Groupe:

Lamb Of God + Kreator + Municipal Waste

Date:

27 Fevrier 2023

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

ced12

Longtemps attendue, maintes fois reprogrammée, cette co-tête d’affiche, démente sur le papier, a enfin lieu dans un Paris certes ensoleillé mais glacial en ce cœur d’hiver 2023. Week-end assez génial pour le public parisien, Gojira a joué le samedi soir à Bercy lors d'un concert blindé confirmant l’incroyable destin du groupe landais devenu un Géant du Metal, ce qui pour celles et ceux qui les ont vus à leurs débuts génère une belle joie. Cela représente aussi un sacré accomplissement pour l’excellent job fourni et l’impressionnante montée en puissance du groupe. Bon, cette date a également confirmé que Bercy était aussi la bête noire des ingé-sons metal, phénomène certes pas nouveau mais toujours aussi frustrant (d’autant plus avec une telle affiche et une telle force de frappe). Cela reste un réel problème. Mais quelle réussite pour le metal français ! Alors ne faisons pas la fine bouche et réjouissons-nous !

Municipal Waste

Retour à la date de ce jour. Suite aux reports évoqués, les conséquences ont été multiples. Modification du groupe d’ouverture passant de Thy Art Is Murder à Power Trip avant que ce ne soit Municipal Waste, bien revenu avec un dernier album bien foutu, qui récupère cette première partie prestigieuse. Autre impact, le changement d’horaire. Avancé d’une demi-heure, Municipal Waste investit la scène à 18h30. C’est bien tôt et lorsque je rentre dans la salle (pour me protéger du froid extérieur en attendant le pote), j’ai la surprise de voir que les musiciens sont déjà sur scène. Le pote alerté par sms (ce qui a donné un laconique mais un peu autoritaire « magne-toi !! », me voilà attentif à ce groupe de thrash que je connais plutôt mal mais dont la réputation n’est plus à faire. Avec un thrash à papa old-school plutôt bas du front, Municipal Waste envoie douze titres en trente-cinq minutes, c’est dire si c’est mené tambour battant. Côté fosse, après un début timide (avec un parterre rempli d’un gros tiers au démarrage, ça n’aide pas), ça se dynamise, le public arrivant progressivement et la salle se remplissant. Wall Of Death, circle-pit quasi permanent avec un frontman haranguant une foule prête au combat, l’Olympia tremble avec toujours cette sensation de « ressentir » physiquement cette vibration depuis la fosse dont la pente inclinée permet toujours à tous les gabarits de bien voir la scène. Décidément une des meilleures salles que cet Olympia avec un son de qualité.

Si le chanteur en profite pour rendre un hommage émouvant au regretté Riley Gale feu-chanteur de Power Trip, il nous offre toujours de grands moments plus « légers », soulevant son t-shirt pour nous montrer son bide (pas très affuté le garçon !!) avec un effet assez surprenant pour qui ne connaît pas le groupe. Municipal Waste ne fait pas dans la finesse mais les artworks du groupe n’ont jamais envoyé un autre signal sur ce plan. Encore et toujours ce sentiment que toutes les compos se ressemblent mais ce serait malhonnête de nier l’aspect fun de ce show, et ce style "so 80’s" abordé ici sous son aspect le plus primitif. « Municipal Waste is gonna  f...  you up ». Basique à souhait mais fédérateur. Régressif mais ultra dynamique, ce show de Municipal Waste a mis tout ce petit monde en condition, échauffé les carcasses et permis d’accueillir une salle où, déjà, les allers retours entre bar et fosse sont incessants.

Setlist de Municipal Waste

Demoralizer
Breathe Grease
The Thrashin' Of The Christ
Poison The Preacher
Grave Dive
You're Cut Off
Sadistic Magician
Slime And Punishment
Headbanger Face Rip
High Speed Steel
Wave Of Death
Born To Party

 

Kreator 

Alors que le pote me demande qui passe ensuite, je pense que Lamb Of God va suivre mais c’est bien un immense drap noir avec le logo Kreator qui apparaît alors que la préparation de la scène bat son plein avec la classique agitation des roadies en plein job. Cette petite « erreur » (en est-ce bien une ? sourire) me vaudra quelques chambrages amicaux qui ne cesseront qu’avec la sono qui balance Run To The Hills pour annoncer le show des Allemands. Pour info, c’est I’m A Rebel d’Accept qui a été envoyé avant Municipal Waste. Oui nous sommes bien dans du old-school. Et Kreator est bien une référence d’un thrash estampillé 80’s. Le quatuor allemand avait repris du poil de la bête dans les années 2010 après une période plus discrète et c’est bien le dernier album qui est mis en avant d’entrée avec le morceau-titre et son excellent refrain. Les patrons du thrash allemand ce sont bien eux et ce sont d’ailleurs les seuls à parler d’égal à égal avec les références outre-Atlantique et ce malgré la retraite de Slayer (avant la réforme qui occupe notre pays en ce début 2023, bon sens du timing ce Tom Araya !!). Le groupe assure bien avec ses titres plus récents, plus fédérateurs, mais n’en oublie pas ses classiques thrash intemporels avec ses rythmiques si géniales (Enemy Of God en premier lieu et la terrifiante doublette finale !). La scène est bien travaillée avec différents backdrops proposés, des musiciens mobiles et dynamiques. Bien sûr, cocorico oblige, on se félicite de la très bonne intégration du longiligne Frédéric Leclercq qui touche un mot sympa au public (même si le trop souvent entendu « meilleur public de la tournée » passe de moins en moins bien chez l’auteur de ces lignes... bien que pour tout dire, ça l’amuse encore un peu). Le public du Hellfest s’en était rendu compte, il est impeccable dans son nouveau rôle. Mille Petrozza tient toujours aussi bien sa scène bien qu’un tantinet trop bavard à l’instar de tous ces frontmen allemands. Avec sa dégaine de surfeur souriant, Sami Yli-Sirniö continue d’exaspérer certains puristes mais assure toujours autant avec quelques soli bien exécutés. Une chanteuse (Sofia Portanet) intervient sur un titre sans que cela n’apporte grand-chose mais voilà c’est signalé. Je ne suis pas convaincu de la valeur ajoutée mais ce n’est pas désagréable pour autant et apporte un peu de variation. 

Les décors sont bien dark avec des mannequins empalés sur des pics sur les côtés de la scène et suspendus depuis le haut de la scène pour un rendu bien macabre qui n’aurait pas dépareillé dans des lieux médiévaux. Un très bon show des Allemands toujours au top et un public thrash enchanté (il fallait voir les sourires post-show) après ce chouette moment. L’aura de Kreator reste importante chez les puristes de cette scène, Kreator étant clairement l'un des chouchous de ce public.

Setlist de Kreator 

Hate Uber Alles
Hail To The Hordes
Awakening Of The Gods
Enemy Of God
Phobia
Midnight Sun
Satan Is Real
Hordes Of Chaos (A Necrologue For The Elite)
666 - World Divided
Phantom Antichrist
Strongest Of The Strong
Flag Of Hate
Violent Revolution
Pleasure To Kill

 

(Intermède : petit aparté sur un phénomène vu lors de la pause entre Kreator et Lamb Of God concernant l’attitude d’une petite partie du public. Dans le cadre du classieux Olympia, j’ai été surpris par certains comportements. L’accès aux toilettes est un moment stratégique avant le passage du groupe principal, surtout lorsque, comme ce soir, la bière a coulé à flots, mais là je n’avais jamais vu un tel foutoir, qu’on me pardonne la formule. Malgré la traditionnelle file d’attente, pas mal ont forcé, resquillant lamentablement et bloquant par là même l’accès pour ces dames alors que ce n’était pas la cohue de leur côté. Bien sûr, comme me le disait le sympathique gars à côté de moi, nous ne sommes pas « à la minute », cela n’a rien de bien grave mais voilà, le public metal m’a toujours épaté par son civisme et là, certains n’en ont vraiment pas fait preuve. Est-ce le public de Lamb Of God / Kreator ou un phénomène plus global ? Je n’en sais trop rien, c’est un ressenti d’un soir et allez savoir, c’est peut-être mon regard qui a évolué. Reste que je suis malheureux d’écrire ce passage quelque peu rabat-joie dans une soirée par ailleurs très réussie. Le metal dans son élitisme a toujours eu une audience bienveillante et là je l’ai moins senti. Attention, cela reste minoritaire la plupart des gens étant encore bien cool. Ce ressenti m’a cependant un peu interpellé et donné la crainte que l’on devienne comme d’autres publics bien moins agréables (suffit de converser avec des gars de la sécurité tous ravis de bosser sur les show metal). Qu’on me pardonne ce petit crochet et back to the show !
 

Lamb Of God

C’est donc Lamb Of God qui fait office de « tête d’affiche » même si les deux shows (1h15) sont équilibrés en termes de durée. Avec les Américains, héros du groove metal, c’est le pit qui va s’embraser. Outre des festivals, il me semble que cela fait un bail que LOG n’a pas joué en France et le groupe est très attendu. Et ne va pas être déçu. Le son est épais, bien gras, hyper compact avec un effet rouleau compresseur remarquable. La remarque vaut beaucoup pour les deux guitaristes Mark Morton et Willie Adler (celui avec la casquette). La rythmique est impériale, écrase tout avec John Campbell, cheveux blancs, basse à l’unisson et le batteur Art Cruz qui a repris le flambeau de Chris Adler. Mais c’est bien Randy Blythe qui accapare l’attention avec ses vocaux très puissants et sa présence très charismatique (avec son grand gabarit longiligne). Il en fait des bornes ce garçon, arpentant la scène en long, en large et en travers. On ne peut en dire autant de ses comparses plutôt immobiles ce qui engendrera un débat post concert avec mes camarades tous un peu sur la réserve quant à ce jeu de scène minimaliste des musiciens. Pour ma part, vu la puissance générale dégagée, cela ne m’a pas gêné mais je me range à l’avis de mes potes : oui un peu plus de mouvement général ne ferait pas de mal. Ce ne sont là que des détails tant la prestation globale a impressionné. L’ultra densité sonore, la qualité des compos, inventives avec quelques gimmicks bien repris par un public littéralement DECHAINE. C’est bien simple, le pit fait vibrer l’Olympia, les circle pits s’enchainent, ça bouge dans tous les sens, c’est un spectacle en soi. Le chanteur ne manquera pas de saluer cette bonne énergie (« wildest crowd of the tour » de mémoire, type de remarque sur lequel je me suis déjà exprimé) mais aussi le public pour sa patience après ses quatre reports. Une dédicace est faite à leurs potes de Gojira « qui ont joué par-là récemment ». Le chanteur fait aussi référence à sa mésaventure en prison en République Tchèque sur le titre 512 composé dans ces étranges et malheureuses conditions. La setlist déroulée est ravageuse, ça tape dur. 

Lamb Of God a délivré un gros show bien costaud, très en place et sans temps mort. Avec un peu moins de scénographie que Kreator mais un bien beau backdrop, LOG soigne ses visuels. Le rappel final, Redneck, voit un dernier déchainement d’énergie dans la fosse avant un final un chouilla abrupt... mais quel show démentiel ! Il a certes fallu faire preuve de patience mais la soirée est énorme avec trois groupes fantastiques, un Kreator au top et un Lamb Of God réellement à la hauteur de l’immense attente placée sur eux tant le groupe me donnait le sentiment de privilégier leur marché domestique. Il est vrai par ailleurs que Lamb Of God dégage quelque chose de typiquement américain (à l’instar d’un Pantera également économe de ses venues en Europe dans les années 90). Très belle soirée. 

Setlist de Lamb Of God

Memento Mori
Ruin
Walk With Me In Hell
Ressurection Man
Ditch
Now You've Got Something To Die For
Contractor
Omerta
Omens
11th Hour
512
Vigil
Laid To Rest
Redneck

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