Groupe:

Sidifest II (Sidilarsen + Black Bomb A +Shaarghot)

Date:

22 Octobre 2022

Lieu:

Toulouse

Chroniqueur:

ced12

En arrivant dans la zone du Bikini en ce samedi soir avec des températures d’une incroyable douceur, quelle n’est pas mon agréable surprise de trouver une très longue file d’attente ! Le parking est blindé, ce qui m’oblige à me garer plus loin mais c’est là la rançon d’un beau succès. Car oui, cette seconde édition du Sidifest affiche complet (avec quelques ultimes ventes au guichet) et cela fait bien plaisir (et valide au passage le très bon rapport entretenu entre Sidilarsen - maître de cérémonie - et son public). On trouve des plaques d’immatriculation venant de départements éloignés, des Landes à la Gironde en passant par l’Ariège, et il règne, la météo aidant, un parfum de festival avec des fans buvant un coup dehors. Très plaisant. C’est là l’occasion de fêter le quart de siècle du groupe. La première édition avait eu lieu en 2017 (pour les vingt ans de Sidilarsen, j’ai vérifié le calcul !). Le souci c’est que selon le running-order communiqué, les portes doivent ouvrir à 19h et Shaârghot est censé attaquer cette grosse soirée à 19h10. Mais avec une fille d’attente occupant quasiment tout le parking, un doute m’assaille. Faire rentrer plus de mille métalleux en dix minutes, quand bien même les maths sont plus complexes que le précédent calcul, ça me semble compliqué. Et ça ne manque pas, lorsque Shaârghot investit la scène, une bonne moitié de l’audience n’est pas encore rentrée dans les lieux. Ce sera mon seul grief quant à cette soirée au demeurant excellente. Pourquoi ne pas avoir ouvert les portes trente minutes plus tôt et permettre à chacun d’arriver tranquillement ? Nous sommes samedi soir, on peut prendre son temps (principe d’un Fest) et les buvettes en auraient profité. Globalement, un sentiment de « ça passe trop vite » se fera ressentir. C’est probablement la faute au couvre-feu de 23h45 imposé car le Bikini retrouve ensuite son statut de boîte de nuit du samedi soir et il faut bien partager.

Shaârghot

Je rate donc les dix premières minutes de Shaârghot, première partie très attendue. La scène est sombrement éclairée, une ambiance post-apocalyptique règne avec des musiciens très mobiles aux looks adaptés à l’atmosphère. Musicalement, on est dans une belle cohérence avec le Sidilarsen des débuts, un aspect électro / indus marquant la musique de Shaârghot. On pense aussi beaucoup à Rammstein avec ce guitariste à la dégaine très Richard Kruspe. Ou à un Mass Hysteria pour l'utilisation des machines mais à l'atmosphère bien différente dans un bon délire Mad Max. J’apprécie beaucoup sa guitare avec lasers verts (j’ai pensé à Jean-Michel Jarre, lointain et très bon souvenir d’un concert de mon adolescence). Le show, raccourci de fait pour moi, passe super vite tant les compos accrochent bien. Les passages indus apportent une réelle valeur ajoutée, l’interprétation est nickel et le chanteur très présent. Allez, je regrette tout de même que ce dernier communique en anglais. Je me suis même mis le doute sur le fait qu’ils étaient bien français. Mais en nous appelant « shadows », le chanteur cherche sans doute à créer une connexion particulière avec un public qu’il n'hésite pas à venir chercher au plus près. La salle désormais blindée, les premiers wall of death font leur apparition et le public, déjà chaud bouillant, s’éclate bien. Ambiance post-apocalyptique parfaitement retranscrite, musique très qualitative, show hyper réussi, Shaârghot a frappé fort et délivré un très bon concert en plus de lancer à merveille la soirée. Le groupe bénéficie d’une bonne réputation, et c’est bien justifié tant ce qui est proposé est ambitieux et cohérent.
 

Black Bomb A

Déjà présents lors de la première édition, les nordistes de Black Bomb A sont de retour dans le Sud. Si je connais mal leur musique, j’attendais leur concert avec un réel intérêt. Très réputé scéniquement, le groupe de hardcore semble très bien connu de l'assistance car dans le public c’est la guerre !! La fosse est en fusion, les deux chanteurs Arno et Poun occupent très bien l’espace, communiquent bien entre les titres pour un rendu hyper efficace. Machine de guerre live bien assise sur un Hervé Coquerel métronomique et surpuissant, BBA fait un joli carton. Bon, je dois avouer personnellement ne pas trop apprécier ces groupes trop bavards et ce soir, je vais être servi !! Point d’ambiguïté, les messages transmis sont cohérents et pertinents. Oui nous avons une chance incroyable de vivre de telles soirées et ce n’est pas le cas pour tout le monde. Je partage ces points bien sûr mais je viens pour de la musique et là, c’est un peu trop pour moi. Mais ce n’est là que mon avis.

Pour en revenir au show, c’est une déferlante de missiles hardcore bien sentis, Arno s’emmêle un peu les pinceaux avec la setlist mais Poun, vigilant et bienveillant, veille au grain. Arno s’en amuse rappelant son âge mais qu’il se rassure, vu ses performances vocales, il tient encore sacrément la route. Quelle puissance !! Et on notera la remarquable complémentarité entre les deux vocalistes. Pour le reste, wall of death, circle pits, fosse assise avant une énorme déflagration musicale, Black Bomb A déroule et écrase une fosse ravie. Grosse perf', efficace. Ce ne sera un scoop pour personne mais Black Bomb A mérite son excellente réputation scénique.

Sidilarsen

Place aux locaux de Sidilarsen, décidément très populaires et ayant un public bien fidèle ce que le groupe soulignera pendant le show. Associé depuis les débuts, le binôme David « Didou » Cancel (chant) et Benjamin « Viber » Bury (guitare/ chant) est redoutable sur scène tant il maitrise à merveille son sujet. Moins dancefloor Metal qu’à ses débuts, Sidilarsen envoie désormais du bon gros riff bien lourd, bien épais. La fosse lui mange dans la main et l’ambiance, déjà bien bouillante pendant Black Bomb A, est impressionnante, surtout vue du balcon. C’est physique là-dedans. Avec deux écrans sur les côtés de la batterie qui projettent vidéos et paroles clés, Sidilarsen propose en outre un show complet et impressionne. Le public participe bien, surtout sur ce Des milliards final repris a capella par une audience conquise évoquant à juste titre que nous sommes des milliards contre une élite, judicieux rappel. Si comme pour BBA, je coince un peu sur les discours « politiques » de Didou (encore une fois sur la forme, pas le fond), ce dernier communique vraiment bien en plus de bénéficier d'une excellente présence scénique. Très bon show là encore, maîtrisé de bout en bout, avec des musiciens impliqués et heureux d’être là. 

Très belle seconde édition du Sidifest dont on louera les performances scéniques proposées, complémentaires et toutes trois excellentes. Le fait que la date ait affiché complet est une franche réussite, rassurant dans un contexte pas simple mine de rien. Sidilarsen bénéficie d’une aura et d’une reconnaissance remarquable sur ses terres et même si je pars dans une référence qui pourrait ne pas leur convenir, il arrive qu’on puisse être prophète en son pays. Reste ce problème de timing évoqué en introduction à régler. Il est désormais temps de laisser la place aux fans de techno déjà présents aux alentours du Bikini attendant patiemment leur heure à coup d’apéros improvisés (à coups de whisky-coca) sur les différents parkings. Des soirées comme on en redemande !

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