Groupe:

Le Lary Rock

Date:

05 mars 2022

Lieu:

Chevanceaux

Chroniqueur:

JeanMichHell

Bienvenue au Lary Rock ! L’imposante arche composée de deux guitares en guise de pied nous accueille l’ami JC et moi-même en vue d’une soirée, avec une programmation sur le papier bien rock’n roll. Je ne vais pas vous cacher que nous avons fait le déplacement pour les poitevins d’Uncut, qui nous avaient déjà bien séduit sur scène au cours du festival de la Voix du Rock de Couhé en 2019, et également sur album avec l’excellent Blue parue en 2020.
 
Mais avant de commencer ce retour sur la soirée, je vais commencer par une petite présentation de ce festival. Initialement ce festival a lieu autour du plan d’eau de Chevanceaux (17) en plein cœur de l’été. C’est une véritable institution pour les habitants du coin. J’entends quelques conversations de personnes qui sont là « comme tous les ans » parce que c’est le Lary ! Et ce soir, c’est la version hiver du festival, en salle, mais l’engouement est bien là car l’affluence est très correcte surtout dans le contexte que l’on connaît. Le public est éclectique et familial, et nous avons d’ailleurs droit à l’ouverture de cette soirée par une toute petite jeune fille qui nous explique que nous pouvons l’aider à partir en séjour avec sa classe en participant à une cagnotte ce soir mais également dans les commerces du bourg. Une preuve de plus que le Lary qu’une simple soirée rock, mais est bien ancrée dans la culture locale.

Lemon Rose

Ce sont les Lemon Rose qui ouvrent la soirée. Ils proposent leur premier concert, malgré des musiciens habitués à faire partie du festival sur scène ou en coulisse. La prestation commence tout en douceur avec un titre tout en montée, les instruments s’intègrent les uns après les autres pour nous emmener vers un soft rock qui tend vers les Beatles.



Les influences du groupe sont multiples, et on retourne vers les années 60. Le groupe lorgne aussi bien du côté des Beach Boys en version pop surf rock, que vers les Stones quand il s’agit d’être un peu plus rock. C’est globalement très cool, et le travail sur les harmoniques et les solos sont remarquables. Et comme souvent à l'époque, c'est le batteur qui se charge des chœurs. Mais il est évident que le groupe a un véritable sens de la mélodie, qui peut être douce, planante voir même psychédélique par instant. Le public ne s’y trompe pas et réserve un accueil chaleureux au groupe.

 
 
La limite c’est que sur scène, c’est un peu à l’image de leur musique : cool. Le groupe est assez statique et on les sent très concentré, surtout en début de set. Niveau mise en scène c’est aussi coloré, les deux guitaristes possèdent de magnifiques guitares, a priori des Harley Benton ou Hardwood, qui collent complément à l’ambiance. Le bassiste, qui taquine bien au passage, arbore une chemise très 70’s du plus bel effet. Et au fil du set, la parole ce délit pour finir avec un accent charentais qui là tranche complètement avec l’ambiance voulue !


 
Globalement, Lemon Rose a proposé une prestation tranquille, sérieuse, et finalement assez classe. Leur musique est une belle découverte. En voilà une soirée qui commence bien.

C’est la pause, l’heure du houblon, et si je fais un petit aparté c’est bien pour préciser que l’accueil chaleureux de cette belle équipe de bénévoles ne se limite pas à l’entrée. Chaque personne, derrière chaque stand, arbore un large sourire et il transpire une véritable bonhomie. Merci à eux, c’est très agréable.

Chasing Foxes

Mais trêve de compliment, car les Chasing Foxes arrivent sur scène prêt à en découdre. Dès le premier titre, c’est un changement radical d’ambiance. Le tempo est nettement plus élevé et on rentre dans du rock plus actuel. Je pense d’entrée de jeu au Foo Fighters voire même à QOTSA.
 

La prestation du quatuor est fondamentalement rock avec des mélodies inspirées par la scène contemporaine. Il y a bien quelques solos qui viennent agrémenter les compositions, tout comme le batteur qui maltraite avec puissance son instrument. Globalement c’est assez convenu, rien de très original dans leur musique qui ressemble beaucoup à la scène rock du début des années 2000, mais l’énergie est là.
 
C’est d’ailleurs une de mes interrogations, la configuration de la scène. Le guitariste/compositeur est seul sur la partie cour de la scène, alors que les trois autres comparses sont agglutinés sur la partie jardin et personne sur la flèche. Alors, certes cela laisse de l’espace pour pouvoir faire des allers-retours sur la scène, mais je reste surpris par cet agencement. Cela permet au chanteur de venir chercher les collègues ou le public histoire de motiver tout ce beau monde.


 Le groupe sait aussi changer les ambiances et les tempos. Les lumières se font plus intimes et nous avons droit à une petite ballade tout en douceur et en mélodie. Nous avons également droit à un extrait du prochain EP à venir, et je dois avouer que c’est le titre qui m’a le plus accroché l’oreille, changement de rythme régulier, belle énergie pour un titre de bonne facture.  
 
Je ne suis clairement pas le public cible de Chasing Foxes, mais lorsque le groupe prend des risques il est clairement plus intéressant que lorsqu’il propose une resucée de choses déjà entendu maintes fois. En tout cas, le groupe est ravi d’être sur scène, cela se sent, les remerciements pleuvent en particulier sur les initiatives comme le Lary Rock, et c’est bien mérité ma foi.

Uncut
 
Mais ceux que je trépigne d’impatience de voir ce soir ce sont les Uncut. J’ai hâte d’entendre sur scène ce que j’ai déjà pu apprécier sur l’album. Et je ne vais pas être déçu, bien au contraire ! Le groupe débute avec le clippé Family blues qui pose les bases de leur rock-gras-bluesy empli de feeling, d’énergie et de classe. Il est évident que le groupe a une folle envie d’en découdre après une période de disette qui, comme pour beaucoup d’autres, aura mis à mal ce besoin d’expression scénique. Alexy est déjà intenable et fait sonner sa magnifique guitare baryton (à placer entre guitare et basse) afin d’apporter un peu de rondeur au son du groupe. Il est vocalement toujours aussi impressionnant. Il offrira une prestation totalement habitée du début à la fin du set.


 
Mais ces collègues ne sont pas en reste, Enzo (guitare) ne tient pas plus en place. Il joue dans toutes les positions, la tête de la guitare au sol, en roulade ou tout simplement dans la fosse. Il nous propose quelques notes du générique de l’Inspecteur Gadget, histoire de combler les temps morts, car Uncut est : « connu pour ces longs interludes entre deux morceaux ». Quant à Pablo derrière ses fûts, il harangue le public pour les faire bouger mais avec un succès relatif. Pour autant, il a un jeu de batterie qui mêle énergie rock et technique, il aime placer des petits détails qui rendent les compositions encore plus excitantes.

Le groupe enchaîne les titres comme des perles, le très bon Diplodocus s’impose définitivement comme un titre taillé pour la scène (même s’il est logiquement amputé de ses cuivres), le très langoureux Bee Blues ou l’excellent Blue Eyes Lover en conclusion, font tous mouche. Nous avons droit à quelques nouveaux titres, un qui transpire le rock burné, un second à tendance un peu plus progressive, qui laissent également présager une suite de haute volée. Ils prouvent encore une fois, qu’Uncut ne s’interdira rien à l’avenir.
 
Difficile de trouver une conclusion adaptée tant la prestation d’Uncut aura été de grande classe. La limite c’est que le public aura peu réagi à leur excellente prestation, preuve que l’institution Lary Rock est au-dessus des artistes et que le public n’est pas forcément présent que pour les groupes qui s’y produisent.


 
L’ami JC trouve que le trio a passé un cap, personnellement, je trouve que cela confirme toutes les bonnes intentions que j’avais pu sentir sur l’EP et puis sur l’album. Et comme le dit Pablo, ils sont ici pour : « simplement le plaisir de jouer du rock. » mais bordel qu’est-ce que c’était bon !


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