Groupe:

Europe

Date:

14 Octobre 2023

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Bane

D'aussi loin que je m'en souvienne dans ma petite carrière de fan de hard rock, j'ai toujours bien aimé Europe. Comme pas mal de monde, je les ai découverts avec The Final Countdown, le méga tube ultra populaire. Quand j'ai commencé à écouter du hard, j'ai rapidement écouté l'album du même nom, un petit bijou ! Tout ça aurait pu s'arrêter à ça mais j'ai eu énormément de chance : en effet, au lycée, j'avais un pote hardos depuis des lustres qui m'a refilé pas mal de billes. Et il était fan d'Europe. Donc il m'a rapidement filé les deux premiers albums du groupe (ainsi que Bag of Bones et Last Look At Eden, les deux derniers sortis à l'époque de cette anecdote). Et me rendre compte que ce fichu groupe n'officiait pas que dans le rock presque pop mais qu'ils étaient surtout un p*tain de bon groupe de hard mélodique, ça a été un vrai bonheur ! Depuis ce moment, j'ai eu le temps de découvrir toute la discographie, forcément.

Un groupe pour lequel j'ai toujours eu énormément d'affection -notamment pour le jeu de Norum et la superbe voix de Tempest- mais pour lequel je n'avais jamais trop manifesté l'envie de bouger mes fesses pour les voir en concert. Jusqu'à cette année, pendant laquelle les affiches de la tournée ont pullulé dans Paris. Y'a eu maldonne, je l'avoue : je pensais que le groupe jouerait le premier album dans son intégralité. Et comme c'est mon préféré... Alors, quand on me propose de couvrir le concert à la Salle Pleyel pour le compte de nos estimés et pourtant inestimables lecteurs, je suis ravi d'accepter ! Petite déception cela dit : cette fois, je n'ai pas mon fougueux camarade Blaster avec moi, dommage.

Me voilà donc devant la fameuse Salle Pleyel, à deux pas de l'Arc de Triomphe, où je rejoins les dizaines de spectateurs qui attendent déjà. Du coup, je procède à ma petite analyse pseudo-sociologique : le public est quand même majoritairement composé de gens d'au moins cinquante ans. Mais, du haut de mes 26 printemps bien tassés, je suis loin d'être le plus jeune : rien que dans la file d'attente, j'ai eu la chance de discuter avec Arsène, neuf ans et déjà fan du groupe ! Trop cool ! Évidemment, et à mon grand dam, la majorité de mes camarades sont des profanes qui avaient le 45T de The Final Coundown et de Carrie dans les années 80 et qui viennent "découvrir" la formation sur scène ce soir. Un monsieur très sympathique avait qui j'ai causé dans la file m'a même confié qu'il n'était pas au courant qu'Europe avait sorti des albums après les 90's... Cela dit, je l'ai recroisé après le concert et il m'a précisé avoir adoré un paquet de chansons et vouloir creuser les albums qu'il ne connait pas.

Petit détour habituel dans mes reports : la salle. Première fois de ma vie que je visite la Salle Pleyel, dont j'avais entendu beaucoup de bien. Et je ne peux qu'être d'accord avec ces compliments parce que c'est une fantastique salle. Si ce fut un peu le cirque pour trouver ma place, rien n'étant indiqué correctement, l'endroit est très beau et très classieux. Peut être un poil trop, d'ailleurs, vu le prix des boissons. Pensez donc ami lecteurs : j'ai payé une médiocre Budweiser en gobelet onze euros... A part ça, rien à redire : j'étais confortablement installé, la salle est belle et le son sera absolument parfait !

C'est donc sans première partie et après un extrait du futur documentaire sur l'histoire du groupe que le concert commence. La salle est composée de places assises mais on ne va pas se mentir : à peine les premières notes de On Broken Wings résonnent et à la seconde où le rideau se baisse, la totalité des spectateurs -salle comble, je précise- se lève pour sauter et chanter. Nos fesses ne se reposeront sur les fauteuils qu'au moment de l'entracte. Mais pour l'instant, enthousiasme et excitation : les Boys sont là ! Et quelle classe, bon sang ! Claviers et basse à gauche, gratte à droite, batterie au centre et le grand, que dis-je, le géantissime Joey Tempest un peu partout à la fois. Quelle classe avec son veston bleu, quel charisme, quel chanteur !!! Mention spéciale pour son pied de micro, qu'il passera son temps à faire valdinguer dans tous les sens, lui faisant faire des saltos et compagnie, allant jusqu'à faire semblant de faire tomber le micro à plusieurs reprises. Très marrant, si vous voulez mon avis. Il n'arrêtera pas d'aller serrer des pognes aux rangs de devant et à prendre des poses un peu ridicules devant la batterie à la fin des chansons. Norum, guitar-hero mésestimé, est bien plus sage sur scène : pas question pour lui de faire le couillon, il est trop occupé à tout péter avec sa gratte.

Après cette ouverture bien pêchue -et que je ne connaissais pas-, le groupe décide de mettre toute la salle à ses pieds. Parce qu'après Seven Doors Hotel, un de mes titres préférés sur un de mes albums préférés, ils balancent le tube Rock The Night, la plus grungy Start From The Dark, la très belle Walk The Earth et Hold Your Head Up, nouveau single sorti quelques semaines à peine avant le concert et qui passe foutrement bien en live ! Que dire de plus : je suis à terre, quelle soirée de zinzin ! Le concert est mortel, la setlist est génial, le groupe tue tout ! J'avais, je l'avoue, un peu peur que la voix de Joey soit devenue un peu plus faible : il n'en est rien, ce monsieur est grand. Petit coup de mou me concernant quand la ballade bien niaise Carrie commence. Entendons-nous bien : je n'ai rien contre le fait qu'un slow ou deux se glisse dans la setlist. Quelques titres plus tôt, on a eu droit à une belle version de Dreamer et, plus tard, je serai ravi d'entendre Prisoners In Paradise. Mais j'aime pas trop Carrie. Cela dit, je suis bien le seul, parce que toute la salle chante de bon cœur. Comme pour se faire pardonner, le groupe enchaîne avec Stormwind, peut être ma chanson préférée de toute leur disco. Je suis aux anges, je crie de joie dès l'intro et je suis bien content de beugler le refrain comme un taré. Quelle chanson, mes amis, quelle chanson !

C'est donc après cet instant jouissif que le groupe annonce qu'ils vont faire une petite entracte d'une vingtaine de minutes. Et je suis un peu partagé la concernant : si j'apprécie le fait de pouvoir aller faire une petite pause et d'avoir l'impression de me faire deux concerts pour le prix d'un, j'avais un peu peur que le groupe et le public ne se refroidissent un peu, après cette heure et quelques de bonheur. Il n'en sera rien, dieu merci ! Nouveau petit bout du futur documentaire, dans lequel ils parlent cette fois du concert de la reformation en 2000. J'ai définitivement hâte de voir ce film, supposé célébrer les quarante ans du groupe.

Vous l'aurez vu sur les affiches et dans la setlist : c'est aussi le but de cette tournée. Leur fameuse "capsule temporelle", une tournée où ils reprendront des titres de chaque album. Vous pouvez vérifier, ils y sont tous (sauf, inexplicablement, Bag of Bones, qui n'est pourtant pas l'effort le plus honteux de la formation, loin de là). En plus de titres de tous les disques, on a droit au nouveau single, à la face B du 45T de The Final Countdown et à une reprise, dont on reparlera tout à l'heure. Et comme si ça ne suffisait pas, chaque membre du groupe prendra quelques instants pour discuter avec le public, soit pour parler de leurs quarante ans de carrière (parfois avec des erreurs le batteur nous expliquant par exemple que ça fait quarante ans qu'il tourne avec les mêmes gars alors que Norum ne joue pas sur deux des albums), soit pour raconter des conneries (mention spéciale à l'intervention de Mic Michaeli, le claviériste, dont l'intervention prendra carrément des allures de sketch et qui aura fait pleurer de rire les anglophones dans le public, moi compris).

Je vous dirais bien que, pendant l'entracte, je suis tombé sur le fameux pote hardos que j'évoquais au début de ce papier, qui m'a confié qu'il voyait Europe pour la septième fois et que, pour l'instant, c'était sa meilleure fois. Mais vous vous en foutez. Alors regagnons vite notre siège, la deuxième partie du set va commencer et sera tout aussi impeccable que la première : sérieux, reprendre les hostilités avec les monstrueuses Always The Pretenders et Ninja, ça devrait être interdit tellement c'est bon ! Tiens, en parlant de trucs "tellement c'est bon"... Sans prévenir, Tempest et Norum finissent par s'asseoir sur deux tabourets, en plein milieu de la scène, avec des guitares acoustiques, avant de digresser sur leur rencontre et sur le fait qu'ils jouaient quelques titres ensemble quand ils étaient jeunes, notamment Space Oddity, de David Bowie. Bon sang, les mecs, vous ne pouviez pas me rendre plus heureux qu'en jouant cette chanson, l'une de mes préférées de toute la musique. Superbe version, la chanson va super bien à Tempest. Petite frustration quand même de voir que 95% de la salle ne connaît pas la chanson... M'en fiche, moi, j'ai chanté à tue-tête.

Et les tubes continuent de s'enchaîner : Open Your Heart, l'inattendue Memories, Ready Or Not et son riff tellement efficace... Tiens, d'ailleurs, digressons. Le groupe a un peu fait évolué son style au fil du temps : si j'ai rapidement évoqué le fait qu'ils soient passé d'un hard mélodique à un rock très FM dans les années 80, leur retour aux affaires avec un rock très grungy avant d'aller vers des influences 70's -Zeppelin et Purple- est également tout à fait remarquable. Ce soir, donc, les titres hard étaient mâtinés de claviers et les titres plus FM se voyaient sacrément musclés par la guitare. Un superbe équilibre qui m'a permis de me rendre compte que les morceaux de Out Of This World, album que j'ai toujours trouvé un poil trop sucré, avaient surtout un problème de prod trop lisse et qu'il me fallait absolument réévaluer ce disque.

Personne n'est dupe : on sait tous que le concert ne finira par sur Superstitious. Donc quand les p'tits gars quittent la scène, on sait très bien qu'ils vont revenir. Je pensais qu'on n'aurait plus droit qu'à The Final Countdown, que j'attendais cependant avec impatience, mais non : début de rappel sur la géniale Cherokee, morceau que j'aime beaucoup, avant le moment que tout le monde attend. Et vous savez très bien duquel moment je parle... Forcément, la célèbre intro au synthé fout le feu à la Salle Pleyel, tout le monde chante, c'est jouissif ! Et, finalement, après plus de deux merveilleuses heures de musique, c'est terminé. Ils nous saluent et Tempest conclue le set par un "PUTAIN", qui nous fera tous bien rire.

Mince, c'est fini, j'en aurais bien pris une heure de plus... En plus, il manque quelques titres : un p'tit Farewell, Wings of Tomorrow, Danger On The Track et j'en passe, ça n'aurait pas fait de mal ! Et un titre de Bag Of Bones, aussi, pour vraiment célébrer la discographie entière ! Mais qu'importe. Le concert était génial, le groupe impérial, l'ambiance impeccable. Si je ne me faisais pas forcément une priorité d'aller voir Europe sur scène, j'attends maintenant leur prochaine venue avec impatience. Et je ne suis pas le seul, à entendre les retours de mes camarades qui sortent de la salle : cette "Time Capsule" aura convaincu tout le monde ! Bravo, les mecs et à bientôt !

Aparté : étant resté sur le trottoir devant les portes pour écouter les commentaires des spectateurs, j'ai recroisé mon pote susmentionné. Ce dernier était sacrément bien placé, dans les premiers rangs et a donc pu attraper en vol l'un des nombreux médiators que le groupe nous a balancé par poignées. Sauf qu'il a réussi à en récupérer deux, dont un dont il m'a fait don. Je suis donc l'heureux possesseur d'un médiator estampillé John Norum et ça, franchement, c'est la classe.

 

Tracklist de Europe :

01. On Broken Wings
02. Seven Doors Hotel
03. Rock The Night
04. Start From The Dark
05. Walk The Earth
06. Hold Your Head Up
07. Dreamer
08. War Of Kings
09. Vasastan
10. Girl From Lebanon
11. Carrie
12. Stormwind

Entracte

13. Always The Pretenders
14. Ninja
15. Prisoners In Paradise
16. Sign Of The Time
17. Space Oddity (reprise de David Bowie)
18. Last Look At Eden
19. Open Your Heart
20. Memories
21. More Than Meet The Eye
22. Drum Solo
23. Ready Or Not
24. Superstitious

Rappel

25. Cherokee
26. The Final Countdown

 

 

 

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