Artiste/Groupe:

Electric Callboy

CD:

Tekkno

Date de sortie:

Septembre 2022

Label:

Century Media

Style:

Electro Metalcore

Chroniqueur:

ced12

Note:

17/20

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J’avais présenté un peu rapidement le dernier EP d’Eskimo Callboy. Certes, il s’agissait d’un simple EP mais il y avait matière à développer un peu plus. Ce nouvel album des Allemands m’en donne l’occasion alors j’en profite. Formation Electrocore apparentée à la scène Metalcore, Eskimo Callboy mixait les registres avec une désinvolture assez sidérante. Passant d’un électro kitschissime à un metalcore assez classique, le groupe fait original, très original. Trop ? Clairement, la musique du combo en laissera un certain nombre à quai désarçonnés par un style déstabilisant. Le groupe ne fait rien à moitié, joue la surenchère à fond, y compris sur scène où on pourrait se croire à l’électrobeach à Barcarès (ma seule référence à la scène électro avec David Guetta, c’est dire mon inculture en la matière !). 

Le groupe a connu une grosse crise existentielle avec départ du chanteur Sushi (parti monter son propre groupe Ghost Kid) et a recruté Nico Sallach (ancien frontman de To The Rats And Wolves). On dit parfois que lors d’une crise de vie importante, il faut tout changer. Les Allemands ont encore tout fait à fond avec retrait des morceaux précédents des plateformes (pour cause de paroles autojugées offensantes) et changé le nom du groupe. Les Allemands ont aussi souhaité répondre aux critiques sur l’utilisation du terme Eskimo, ce dernier étant jugé péjoratif aux Etats-Unis (ce que pour ma part j’ignorais) et associé à une forme de rhétorique post-coloniale. Bon, nous ne sommes pas là pour aborder ces sujets et les musiciens ont choisi d’éviter toute polémique inutile ne souhaitant « blesser personne ». Vu la musique proposée et le concept archi-fun, on peut comprendre que le groupe ne souhaite pas se retrouver dans de tels débats à mille lieux du propos musical franchement léger. Et accessoirement, percer aux USA ne semblerait pas leur déplaire ce qu’on peut comprendre. Vaste sujet s’il en est … Laissons ce point à la conscience de chacun et revenons à nos moutons. Exit Eskimo Callboy donc, place à Electric Callboy. En premier lieu, il y avait eu cet EP mentionné puis une vaine tentative de représenter leur pays à l’Eurovision. Vu la surenchère proposée dans ce show, ç’aurait pu prendre et à mon humble avis, l’Allemagne a probablement laissé passer un succès tant le groupe semble capable de se démarquer. Le changement de nom acté, Electric Callboy nous propose son premier disque nouvelle mouture. Et le résultat décoiffe et je ne parle pas là que des improbables perruques portées par les musiciens dans leurs derniers clips.

Le résultat ne déconcertera que les non-connaisseurs du combo ; toujours ce décalage permanent entre un metalcore bien énervé entrecoupé de passages électro (Parasite, Arrow Of Love) et autres pistes incluant des éléments hardstyle avec des Tekkno Train, We Got The Moves aux rythmiques nous renvoyant tout droit au début des 90’s (découvertes et surtout écoutées contre mon gré !). Où une apaisante nostalgie laisse place à un sentiment de "non ce n’était pas forcément mieux en avant" (sourire). Hurrikan nous rappelle que l’Allemagne est aussi un grand pays d’électro… avant de nous assener un passage presque deathcore ! Surréaliste. Les deux premières pistes, portées par des clips d’anthologie (que je ne résiste pas à proposer ici), Pump It (le morceau recalé pour l’Eurovision) et surtout We Got The Moves sont deux bijoux de fun avec gros refrain catchy radio-compatible, breaks metalcore bas du front mais archi-efficaces mais surtout ce beat d’intro sur We Got The Moves, appelé à être à mon sens le tube de l’été. Addictif, ça vous rentre dans le crâne comme il faut avec en plus un clip d’anthologie (hyper fun !!!!) où le groupe rend hommage à la marque Lego. Les deux frontmen Kevin Ratakczak et Nicolas Sallach ont quand même de sacrées têtes à perruques avec mention spéciale à Nicolas Sallach pour son look Rudi Völler période RFA championne du monde 1990 avec cheveux bouclés blonds et moustache dans une imagerie typiquement Allemagne des années 80  (sur Pump It) !! Merveilleusement rétro (et franchement super bien fait !). Sur ce sujet, je trouve que ce Nicolas Sallach a vraiment un bon look bien plus fédérateur que son prédécesseur, ce dernier étant plutôt à tendance gothique torturé. Je ne sais pas s’il faut attribuer à ce ce recrutement la récente hausse de popularité du groupe mais force est d’admettre que ce nouveau frontman dégage un capital sympathie certain. 

Toujours aussi barré, Electric Callboy continue de ne rien faire comme personne, est à prendre au deuxième degré et se déguste comme une friandise estivale, aussi légère que parfois indigeste. Il est tout de même remarquable que le groupe ait déjà dépassé les vingt millions de vues sur leurs récentes vidéos. On me rétorquera - à raison -  que le succès n’équivaut toujours pas à qualité. A chacun de se faire son avis. Outre-Rhin, le groupe était parmi les plus attendus en Festival même si on l’on sait la passion des Allemands pour les musiques électro / techno. Il se passe incontestablement quelque chose avec Electric Callboy. Cette surenchère permanente donnera lieu espérons à des concerts flamboyants avec une tournée française à venir sur septembre qui mérite à mon sens le détour.  

Tracklist de Tekkno :

01. Pump It
02. We Got The Moves
03. Fuckboi (feat. Conquer Divide)
04. Spaceman (Feat. Finch)
05. Mindreader
06. Arrow Of Love
07. Parasite
08. Tekkno Train
09. Hurrikan
10. Neon

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