Trois ans après leur dernier sacrifice, Helmuth et ses disciples nous proposent à nouveau de communier avec le Malin en organisant une messe noire intitulée Totenritual. Je vais être honnête avec vous, cette invitation m'effraie car cela fait déjà plusieurs fois que les Autrichiens ne parviennent plus à me posséder lors de leurs cérémonials sataniques. Blood Magick Necromance et Conjuring The Dead n'étaient pas de mauvais albums en soi mais la voie expérimentale et l'abandon progressif des influences "Black" m'avaient tout de même bien déçus. Allez, ne perdons plus de temps avec ces considérations passées et rejoignons immédiatement Belphegor dans cette nouvelle quête blasphématoire...

Le rituel s'ouvre avec un premier titre au nom évocateur, Baphomet. Dès les premières notes, Belphegor nous entraîne dans son univers occulte grâce à des riffs entêtants et des changements de rythmes assassins du batteur, Simon ''BloodHammer'' Schilling ( ex At the Grave, Panzerchrist). Franchement, il était temps que le duo autrichien s'entoure de musiciens efficaces et j'avoue que cela semble être le cas lorsque j'écoute le jeu de baguettes et les accélérations chirurgicales proposées par le Sieur Simon. Baphomet est un morceau efficace qui aurait largement pu figurer sur l'album précédent car les musiciens misent encore tout sur la lourdeur du tempo et la voix ultra gutturale du frontman. Ce titre est sympa mais je vous encourage à l'écouter en regardant son clip car Helmuth et Serpenth excèlent dans l'univers bestial et parviennent toujours à s'entourer d'une chair féminine à consommer sans modération.

Pour mon plus grand plaisir, The Devil's Son et Swinefever - Regent Of Pigs renouent avec un Black/Death ravageur avec leur cadence soutenue, leurs riffs sombres et la voix toujours plus malsaine de Serpenth. C'est toujours une déception de ne plus entendre les vociférations éraillées du frontman mais il faut s'y faire et avouer que Serpenth seconde à merveille son leader car le bassiste possède un registre vocal se mariant parfaitement avec la profondeur des beuglements d'Helmuth. Ces deux morceaux s'accompagnent bien de soli et de moments plus tempérés mais il faut savoir les saisir au vol car BloodHammer ne fait pas dans la dentelle et artille comme un fou derrière ses fûts.
Belphegor poursuit son rituel morbide en invoquant le Dieu Apophis, véritable personnification du chaos, du mal et de l'obscurité dans la mythologie égyptienne. Il faut croire que ces incantations ont réveillé le "Géant" car les riffs stridents et les sons de cloche accompagnant les coups de cymbales commencent à s'emparer de mon âme de façon irrésistible. Honnêtement, ce morceau est redoutable car les nombreux ralentissements et les invocations latines renforcent considérablement le côté obscur de cette quatrième ode satanique. Belphegor n'entend pas mes supplices et taille dans le vif avec sa nouvelle boucherie, Totenkult - Exegesis Of Deterioration. Ce morceau applique toujours la même recette diabolique mais il faut admettre que la lourdeur du tempo et les changements de rythmes incessants ne me laissent pas indifférent. Tout au long de ce nouveau rituel, le tempo se brise régulièrement pour laisser les deux gratteux se répondre à grands coups de riffs incisifs et malsains. Toute proportion gardée, je trouve même que ce titre comporte un final torturé qui me renvoie à certains titres (comme Demonic Staccato Erection) extraits du fabuleux album Lucifer Incestus sorti en 2003.
Après cette bonne claque, Belphegor reprend sa traversée du Styx en nous embarquant à travers une complainte lente et mélancolique. Totenbeschworer est un morceau instrumental assez court qui a au moins le mérite de faire tomber la pression dans mon esprit, après ce déluge de violence. L'accalmie n'est que de courte durée car Helmuth et ses apôtres reprennent leur célébration méphistophélique en alternant à merveille chants en anglais et cantiques latins. Le rendu est toujours aussi néfaste et j'ai presque envie de reprendre mes cours de latin pour chanter aux côtés d'Helmuth et de lever les bras au ciel en reprenant à tue-tête "Spell Of Reflection". Cette impression se confirme avec l'avant dernier brûlot, Embracing A Star. Belphegor vient me foutre ici LA beigne de l'album avec ce sacrifice totalement inattendu. Le rythme est ultra lent et le son de gratte, en mode acoustique, pénètre dans mes oreilles comme une lame affûtée. Cette lenteur des incantations revient en leitmotiv tout au long de cette nouvelle cérémonie, sans jamais durer longtemps, et explose fréquemment sous les blasts de BloodHammer et les hurlements désespérés des deux écorchés. Ce contraste permanent entre douceur maléfique et fureur incontrôlée est un pur régal et prouve que Belphegor sait toujours écrire des morceaux à couper le souffle. Les Autrichiens mettent un terme à leur liturgie avec un Totenritual qui me rappelle encore une fois l'époque Lucifer Incestus et plus particulièrement son dernier titre, Fleischrequiem 69 Outro. Le morceau est court, rapide et le chant tantôt en allemand, tantôt en latin, sacrément menaçant.

Au final, je ne regrette absolument pas d'avoir participé à cette nouvelle danse macabre. Loin d'être un chef d'oeuvre, Totenritual reste quand même un album intéressant et parfois même surprenant grâce au retour des influences "Black" et à la maîtrise diabolique des musiciens instrumentistes. Bien entendu, Helmuth et ses messagers auraient pu mieux faire en évitant certaines redondances dans les rythmes et en insistant un peu moins sur l'ambiance incantatoire du chant mais je trouve que Belphegor propose, dans l'ensemble, un album bien meilleur que les deux précédents. Quoi qu'il en soit, Totenritual risque encore de diviser les fans et de provoquer de nombreux débats animés. Pour ma part, il y a bien longtemps que j'ai choisi mon camp en succombant aux sirènes du Mal...

Tracklist de Totenritual :

01. Baphomet
02. The Devil's Son
03. Swinefever - Regent of Pigs
04. Apophis - Black Dragon
05. Totenkult - Exegesis of Deterioration
06. Totenbeschwörer
07. Spell Of Reflection
08. Embracing A Star
09. Totenritual