Groupe:

Zornheym + Once Upon The End

Date:

24 Mai 2022

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Grand écart musical entre le 17 mai 2022 (concert de H.E.A.T.) et le mardi suivant, 24 mai donc, puisque cette fois-ci, j'allais avoir l'occasion de voir sur scène l'un de mes grands coups de cœur de l'année 2021, à savoir le groupe de black symphonique suédois Zornheym. Le rendez-vous eut lieu dans la petite salle parisienne Le Klub, sorte de cave sombre - équipée d'un bar (indispensable) - et plutôt bien sonorisée (beaucoup d'entre vous la connaissent déjà, j'imagine mais, personnellement, c'est ma première fois). Zornheym est en pleine tournée française (six dates dans la même semaine) et le groupe promeut avec enthousiasme son excellent deuxième album, The Zornheim Sleep Experiment... D'ailleurs, ce soir, c'est "entrée libre" au Klub. Il y a une juste une cagnotte dans laquelle le chaland peut laisser ce qu'il veut pour les groupes qui se produisent. Il y en trois d'ailleurs. Feyn (du black metal français) que j'ai loupé, Once Upon The End (dont j'ai vu une partie de la prestation, on en reparle dans quelques secondes) et, bien sûr, Zornheym dont il était impensable que je loupe une miette. 

Quand j'arrive dans la salle du Klub, toute petite, très sombre, bas de plafond, avec une scène éclairée par quelques timides spots laissant tellement peu de places aux musiciens que certains pourraient périr empalés sur l'instrument de leur voisin, je me demande comment je vais faire pour prendre des photos potables... Ca s'annonce compliqué (et d'ailleurs, le résultat n'est pas fabuleux). Par contre, la proximité avec les musiciens est super appréciable, on ne peut pas faire plus intime... c'est comme si le groupe avait été invité à donner un concert dans votre cave. Alors que je me déplace pour apercevoir les musiciens de Once Upon The End (avec leur accoutrement post-apocalytique aux faux airs de Mad Max), je vois des fans qui remuent et se lancent dans un headbanging intensif parfaitement maîtrisé. Le death mélodique du combo parisien a beau être assez sombre et technique, l'ambiance est carrément bon enfant ! Enfin, surtout entre les titres. Pendant que ça joue (carré) et hurle, on ne rigole pas trop... et l'on remarque une belle maîtrise technique de la part des musiciens. En plus, certains titres incorporent des passages assez originaux (je pense notamment à Children Of The Dust et sa digression quasi-jazzy/funky) qui n'enlèvent rien à l'aspect massif de la musique (en plus, le son claque fort... tout en restant de qualité). Ca envoie... mais c'est varié (en incorporant des passages purement death, d'autres plus black ou parfois groove metal) et finalement assez original. Un peu de chant clair fait également parfois son apparition comme sur le titre Extinction, entièrement chanté en français. Et, comme dit, plus haut, entre les compos, ça déconne pas mal, les musiciens ont un humour certain et cela ne gâte rien, bien au contraire... 

 

Après cet apéritif goûtu, il est l'heure de pénétrer dans l'asile tourmenté de Zornheym. Et là, c'est la claque. La bande introductive résonne dans le Klub pendant que les musiciens investissent la scène. Pas de vocaliste à l'horizon pour le moment, juste deux guitaristes (Zorn, leader de la formation, et Scucca) et le batteur (Steve Joakim) qui prennent place. Zorn ne perd pas de temps et en profite immédiatement pour exhorter la foule, enthousiaste et bruyante, en levant le point vers le ciel (et en rythme) sur la musique pesante qui s'échappe des enceintes... Quand le véritable premier morceau déboule, le rapide Corpus Vile, extrait du récent Zornheim Sleep Experiment, Bendler (l'imposant vocaliste) débarque par une porte située à gauche de la scène... Enfin on se dit que c'est forcément lui mais c'est difficile à affirmer dans la mesure où il porte la combinaison (avec cagoule et chaines) des dangereux criminels psychopathes qui résident dans l'inquiétant institut nommé Zornheim. Il hurle et se démène comme un diable pendant que le trio nous écrase d'une prestation implacable. L'espace de jeu a beau être restreint, Bendler n'entend pas rester statique... tant pis pour les risques d'empalement déjà mentionnés plus haut.

La setlist proposée ne favorise pas le nouvel album par rapport au précédent : il y aura cinq titres de chaque. Et c'est parfait comme ça. Juste après Corpus Vile arrivent Whom The Night Brings... et A Silent God, deux pavés bien brutaux qui rappellent à notre bon souvenir l'excellent premier essai Where Hatred Dwells And Darkness Reigns (tout un programme, n'est-ce pas ?). Bendler s'est débarrassé de son costume de détenu et impose désormais son impressionnante musculature et ses nombreux tatouages (son bras gauche est recouvert du Eddie de Piece Of Mind... pour le coup, c'est totalement raccord avec la thématique du groupe). Le gars grimace et gesticule avec énergie, il est totalement habité... et ferait presque peur. Presque parce qu'en fait, Bendler, c'est un gentil... il n'est pas vraiment venu pour tuer des gens. Il demande à un fan du premier rang, qui a l'air passablement éméché, s'il se sent bien (c'est vrai qu'il titube dangereusement) et, entre deux crises de folie, s'excuse très rapidement auprès d'un autre membre de l'auditoire qu'il a (très) légèrement bousculé en s'agitant comme un damné. Le contraste entre le personnage qu'il joue et sa véritable personnalité qui apparaît l'espace d'une seconde est saisissant. A part ça, il fait tout pour habiter l'espace, se prête au jeu des photos en prenant des poses appropriées, s'empare même d'une petite caméra prise dans l'assistance, le temps de se filmer (lui, et ses comparses) sur le refrain de l'excellente et fédératrice Slumber Comes In Time qui ramène le nouvel album du groupe au premier plan. Un véritable hymne au refrain quasi power metal taillé pour la scène.

La grandiloquence de Zornheym est assez bien retranscrite sur scène mais la musique paraît bien plus imposante que sur album dans la mesure où l'on se prend davantage les riffs assassins et la batterie massive en pleine face que les arrangements naturellement moins pregnants qu'en studio (il y a bien quelques samples mais ils demeurent assez discrets et sont, de toute façon, globalement couverts par le groupe). La formation joue très bien, avec enthousiasme et précision. Zorn ne manque pas de venir sur le devant de la scène au moment des solos bien mélodiques contenus dans ses compos, Scucca riffe et headbangue tout en soutenant régulièrement Bendler par l'intermédiaire de chœurs... et Steve cogne ses futs de manière impressionnante (la démonstration faite sur Decessit Vita Patris est particulièrement étourdissante, il en met partout et nous scotche sur place). Un régal. 

Le set passe très vite... Normal, me direz-vous, dix titres, tout cela tient une petite heure. Mais tout de même, les compos passent haut la main l'épreuve de la scène et l'entrain dont fait preuve la formation fait qu'il est tout simplement impossible de s'ennuyer. Ce mélange de metal extrême copulant avec des franges plus mélodiques de notre musique préférée (on pense à King Diamond ou Therion par moment) est assez jubilatoire et ce ne sont pas des petites tueries comme Hestia (diabolique) ou Keep The Devil Away (avec son refrain clair que Bendler nous invitera à chanter avec lui) qui viendront contredire ce constat. Le show s'achève sur The Opposed, le premier single sorti par le groupe. Pour être plus précis, il est censé s'achever mais l'ambiance est tellement chaude et le groupe si acclamé à la fin de sa prestation que les Suédois nous proposent de rejouer Whom The Night Brings... histoire de prolonger le plaisir de quelques minutes. Excellent ! Pour couronner le tout, dès que le concert est réellement terminé, le quatuor descend parmi ses fans pour serrer des mains, discuter, dédicacer des albums... Que demande le peuple ? Verdict : Zornheym, on y retourne dès que possible. Un très très bon moment ! Je vous recommande de ne pas les louper quand l'occasion se représentera. 

Setlist de Zornheym :

01. Corpus Vile
02. Whom The Night Brings...
03. A Silent God
04. Slumber Comes In Time
05. Black Nine
06. Hestia
07. Keep The Devil Away
08. Decessit Vita Patris
09. The Revelation
10. The Opposed
11. Whom The Night Brings...

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