Groupe:

Conception

Date:

22 Avril 2023

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Parfois, il faut savoir prendre son mal en patience. Ce concert de Conception à Paris, je l'ai attendu. Pendant très longtemps. A tel point que j'ai même failli douter que ce rêve se réalise un jour... Au beau milieu des années 90, je découvre ce groupe et tombe amoureux... Je me dis alors qu'il faudrait absolument pouvoir le voir se produire sur scène. Mais les concerts sont peu nombreux. En France, ils sont même inexistants. Et puis, juste après avoir sorti son quatrième opus, Flow (en 1997), Conception met un terme à sa carrière. Coup dur. Roy Khan s'en va rejoindre les Américains de Kamelot. Vingt ans plus tard, les Norvégiens remettent le couvert... EP, album... et même petite tournée européenne sont annoncés. Sauf qu'un sale virus s'en mêle et le concert prévu à Paris en avril 2020 (premier show du groupe dans la capitale depuis le début de sa carrière) est alors repoussé en 2021, puis en 2022 mais annulé encore une fois... Et finalement, ça y est. Il a eu lieu. Le 22 avril 2023 est un jour à marquer d'une pierre blanche. C'est le jour où j'ai enfin vu Conception sur scène, un peu plus de vingt-huit ans après l'avoir découvert. Le risque, après une attente aussi longue, c'est d'être finalement un peu déçu. Sauf que non.

Mais commençons par le début. Déjà, le show a lieu à la Maroquinerie, petite salle bien intimiste comme je les aime. Ca fait plaisir ! Ensuite, pas de première partie. Tant pis... Ca n'est pas forcément hyper grave mais c'est tout de même un peu dommage, d'autant plus que les excellents Parallel Minds (qui, je le rappelle, doivent leur nom au deuxième album de Conception, ça n'est absolument pas une coïncidence) se sont vus proposer (un peu tardivement) le créneau mais n'ont malheureusement pas pu se libérer pour l'occasion. Ca aurait été chouette. Mais bon, on est là pour Conception et eux sont bien présents. Les musiciens montent sur scène un par un pendant l'intro Re:Conception et chacun est acclamé comme il se doit (ce qui laisse déjà augurer une belle ambiance dans la salle pourtant pas assez remplie, on est quoi ? un peu plus de deux-cents personnes, à vue de nez, alors que la Maroquinerie peut en accueillir près du double... incompréhensible). Le dernier à monter sur scène, c'est évidemment Roy Khan qui, il faut bien l'admettre, est acclamé un peu plus fort que les autres... Aaahhh, l'aura des chanteurs ! Et c'est parti pour un set démarrant par la récente et très réussie Grand Again. Le son est à un volume idéal mais je le trouve perfectible, ce qui ne nous empêchera pas de bien profiter de la fête... disons qu'une voix un peu plus en avant dans le mix et une guitare rythmique légèrement plus costaud n'auraient pas fait de mal. Très honnêtement, je pinaille et tente de vous proposer un compte-rendu objectif (car c'est ce que vous attendez, non ?) mais en réalité, je m'éclate avec un grand sourire aux lèvres. Je suis trop content d'assister à ce qui se passe sous mes yeux. Tant pis si le son n'est pas parfait, tant pis si Roy Khan montre parfois quelques fragilités (sa voix est toujours très belle, il est même assez impressionnant par moment... mais il lui arrive de manquer d'un peu de puissance ou d'aisance sur certains passages), tant pis s'il y a un ou deux pains ou quelques paroles oubliées / interverties... Cela n'est pas grave, parce que Conception est en train de jouer, que c'est beau, humain, que l'ambiance est hyper chaleureuse, que le groupe a l'air heureux d'être là (et ravi de l'accueil qu'il reçoit) et que j'ai la chance d'y assister. 

Les morceaux choisis sont classes. Ca fait plaisir d'entendre Virtual Lovestory en deuxième position, me revoilà soudain un peu plus de vingt-cinq ans en arrière, à la fac, quand j'écoutais Flow en boucle. Il y aura d'autres "vieilleries" qui me procureront un très grand plaisir dans la soirée mais les Norvégiens privilégient (dans leur première moitié de set en tout cas) leurs productions récentes, à savoir My Dark Symphony et State Of Deception. Ils auraient tort de se priver, d'autant plus que des titres comme Waywardly BrokenNo Rewind ou Quite Alright font mouche sur scène. Mais quand les premières notes du culte A Million Gods (extrait du disque In Your Multitude, un sommet) retentissent, mon cœur bat un peu plus vite. Quel morceau ! L'interprétation est top, Tore Otsby est un guitariste hors-pair qui mériterait une reconnaissance plus importante dans notre milieu... Les autres musiciens ne déméritent pas et, en parlant de cela, notons qu'en plus de ses quatre membres d'origine, le groupe est accompagné d'un claviériste (Lars Andre Kvistum) et d'une choriste (Aurora Amalie Heimdal... qui n'est autre que la fille du batteur Arve Heimdal) qui, en plus d'interventions régulières et discrètes, aura plusieurs occasions de briller intensément, notamment en duo avec Khan sur The Mansion ou She Dragoon. Super idée d'engager des musiciens supplémentaires sur scène (pour un rendu live authentique) plutôt que d'avoir recours à des bandes, en tout cas. J'approuve. En plus de cela, j'ajouterai que la complicité entre les six personnes qui arpentent la scène fait plaisir à voir. 

A la moitié du concert, tabourets, guitare sèche, les musiciens se rapprochent les uns des autres (et du premier rang) : c'est l'heure de l'intermède acoustique. Deux chansons sont proposées et nous ramènent dans les 90s : Silent Crying (très belle dans cette version à laquelle le public a joliment participé) et Sundance. Ensuite Kvistum pose une ambiance mystérieuse avec son clavier juste avant que l'excellente Gethsemane (autre compo issue de Flow) nous soit livrée. C'est beau. Il se passe quelque chose, c'est indéniable. Le chanteur en a d'ailleurs bien conscience. Il est tout sourire et nous remercie régulièrement, nous disant à quel point il est heureux de pouvoir enfin partager ce moment - longtemps reporté - avec nous. Autre chose appréciable, probablement permise par la personnalité des musiciens mais également par le cadre intimiste de la Maroquinerie, le groupe prend son temps et profite. Il échange avec nous. Otsby en profite d'ailleurs pour nous rappeler qu'il a vécu pendant quelques années dans le sud de la France, ce qui lui a valu le sobriquet de viking occitan. On sent qu'il bavarderait bien davantage mais il y a un set à terminer et c'est surtout sa guitare qu'il va faire parler, surtout lors d'un très beau solo à la fin de la sublime Feather Moves bien rallongée pour l'occasion. A ce moment là, je me dis que je vais crier le nom d'une de mes chansons préférées de Conception, Under A Mourning Star. Les musiciens l'ignorent mais je me suis mis en tête de hurler ce titre jusqu'à ce qu'ils cèdent et finissent par le jouer... Je n'aurai pas besoin de me mettre tout le monde à dos puisqu'à la seconde où je me décide à tenter le coup une première fois, je n'ai même pas le temps d'aller plus loin qu' ''under" que la première note de clavier lançant cette fameuse compo retentit dans la Maroquinerie. C'est bon, je suis heureux. Et je ne suis visiblement pas le seul. Après une She Dragoon rondement menée, c'est l'heure du rappel : aussi réussi que le reste puisqu'il contient la classe My Dark Symphony et le "hit" au riff implacable de 1993, l'excellentissime Roll The Fire qui conclut la soirée en beauté. Cris, applaudissements, salut des six musiciens souriants... On est bien. Plus que bien, même.  

Et ce n'est pas tout. Une fois le concert terminé, tous les membres de Conception viennent dans la salle discuter avec leurs fans, signer des albums, se prêter au jeu des photos et ils restent longtemps, s'assurant ainsi que personne ne reparte lésé...
Voilà, Conception a enfin joué en France, c'était génial, il fallait y être (les absents avaient peut-être de bonnes raisons, départ en vacances, autre concert dans la capitale le même soir, désintérêt profond pour la musique des Norvégiens - énorme faute de goût soit dit en passant - mais s'ils n'étaient pas là parce qu'ils regardaient The Voice à la télé, ils méritent que le Dieu de la musique les prive d'oreilles à jamais). Espérons qu'il ne nous faille pas attendre encore plus de vingt ans pour que ça se reproduise. 

Setlist Conception :

01. Intro : Re:Conception
02. Grand Again
03. Virtual Lovestory
04. Waywardly Broken
05. No Rewind
06. The Mansion
07. A Million Gods
08. Quite Alright
09. Silent Crying (acoustic)
10. Sundance (acoustic)
11. Gethsemane
12. Feather Moves
13. Under A Mourning Star
14. She Dragoon
---------------------------------
15. My Dark Symphony
16. Roll The Fire

Venez donc discuter de ce live report sur notre forum !