Mix improbable entre scène techno des années 90 et metalcore, Electric Callboy bénéficie d’une hype incroyable depuis la fin de la crise sanitaire. Immense succès commercial avec un Tekkno bourré de tubes, shows cartonnant en festival (avec une prestation à recommander lors du Hellfest 2023), concerts à guichets fermés et ce soir sur Toulouse, on a même eu droit à un changement de salle, succès des ventes oblige. C’est donc au Bikini qu’Electric Callboy a posé ses valises, perruques, instruments et autres platines pour un concert blindé très attendu. Pour rappel, cette tournée était prévue à l’automne 2022 mais le chanteur Nico Sallach ayant eu des problèmes de santé, les shows furent recasés mi-janvier 2023, créneau assez inhabituelle. Avec un concept ultra festif visant un auditoire décontracté dans un grand parfum d’été, il me tardait de voir ce que le groupe pouvait proposer en salle et en hiver. Dans ce contexte de début d’année, un bon concert festoyant fera donc le plus grand bien à tout le monde. Et ça, Electric Callboy sait faire !! Le groupe revendique d’ailleurs une volonté de divertir ce qui pourra énerver quelques puristes mais reconnaissons-leur qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise vendue. Il suffit de voir les clips proposés tous plus délirants les uns que les autres et dotés d’une identité visuelle marquée. Annisokay Les allemands sont venus avec des compatriotes à eux : Annisokay, formation de metalcore à ranger du côté mélodique. Les deux groupes sont amis, les deux formations le rappelleront pendant leur show respectif. Il est d’ailleurs sympa de remarquer que dans la scène metal allemande, il semble régner une sincère camaraderie, les disques de reprises de Powerwolf l’ayant par exemple démontré. Ça s’entraide, bonne attitude. Bon je me doute que comme partout, ce ne doit pas toujours être parfait mais de l’extérieur, cela semble assez sain. Pour être franc, j’avais eu vent d’Annisokay mais n’en avais pas été enthousiasmé outre mesure après l’écoute de leur disque. Nous sommes devant une proposition musicale metalcore assez classique, ultra mélodique pour ne pas dire popisante sur certains refrains. Même si ce soir, Annisokay envoie bien avec de bons gros riffs. Rien de fracassant ni d’inoubliable mais un bon concert de première partie. Le groupe bénéficie aussi des conditions météo délicates avec une salle blindée pour eux ce qui n’est pas toujours le cas surtout que le Bikini offre des extérieurs vraiment agréables. C’est le guitariste Christoph Wieczorek qui est le boss d’Annisokay et il gère une bonne partie de la communication du groupe. Rudi Schwarzer, recruté en 2019 au poste de chanteur (voix agressive), est de fait un peu en retrait mais s’en sort honorablement n’hésitant pas à aller slammer sur les premiers rangs. On peut relever une très sympathique reprise de l’excellente Duality de Slipknot qui a fait un joli carton bien qu’il demeure ce léger sentiment que n’est pas Corey Taylor qui veut. Quoique très (trop !) classique dans son metalcore, Annisokay assure les fondamentaux, remercie le public, le fait participer. Bonne première partie professionnelle et sérieuse bien que pas transcendante. Setlist d'Annisokay : Like A Parasite What's Wrong Bonfire Of The Millenials Duality (Slipknot) Unaware Under Your Tattoos Good Stories Coma Blue Electric Callboy La tension monte d’un cran avec les très attendus maîtres de cérémonie. Le décor est vite planté avec la sono qui envoie du Def Leppard, du Bon Jovi. Le concert à venir sera festif ou ne sera pas. Derrière la scène, des néons génèrent un très bel éclairage avec un visuel dancefloor assumé. C’est sur le fun Pump It que débarque le sextet allemand et le décor est planté. Perruques pour tout le monde, ambiance salle de gym des années 90, l’univers Electric Callboy, très affirmé visuellement, est en place. Et ça ne va pas débrancher avec cet improbable mixture mélangeant un metalcore solide et des boucles technos transformant le Bikini en boîte de nuit (ce que ce lieu est aussi, week-end après week-end). Le groupe assume totalement le côté divertissant de sa musique. Nous ne sommes pas là pour une quelconque prise de tête (d’où le changement de nom du groupe Eskimo Callboy étant jugé offensant outre-Atlantique) mais bien pour passer un bon moment. Et c’est le cas. C’est un déferlement de hits, des mélodies certes bien sucrées mais addictives et le rendu global impeccable avec une section rythmique estampillée Deutsche Qualität et deux guitaristes très présents. Si les deux chanteurs Nico Sallach (dont le recrutement est une réussite totale et n’est pas pour rien selon moi dans l’explosion récente de la popularité du groupe) et Kevin Ratajczak assurent une présence scénique à haute valeur énergétique, les musiciens derrière sont vraiment à saluer. Souriants, communicatifs, ils assurent un job remarquable. Sur scène, c’est gentiment chaotique, les speechs des deux vocalistes, bien qu’un brin bavards, maintiennent le rythme et la connexion avec le public est impressionnante. En plus, Kevin Ratajczak a bien bossé son sujet amenant l’éternel débat entre pain au chocolat et chocolatine. La bonne réponse est bien sûr chocolatine comme le public le scandera de manière vigoureuse faisant ainsi bien rire le chanteur surpris de l’importance de l’enjeu ! (sourire). Le dernier album Tekkno est copieusement représenté (huit pistes), l’audience hyper impliquée reprend les airs techno d’un Hypa Hypa d’une efficacité foudroyante. Impressionnant l’emprise d’Electric Callboy sur son public déchaîné, ce dernier maîtrisant les compos. Jusqu’au fond du Bikini, ça saute, ça danse, c’est particulièrement enthousiasmant et un sentiment de « fête » est bien présent dans un Bikini comblé. Le titre Hurrikan en une minute trente rappelle le décalage total de la musique du groupe entre un démarrage sur une espèce d’électro pop typiquement allemande avant une grande bascule sur une seconde partie deathcore ultra brutal. Le résultat est décapant ! Le rappel est encore l’occasion d’un Spaceman dont on se demande comment il fonctionne entre air chanté radiophonique sucré, passage techno digne des 90’s avec un passage rapé (en allemand !!!) par-dessus. Surréaliste mais sincèrement très fun. Bien que s’appuyant sur des influences typique 90’s, la musique d’Electro Callboy n’en est pas moins très moderne dans un étrange (bien que très agréable) paradoxe. Sur le dernier rappel, on se dit qu’Electric Callboy tient un sacré tube avec ce We Got The Moves juste exceptionnel : loop techno addictive en intro à l’efficacité totale, couplet metalcore bas du front et refrain classe mondiale ultra dansant. Archi-commercial mais terriblement bien fait et ça vous reste bien dans la tête. Bien sûr, de par son côté « léger », divertissant, Electric Callboy peut déplaire. Les gardiens de l’orthodoxie Metal ont de quoi pester, c’est coloré, superficiel, mielleux parfois et les allemands n’ont pas d’autres ambitions que celle de divertir (outre celle de conquérir les charts mondiaux !). De fait, on retrouve un public plus jeune, clairement en phase avec l’offre du groupe. La scène Metal est bien vivante et les croisements entre registres continuent de fleurir et de fonctionner à merveille. Au milieu des années 90, un autre sextet allemand avait déjà fusionné metal indus et électro pour un résultat incroyable et durablement marquant. Electric Callboy, avec son univers bien différent, est de cette catégorie. Cela déplaira sans doute mais avec une telle qualité scénique, un sens du tube et de la mélodie qui marque et imprime sur un public plus large, Electric Callboy est selon moi promis à un grand avenir. Quel show, un vrai moment de bonne humeur d’un groupe totalement anachronique ce qui ne le rend que plus attachant. Setlist d'Electric Callboy : Pump It Arrow Of Love Hate /Love The Scene Castrop X Spandau Supernova MC Thunder II (Dancing Like A Ninja) Tekkno Train Hypa Hypa Crystals Best Day Parasite Hurrikan MC Thunder -------------------------------- Mindreader Spaceman -------------------------------- We Got The Moves
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