Groupe:

Bullet For My Valentine + Jinjer

Date:

21 Fevrier 2023

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

Encore un très beau plateau au Bikini au cœur d’un hiver dans la parfaite continuité d’un automne déjà démentiel en termes de shows proposés. Les dernières dates décalées par la crise sanitaire viennent s’ajouter à des tournées promotionnelles classiques, tout le monde a besoin de remettre la « machine en route » et nous voilà, fans de Metal, bien sustentés en concerts de grande qualité et en formations de référence. Et ce soir, c’est encore du très lourd au programme. Preuve de l’engouement généré par cette affiche, le show est complet depuis deux mois et on croise sur le parking du Bikini des gens en recherche de places (quand le plus souvent, ce sont des reventes à la marge auxquelles on assiste). Il est vrai que Bullet For My Valentine est une formation bénéficiant d’un grand succès depuis deux décennies et il n’est plus nécessaire de présenter Jinjer, tant ce groupe a su s’imposer dans le paysage metal actuel.

Atreyu 

Ça frise le «j’ai gagné au Loto » pour Atreyu. Ouvrir pour une telle affiche est un sacré cadeau avec des salles pleines, un public bienveillant et motivé. Et cela se ressent avec une bonne participation de l’audience. Le groupe a connu pas mal de changements récents avec le repositionnement au chant de Brandon Saller, membre originel du combo, guitariste et batteur du combo. Oui, le garçon est multifonctions. Bien que moyennement original, Atreyu fait bien le job avec une dimension heavy sur le chant, plutôt catchy. Reste quelques breaks bien puissants (dont un dont le son a fait vibrer jusqu’au fond de la salle pour un rendu original générant des vibrations ressenties physiquement), une bonne communication générale, un guitariste orné d’une belle crête punk, un bassiste au look Nick Oliveri basculant chanteur d’appoint (c’est un peu l’auberge espagnole, Atreyu !). Bref c’est assez foutraque, pas désagréable. Mais c’est très clairement le groupe suivant qui est très attendu, c’est un euphémisme de le dire. 

Jinjer

La tension monte d’un cran avec Jinjer et les musiciens sont acclamés dès leur entrée sur scène. L’impressionnante Tatiana attend un peu avant d’entrer sur scène et le public est à bloc d’entrée. Il est vrai que le djent du groupe est d’une efficacité inouïe, Jinjer vous réconciliant avec ce style d’emblée. Je reviens sur un point déjà abordé lors de leur show au Summer Breeze 2022 : la musique du groupe me laisse profondément perplexe. A l’écoute, on ne comprend pas tout ce qui se passe, les parties s’enchaînent, les breaks aussi mais ne venez pas chercher du couplet refrain à la Nirvana (comparaison retenue car le bassiste arbore un beau t-shirt à l’effigie du mythique groupe de Seattle). Et malgré ces structures d’une complexité redoutable, ça fonctionne à fond, tout est en ordre, à l’équilibre. Ce qui me rassure, c’est que même la chanteuse phénomène se dit parfois perplexe lorsqu’elle reçoit les compos de ces prodigieux camarades, ne sachant comment les appréhender au premier abord.

Le niveau technique est incroyable, les quatre sont de très haut niveau avec une mention spéciale au batteur Vladislav Ulasevich bien mis en valeur par les lights ce qui est bien moins le cas de ces trois comparses en façade carrément sous-éclairés tout le show. J’aborde d’emblée ce point tant j’ai été surpris par le faible éclairage de ces derniers jusqu’à Tatiana dont on ne verra quasiment pas le visage des trois quarts d’heure du show des Ukrainiens. Pour le coup, c’est très immersif et la musique n’en est que plus mise en avant. A propos de la frontwoman, et si je m’en voudrais de me montrer maladroit, sa tenue vestimentaire se remarque : intégrale cuire et tenue haut du corps phosphorescente dans la pénombre qu’est la scène des Ukrainiens. Très visuel et les très faibles lights n’en font que plus ressortir ce look original ! On entendra d’ailleurs des « Tatiana je t’aime » et un plus déroutant « Tatiana, je veux porter tes enfants » d’autant plus maladroit que la chanteuse touchait alors un mot sur les événements malheureux survenant en Ukraine depuis une grosse année maintenant. 

Le concert est mené pied au plancher avec le guitariste au bob Roman Ibramkhalilov et l’incroyable bassiste Eugene Abdukhanov. Peut-être un peu trop, ces derniers devant couper une intro n’ayant pas vu que la chanteuse prenait un peu d’eau. Même problématique alors que le public scandait des « Jinjer, Jinjer » après certains titres, le groupe ne profitait pas de ce moment et relançait la piste suivante. Dommage, car trente secondes d’acclamations / respirations n’auraient pas fait de mal au vu de la densité musicale proposée (et du très beau succès rencontré). Jinjer souhaite sans doute optimiser son créneau de première partie avec un maximum de musique (louable) mais freiner la cadence trente secondes n’aurait pas posé de soucis, ni changé la dynamique générale me semble-t-il. Ce ne sont là que quelques pinaillages. 

L’effet rouleau compresseur / bulldozer est de fait impressionnant, le public « dérouille », ça envoie vraiment bien. Le dernier album Wallflowers est bien représenté, et ce sont globalement des pistes bien nerveuses et épaisses qui sont retenues (point de Pisces, par exemple). Vocalement, c’est toujours aussi dingue, la chanteuse sidère vraiment avec une présence scénique hors norme. Définitivement une des frontwomen les plus charismatiques du circuit et ce tous genres confondus. Un show monumental, d’un niveau inouï, écrasant et marquant d’un groupe décidément très au-dessus de la moyenne avec des musiciens surdoués et une musique aussi originale que qualitative. Un grand moment qui a mis une baffe à une audience sincèrement impressionnée par la prestation des Ukrainiens.

Setlist de Jinjer :

Who's Gonna Be The One
Copycat
Homeback
Judgement (& Punishment)
Pit Of Consciousness
Perennial
Dead Hands Fell No Pain
Colossus
Wallflower
Call Me A Symbol
 

Bullet For My Valentine

Commençons par rendre hommage à Bullet For My Valentine qui « ne se cache pas » en prenant une telle première partie. Passé après Jinjer, il faut avoir le cœur accroché. Et les Gallois se donnent les moyens avec une belle scène ornée de superbes lights surplombée d’un second niveau avec un batteur bien mis en valeur. Jouant en tête d’affiche, les Gallois en profitent pour bien brasser leur discographie, ce qui est vraiment sympa pour les fans du combo. Point positif, le dernier disque m’avait bien plu et est bien représenté ce qui forcément me fait plaisir et me convient très bien. Côté lights, c’est une toute autre approche que Jinjer avec BFMV où là, c’est bien lumineux. Effets stroboscopiques, splendides colorations de scènes (mention spéciale au somptueux vert proposé sur certains titres), le groupe a mis les moyens, ça se voit et ça le fait ! 

Le problème, un peu sous-entendu plus haut, c’est le déficit de puissance de BFMV. Le metalcore mélodique des Gallois reste bien gentillet, sautillant et fun mais comparativement à la démonstration de force de Jinjer, le contraste fait mal. Et pourtant,, il y a une guitare de plus ! On est clairement sur une autre offre, plus catchy. Je ne voudrais pas paraître critique car le show est plutôt sympa, très maîtrisé avec un groupe très pro, un Matthew «Matt» Tuck excellent frontman et parfaitement secondé par le bassiste Jamie Mathias très présent vocalement. Même remarque positive avec Michael "Padge" Paget très dynamique et remuant. L’espace est très bien occupé, la scène parfaitement arpentée avec un show très professionnel. Bien que moins vaillants en rugby qu’il y a dix ans, le Pays de Galles a encore de fiers guerriers dans ses rangs. Un bon concert de Bullet For My Valentine achevant une soirée où Jinjer a surclassé les débats avec un show dément. 

Setlist de Bullet For My Valentine :

Knives
Over It
Piece Of Me
4 Words (To Choke Upon)
You Want A Battle ? (Here's A War)
Hearts Burst Into Fire
The Last Fight
Shatter
All These Things I Hate (Revolve Around Me)
Scream Aim Fire
Suffocating Under Words Of Sorrow (What I Can Do)
Rainbow Veins
Don't Need You
Death By A Thousand Cuts
Your Betrayal
Tears Don't Fall
Waking The Demon

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