compte-gouttes. Très vite Marthe arrive avec son chant lyrique. J’avoue accrocher direct aux riffs de guitare de Martyn Clément qui écrasent tout sur leur passage. Le côté breakcore est impressionnant. Le chant alterne entre Marthe et les vocaux plus musclés de Gautier Serre et JB Le Bail. L’ensemble est remarquablement éclairé avec des lights somptueuses, des dominantes rouge sur la première partie du concert avant de basculer sur du blanc, la robe de Marthe accompagnant les couleurs.

Le concert passe très bien entre gros riffs, ambiances baroque. La formule du groupe décontenance mais se révèle parfaitement cohérente même si dans la continuité des remarques de Jean-Mich’Hell, on retrouve des gimmicks et même si le tout récent album Amen est peu représenté au bénéfice de Spirituality and Distortion. L’ensemble reste très compacte et parfois on peine à différencier les titres car il y a un style, un univers cohérent. Ça fonctionne à fond, le groupe ne communique quasiment pas, enchaine avec des transitions très bien travaillées et le spectacle proposé est d’une fluidité remarquable. Un chouette show dans un Bikini blindé qui s’est régalé. Personnellement, j’ai apprécié la découverte et recommande volontiers ce groupe en live. 

Là-haut, Lydie nous partage l’incroyable show vécu avec ces australiens tant estimés en nos pages. Idem de mon côté avec une soirée découverte aux confins de l’étrange avec des groupes créatifs et dotés d’univers d’une cohérence absolue et d’une grande originalité. Nos scènes sont sacrément vivantes et dynamiques et le public suit. Ça fait vraiment plaisir. Une belle soirée. 

Setlist
Daemoni
Spaghetti Forever
Nervous Waltz
Blastbeat Falafel
Downgrade Desert
ADHD
ieuD
Hollow Tree
Polyphonic Rust
HEADBUTT
Infestis
Himalaya Massive Ritual
Viande
Pure Disproportionate Black & White Nihilism
Silence
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Very Noise
Camel Dancefloor
Opus Brain

 

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