Groupe:

Epica + Apocalyptica

Date:

08 Fevrier 2023

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Quand bien mêmes les journées sont incroyablement lumineuses, le thermomètre diminue fortement le soir et l’atmosphère est clairement glaciale en ce début février. Heureusement, pour se réchauffer, c’est un bien beau plateau qui se pose ce soir dans un Bikini à guichets fermés. Preuve en est, il faut aller loin pour se garer et je m’offre une marche vivifiante pour rejoindre la salle. Plusieurs fois repoussé pour des raisons connues de tous, Epica vient enfin défendre l’excellent, que dis-je, le génial Omega sur scène. Je peux bien l’avouer, il me tardait d’écouter ça. Hasard du calendrier et des changements de dates, à l'autre bout de la ville, Katatonia et Solstafir partagent une affiche non moins alléchante. Frustrant mais bon de toute façon, à Toulouse au mois de Février, les doublons on connaît, on a l'habitude, on fait avec. Et s’il a fallu s’armer de patience, le résultat en valait la peine. Mais je vais bien vite en besogne. Revenons au début avec Wheel pour lesquels j’arrive malheureusement sur la fin et sur les quelques morceaux écoutés, j’ai découvert un metal progressif plutôt stoner aux accents Tool bien marqués. Musique plutôt cérébrale, pas forcément idéale pour une découverte en format live mais rien à dire, c’est cohérent, de bonne facture et lance bien les hostilités. 

Apocalyptica

Point intéressant sur cette soirée, Apocalyptica bénéficie d’un créneau d’une heure vingt (contre une heure quarante-cinq pour Epica), on pourrait presque parler d’une co-tête d’affiche même si je force un peu le trait. Très beau créneau donc pour les Finlandais qui bénéficient d’une salle blindée où l'on peine à accéder au bar au fond. Heureusement que le bar extérieur est ouvert mais il faut braver la fraicheur. Le quatuor présente toujours ce format si caractéristique avec ses violons en guise de guitares. Visuellement original même si on sent que les musiciens sont par nature moins mobiles que leurs homologues guitaristes. Connu à ses débuts pour leurs reprises décalées de classiques Metal, Apocalyptica a ensuite fait évoluer sa formule en ayant recours à un chanteur (typé heavy) pour un rendu plus rock et plus catchy. 

Le groupe opère donc sur ces deux « registres » assez différents ce qui en live se ressent avec quelques grands écarts stylistiques. Pour tout dire, les titres avec le chanteur (Franky Perez) passent moins bien à mon goût avec un rendu trop « rock » et au final assez neutre. Pas mauvais, bien fichu mais pas original. En revenant à leur style de prédilection, les Finlandais emportent un public conquis, assez fans de ce groupe clairement incomparable. Les reprises de Sepultura, Metallica font mouche, et en allant vers des titres très connus, le groupe obtient une réelle participation de l’audience. On notera le joli moment intimiste avec un Nothing Else Matters sublime et très impressionnant dans cette configuration avec le recours à l’écran géant et des animations très soignées. Le final avec un morceau reprenant du Edvard Grieg est vraiment plaisant, inhabituel.

Avec des musiciens impliqués, surdoués techniquement, hyper pros, faisant participer le public en permanence, Apocalyptica délivre un bon show qui aura beaucoup plu à une audience réceptive. Post concert, les retours entendus sont très positifs les concernant et les Finlandais réussissent à toucher un public plus vaste, mois référencé. Preuve en est l’absence de wall of death ou autres attitudes typiquement metal. Si je reste perplexe sur la partie avec le chanteur (en dépit de la bonne volonté de ce dernier, incontestablement doué et volontaire), ce show original a bien fait le job avec un aspect karaoké sympathique.

Setlist d'Apocalyptica :

Ashes Of The Modern World
Grace
I'm Not Jesus
Not Strong enough
Rise Again
En Route To Mayhem
I Don't Care
Shadowmaker
Nothing Else Matters
Inquisition Symphony
Seek & Destroy
Farewell
In The Hall Of The Mountain King

 

Epica

Place aux patrons du Metal Symphonique. L’installation de la scène se fait sur fond d’une musique assez variée allant de Radiohead (No Surprises) à Alice In Chains (Would et ce son grunge si plaisant) en passant par… Gojira. Visuellement, Epica arrive avec deux niveaux de scène et un écran géant avec moultes animations (déjà utilisées à bon escient par Apocalyptica). Epica propose ainsi un show très professionnel, abouti et rappelle par-là l’assise et l‘importance de ce groupe clairement pas comme les autres. L’intro du dernier album met d’emblée le public dans l’ambiance et c’est bien sûr la divine Simone qui arrive la première dans la pénombre pour lancer ce show. Avec un son fantastique, très clair en dépit d’une réelle densité musicale, Epica nous embarque directement dans son univers si enthousiasmant. Abyss Of Time cartonne et les alternances vocales sont impeccables avec une Simone en forme olympique. Tenant impeccablement sa scène, faisant participer le public en permanence en grande professionnelle qu’elle est, la belle Néerlandaise impressionne et capte tous les regards (dont le mien un peu énamouré, dois-je admettre). 

Pour autant, les musiciens sont vraiment à saluer. Tous sont mis en valeur comme il se doit avec des attitudes différentes. Le claviériste ne tient pas en place avec son clavier placé sur un rail lui offrant une grande mobilité sur la partie haute de la scène qu’il partage avec le surpuissant et très efficace batteur. Il n’hésite par ailleurs pas à venir avec un clavier « portable » à rejoindre les musiciens sur le devant de la scène. Très présent avec son comparse guitariste (Isaac Delahaye), les deux trublions assurent un super job. Mark Jansen plus occupé au chant growlé est un peu moins mobile mais toujours très souriant. Les musiciens sont heureux de retrouver la scène, ça se voit, leur plaisir est communicatif. Côté setlist, la discographie est bien brassée avec des extraits de toutes périodes mais bien sûr une mise en avant du petit dernier, ce qui me va très très bien. Le lecteur attentif l’a déjà compris, ces titres passent à merveille (The Skeleton Key, Code Of Life). Rivers, la superbe ballade, voit la venue sur scène des musiciens d’Apocalyptica accompagnant une Simone stratosphérique sur ce titre. Magique et immense moment. Bien sûr il manquera certains morceaux aux fans mais avec une telle carrière, impossible de contenter tout le monde. Le rappel, plus old-school, a de quoi ravir les fans « historiques » mais n'oublie pas de placer un Beyond The Matrix toujours aussi fédérateur et festif. J’ai apprécié au passage la bonne vanne de Simone lors de sa demande de wall of death sur le final Consign To Oblivion rappelant que « Size matters, sorry guys » Plutôt inattendue mais bien fun. Enchainé d'un "impress me" provocateur. Le tout avec la classe qu'elle continue de dégager. 

Très grand show d’un Epica incroyable, hyper en place, d’une impressionnante clarté en dépit d’une musique « chargée » en informations et porté par une front-woman éblouissante. Le groupe semble en production du nouvel album, inutile de préciser qu’ils seront très attendus. Très belle soirée.

Setlist d'Epica

Abyss Of Time - Countdown To Singularity
The Essence Of Silence
Victims Of Contingency
Unchain Utopia
The Final Lullaby
Fools Of Damnation
The Skeleton Key
Rivers
Code Of Life
Design Your Universe
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Cry For The Moon
Beyond The Matrix
Consign To Oblivion

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