Notre petite équipe (qui s'est agrandi pour cette journée reine) a profité d'un très bon repas (merci Jean-Mich'Hell et Fanny pour l'excellent accueil !) et nous voilà de retour sur Cercoux. Le ciel est bleu, il fait chaud (c'est annoncé bien pire le lendemain). Les petits nouveaux qui découvrent ce Fest ont déjà pris leurs repères sur ce site très bien agencé. Armés de nos running-order, nous partons à l'assaut de cette journée pleine de promesses. Black’n Red (Jean Mich'Hell) J’avais eu le plaisir de découvrir Black’n Red au Vind’Hell Fest il y a quelques semaines, ces Angoumois proposent un hard blues rock crasseux et énergique à souhait, quoi de mieux pour une remise en selle en ce samedi qui s’annonce chaud dans tous les sens du terme ! Il se compose de Cyrdum's à la guitare, de So au chant, Jbud à la basse et de Timoboy derrière les fûts. Leur Rock teinté de Blues s’appuie non seulement sur une base rythmique solide mais également sur des solos virevoltants et surtout sur l’énergie totalement débordante de So la frontwoman branchée sur 220V. Entre sa voix qui se rapproche de Janis Joplin, sa manière d’aborder le public et de mettre en place un madison en plein milieu du pit, la demoiselle sait y faire et manifestement aura réussi à se mettre le public dans la poche ! Setlist : Black ‘n’ Red Virtual Reality No Name Betrayal Round Around Fire And Stone Wandering Mind Without Sex Control Free Blues All About Rock’,’Roll Theorem (Jean Mich'Hell) Black’n Red nous aura donné de l’énergie, et alors que dire de Theorem qui va nous déverser un flot incessant de puissance en mode Metalcore bien huilé ! Peut-être connaissez-vous, si vous lisez mes chroniques, mon aversion au metalcore moderne que je trouve stéréotypé et qui n’est plus qu’une caricature d’un style qui avait pourtant de quoi s’ouvrir des horizons bien plus glorieux ! Eh bien avec Theorem, que nenni, les Bordelais ont leur patte et leur savoir-faire qui sort des sentiers battus. Le spectre musical, même s’il est typé Metalcore, n’est pas forcément très standard, entre passages shred, les solos qui sonnent Maiden et un sens du contrepied, bravo messieurs d’éviter les recettes toutes faites qui sont devenus légion. Et puis les mecs donnent. Avoir une telle énergie avec une telle chaleur c’est tout simplement remarquable ! Il y a de la vie sur cette scène, ça saute, ça court, ça jumpe et même le bassiste avec ces belles locks peroxydées disparait de la scène pour mieux réapparaitre sur le bar de l’autre côté du site et harangue la foule comme un beau diable. Theorem a manifestement pris un sacré kif sur scène, et nous l’a transmis. Setlist : Scorpio The Distance Gaia Virgo Mach Kronos Libra Gemini Total Eclipse Fhorce (Ced12) On reste dans la Cité du Vin pour une nouvelle dose metal / hardcore, voilà le programme. Corentin Lagrue (basse), Julian Deana (batterie), Christopher Legrand (chant), Victor Roger (guitare) et Louis Seguin (guitare mais aussi au soutien de Christopher au chant) ont uni leur force et ont déjà cinq singles et un EP (Needles) à leur actif. Ça ne chôme donc pas chez les Fhorce à l’imagerie bien hardcore. C’est assez brut de décoffrage, ça ne fait pas semblant et les Fhorce proposent un metal / hardcore puissant qui envoie la sauce. Rien de très original mais un job bien fichu. On attendra du groupe d’affiner son style mais les bases sont bien présentes. Setlist : Struggle Bringer Of Death The Hunted Ft. Arthur Alternatif Shattered Reflection Face The Storm Boundless Strength Truth Lost In Chaos Merciless Kill Akiavel (Philippe) Aujourd'hui le sud est en force sur le site du Festival 666 car Akiavel et Heart Attack deux groupes majeurs de la région P.A.C.A vont s'y produire. C'est Akiavel qui va fouler la Bad Motherfucker Stage en premier. Comme au Hellfest là où je l'ai vu la dernière fois, le groupe commence par The Witness et encore une fois Auré scotche tout le monde sur son premier growl, j'ai beau être habitué cela me remue toujours autant. Le quatuor enchaine les brûlots avec Bind Torture Kill, My Lazy Doll, Pentagram Tattoo, Zombie, Souls of War... Auré comme d'habitude prend du plaisir en martyrisant Jay (basse) et Chris (guitare) leur tournant autour, faisant semblant de les égorger ou de les étrangler, le public est réellement envouté par la captivante frontwoman. Ce qui a de bien avec les musiciens d'Akiavel c'est qu'il n'y a pas de triche, ils donnent tout sur scène grande ou petite affluence ils sont les mêmes ! Et ça le public le ressent très fort car même sous une chaleur écrasante lui aussi se donne à fond. C'est donnant donnant en fait ! L'avoinée continue sous les coups de boutoirs de Butch qui annonce Kind Of Riquiem. Encore une tuerie ! La température est toujours aussi écrasante et Auré voulant nous achever annonce le morceau Burn mais nous aussi on est des guerriers, tout au long du set se sont enchainés slam, headbang, circle pit et ce n'est pas avec Cold le dernier morceau que nous allons descendre en température. Sur ce titre le groupe fait monter deux gamines sur scène qui après avoir growlé avec Tata Auré, participeront à la photos finale avec le groupe. Donc c'est la fin, Akiavel n'a pas usurpé sa réputation de killer sur scène, on s'est pris une énorme branlée ! Vu l'ovation en fin de set et la ferveur qu'il y a eu jusqu'en fin de soirée à leur stand de merch, je pense que le public a été ravi de cette énorme prestation. Setlist : The Witness Bind Torture Kill My Lazy Doll Pentagram Tattoo Souls Of War Zombie Kind of Requiem Burn Cold Koritni (Ced12) Jean-Mich’Hell m’avait briefé, ici on aime proposer chaque jour un groupe de hard rock. J’avoue trouver cela un peu incongru vu le reste de l’affiche mais pourquoi pas, il en faut pour tout le monde et cela semble être un principe fort et intangible de ce Fest. Dans une journée bien vénère, on a donc droit à Koritni valeur sûre du hard rock australien. Il est vrai que Koritni a aussi une dimension cocorico (c’est important en cette trêve olympique) car nombre de musiciens français sont passés donner un coup de main à Lex Koritini, grand chambellan de ce groupe aux affaires depuis 2006 et la séparation du groupe Green Dollar Colour. Vrai savoir-faire ici avec une formation 100% classical hard rock qui connaît son job et le fait très bien. Reste qu'ainsi positionné entre un groupe death et un groupe thrash, l’adaptation est un peu rude mais c’est rock comme il faut, les clichés du style sont bien là. C’est sympa, léger. Ni plus ni moins. Je persiste à trouver un peu étrange de tels décalages d’offre sur ce genre de Fest et ce n’est pas la qualité du groupe ici mise en cause. Un amuse-bouche agréable et inoffensif avant la reprise des choses sérieuses qui aura plu aux fans de hard-rock tant Koritni en est actuellement un de ses meilleurs représentants. Setlist : Mercury Blues (David Lindley cover) Down at the Crossroads Back For More By My Side Game of Fools Funny farm Red Light Joint No strings attached Expectations Seal the deal Born to lose Under the Overpass Tush (ZZ Top cover) Let's Go Crazy Heart Attack (Philippe) J'ai essayé de rester pour Koritni, car le groupe aime bien le sud de la France, j'ai pu les voir plusieurs fois à Peymeinade ville organisatrice du Tribal Fest que l'on a souvent couvert avec le webzine. Mais une envie pressante de me désaltérer me fait tourner le dos à la scène et après j'ai préféré aller saluer les musiciens d'Akiavel à leur stand. Puis je me replace devant la Bad Motherfucker Stage qui va accueillir Heart Attack, mes Pitchouns ! Pitchouns veut dire enfants en niçois, je les surnomme comme ça car je les suis depuis plus qu'une dizaine d'année (tous line-up confondus) et je les ai vu grandir et évoluer. Kevin est mon osthéo, Chris et Will je les ai connu grâce à leur ancien groupe Moghan Ra puis le dernier venu Antoine depuis le premier album de Swarm son autre projet... Mais pardon je suis pris par l'affect, revenons à l'essentiel la musique ! Ritual résonne sur Cercoux, les quatre musiciens entrent avec un masque à l'effigie du personnage de la pochette de Negative Sun leur dernier album en date, l'intro terminée Heart Attack se démasque et envoie Septic Melody, Take Your Pride Black, Burn My Flesh une belle série de titres qui déchirent, devant nous sommes nombreux et déjà bien chaud ! Kevin lance "666 nous sommes Heart Attack" et dès le titre suivant Wings Of Judgement les pogos, headbang, circle pit, slam s'enchainent. L'ambiance est telle qu'on a vu un gars de la sécu slammer, je ne me rappelle plus si c'est sur The Messenger ou When The Light Dies Down, on eu droit aussi à un beau wall of death. On arrive bientôt à la fin du set Kevin demande à tous de se mettre accroupis et d'attendre le signal pour sauter mais au première note de Fight To Overcome tout le monde est debout. Finalement, la deuxième tentative sera la bonne tout le monde jumpe dans un joyeux bordel. Le show se termine sur Negative Sun on est sur les genoux ! Mention spéciale à Antoine qui en quelques mois a su se fondre au collectif et apporter un plus scéniquement. Que dire sans me répéter encore un fois... Puis tant pis, ce sont mes Pitchouns pas vrai, encore une fois les musiciens de Heart Attack ont tout donné, à chaque sortie ils sont meilleurs et déchirent tout. Encore une fois ils sortent sous les ovations. Une grande partie du public est unanime quand on demande quel show il a préféré le nom de Heart Attack et aussi celui d'Akiavel ressortent dans leur top five. Pour conclure dans le sud on n'a pas beaucoup de concert, mais le talent est là ! Setlist : Rituals (intro) Septic Melody Take Your Pride Back Burn My Flesh Wings Of Judgement The Messenger When The Light Dies Down Fight To Overcome Negative Sun Benighted (Jean Mich'Hell) Je l’ai dit aux collègues tout au long du weekend : « le créneau de 20h15 c’est le mien ! » Les trois groupes des trois soirs devaient être les points d’orgue de ces journées, mais Benighted aura été le point d’orgue du weekend pour plein de raisons. Tout d’abord, toujours aussi accessible et agréable, les mecs se sont baladés et ont pris plaisir à s’arrêter, discuter, prendre des photos à droite à gauche, soutenir les copains d’Akiavel… Bref, des artistes détendus, qui viennent juste partager un festival. Et ensuite quel show ! Le festival n’a jamais aussi bien porté son nom ! Les portes de l’enfer se sont ouvertes pour déverser un déluge de décibel d’une violence et d’une intensité inouïe ! Le dernier album en date Ekbom a été particulièrement bien accueilli, c’est largement mérité et j’avais hâte de voir la retranscription sur scène. Autant vous dire tout de suite que ça a dépoté ! L’intro Prodome en guise d’ouverture tout en « douceur », puis comme sur l’album Scars enchaine, et c’est parti pour une petite heure en apnée car le groupe ne nous lâchera plus ! Le démontage de la Hateful Stage est alors en cours, avec des titres comme l’excellent Implore The Negative, le 407 BPM de Nothing Less To Fear et son anecdote avec Archspire, ou bien la conclusion Let The Blood Spill Between My Broken Teeth qui conclut toujours les shows de Benighted, c’est l’apocalypse ! Julien aura même fini sur les barrières afin d’aller chercher le public, afin qu’il fasse transpirer la sécu ! Pari gagné, ce sera le pit le plus énervé du weekend ! BOUM ! Setlist : Prodome Scars X2Y Reptilian Slaughter / Suicice Nothing Left to Fear Implore the Negative Fame of the Grotesque Nails Ekbom Metastasis Martyr The Starving Beast Cum With Digust Let the Blood Spill Between My Broken Teeth Zeal & Ardor (Ced12) Très belle programmation du soir avec trois formations de grande valeur. Oui, le Jean-Mich’Hell a raison (bien que nous ayons nos sympathiques désaccords musicaux, cela reste assez fréquent ! 😉), nous sommes bien devant un festival qui monte avec une vraie programmation internationale après 21h. Et ce soir, c’est du très lourd. Zeal & Ardor c’est une des grosses curiosités du Fest depuis le succès inattendu de cet improbable mélange entre black metal et gospel. Le groupe a depuis affiné sa formule tout en augmentant en qualité. Décidément tout est chamboulé en cet été 2024 entre une France qui épate le Monde par sa qualité d’organisation et des suisses qui … arrivent en retard sur scène. On en perdrait presque ses certitudes. De fait Manuel Gagneux qui s’en excusera auprès du public parlera peu et le groupe a dégainé les petits bijoux. Je suis toujours perturbé par ce groupe dont le savoir-faire est juste épatant sans que je ne sache trop expliquer ce qui me plaît. Toujours accompagné de Denis Wagner et Marc Obrist aux chœurs apportant beaucoup d’ampleur et de solennité à la prestation du groupe, Zeal & Ardor dégaine de sacrés gros riffs qui font un gros effet. Je les avais déjà vus une fois en live et je me suis refait le même constat avec leur show. On est comme projeté dans un monde où la notion de temps est abolie. L’univers est très riche, envoûtant, c’est un régal on est happé même si ça tape dur avec des riffs bien coriaces mais magistralement amenés ne les rendant que plus puissant. Zeal & Ardor qui doit revenir dans quelques semaines avec un nouvel album est un groupe épatant, très original et qui a fait l’unanimité. Nous nous sommes d’ailleurs fait la remarque que c’est le groupe qui aura eu le « plus » de public. Un excellent show magnifié par la nuit tombée offrant un écrin noir à une musique lumineuse. Absolument remarquable. Setlist : Church Burns Götterdämmerung Row Row Ship on Fire Blood in the River Run Gravedigger's Chant We Can't Be Found Tuskegee Erase Death to the Holy Trust No One Don't You Dare Devil Is Fine J-M-B Feed the Machine I Caught You Baphomet Born Of Osiris (Ced12) Allez savoir pourquoi, mon cerveau quelque peu dysfonctionnel avait associé Born Of Osiris à Cult Of Luna. Problème, ça n’a à peu près à voir. A ma décharge, je ne connaissais pas la musique des américains qui œuvrent dans un deathcore / metal progressif de très belle facture. Et le début du concert s’est avéré un peu étrange. Aucun problème avec la musique, excellente, mais le groupe y est allé très fort avec un light show à déconseiller aux épileptiques. Avec des effets stroboscopiques incessants, nous avons dû déserter le parterre centrale pour aller sur le côté et ainsi ne plus subir ces attaques visuelles inconfortables. Ce sera le seul grief sur ce show car hormis une pause liée à un problème technique sur la batterie, j’ai adoré ce concert. Les motifs de guitare m’ont étonnamment fait penser au groupe Napoleon (à recommander pour se réconcilier avec le metalcore) et si mes collègues ont trouvé la formule répétitive avec un jeu de guitare aux motifs trop récurrents, j’ai pour ma part passé un super moment. Idem avec ce chant très profond donnant beaucoup de puissance à l’ensemble. Born Of Osiris (qui n’a au passage rien à voir avec un Nile où la dimension égyptienne est assumée, valorisée et intégrée) m’a aussi fait penser à Heaven Shall Burn accumulant ainsi les références classieuses à mes yeux. Un excellent show pour ma part malgré les lights et le problème technique pour une belle découverte live, de celles qui font plaisir en festival. Et en plus, le très (très) gros morceau du jour reste à venir faisant de cette fin de deuxième journée un moment haut de gamme. Setlist : Open Arms To Damnation Divergency Bow Down Elevate Empires Erased Angel or Alien White Nile A Mind Short Circuiting Abstract Art In Desolation Machine Jinjer (Jean Mich'Hell) Pour conclure cette soirée, faites place au phénomène Jinjer ! Ce groupe très hype de par son style très technique et moderne, sa charismatique chanteuse mais également de par la situation de son pays d’origine en font un concert très attendu, même s’il me semble qu’il y avait plus de public pour Zeal & Ardor… Je prends toujours quelques notes au cours des concerts parce que je n’ai pas toujours la mémoire fraîche, et j’avais noté un seul mot pour ce concert « cool ». Pourquoi un seul mot, ben tout simplement parce que je me suis laissé complétement happé par Jinjer à ma grande surprise. Tout d’abord, le choix des titres était assez ouvert par rapport à leur discographie, j’ai pas mal écouté King Of Everything et il a été bien représenté ce qui a contribué à mon immersion. Ensuite, la qualité des musiciens est proprement incroyable, ils m’ont tous époustouflé, car oui contrairement au Hellfest 2022, j’ai pu voir de près ce que font réellement leurs petits doigts boudinés sur un manche et autant vous dire qu’ils n’en sont pas. Et par conséquent, le batteur ne peut également pas être un bidon… Et puis il y a Tatiana, la belle arrive en tenue de Petit Chaperon Rouge et va nous éclabousser de toute sa classe pendant tout le concert. Elle est si à l’aise vocalement sur le chant que sur les growls, elle enchaine les transitions avec une aisance incroyable. Et même si elle capte pas mal la lumière, elle sait se faire discrète et laisser aussi la place à ses collègues. Finalement l’ensemble de se prestation aura été à l’image de discours sur la situation en Ukraine : classe, sobre et efficace. Bref, Jinjer c’était cool… Setlist : Just Another Sit Stay Roll Over Ape Retrospection Someone’s Daughter I Speak Astronomy Pisces Pit of Consciousness Perennial Fast Draw On the Top Call Me a Symbol Vortex Dead Hands Feel No Pain Mediator Final explosif d'une journée particulièrement dense qui aura tenu ses promesses. Le retour est tardif après une journée enchanteresse. Le sommeil est vite trouvé avec encore une troisième journée très solide à venir.
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