Artiste/Groupe:

Yoth Iria

CD:

Blazing Inferno

Date de sortie:

Novembre 2024

Label:

Pagan Records

Style:

Black Metal

Chroniqueur:

Le Diable Bleu

Note:

18.5/20

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Amies lectrices, amis lecteurs,

Ce jour, je vous convie à un voyage estival ardent dans les flammes incandescentes de Blazing Inferno, le dernier opus des jeunes prêtres du black Metal grec en devenir, Yoth Iria. Dès les premières notes, vous pourriez vous retrouver aspirés dans un tourbillon musical où l’ancien et le nouveau se côtoient, un peu comme si Hadès himself avait dirigé un orchestre foufou. Et quelle claque ! Un album à la fois brut et riche en nuances, capable de faire grincer les dents des cerbères les plus aguerris.

Oubliez les simples guitares saturées, les riffs conventionnels et les blast beats : Yoth Iria convoque un véritable pandémonium d’instruments exotiques. Cornemuse en version infernale, vièle hurlante comme un spectre perdu dans le Tartare. On jurerait même entendre une flute de Pan agonisante entre deux sombres incantations, sur le morceau In the Tongue of Birds. Dans de nombreuses composition, la "bignoueterie" de tous poils fonctionne à merveille et rentre en vibration avec les instruments conventionnels (But Fear Not étant la piste la plus empreinte). Le résultat est tout bonnement ébouriffant.

Dans le monde du black Metal, dur et impur, les soli de guitare sont souvent plus rares qu’une éclipse solaire. Mais ici, Yoth Iria lâche les cheveux, prend du recul avec la convention en vigueur inhérente au style, en insufflant des joutes de grattes mélodiques, des combats de voix. Cela tranche radicalement avec des groupes illustres comme Rotting Christ, qui, bien qu’exceptionnels, semblent parfois considérer les soli comme un tabou impie. À un point que l’on pourrait se demander si Yoth Iria ne s’est pas lancé le défi de combler quelques décennies de soli morts dans l’œuf, en un seul album. La multiplication de ces soli a probablement exigé la création d’un "syndicat grec des doigts martyrisés" en coulisse ... Pour ce qui concerne le travail des voix, Sieur He, toujours surprenant, a invité de jolis brins de voix à l’accompagner ... voix féminines (But Fear Not), chœurs mystiques (Blazing Inferno et Our Father Rode Again Hid Ride) ... The Magus, ex chanteur live, semble être passé à la trappe depuis peu ... Orestis Oikonomopoulos, quand à lui resterait toujours dans l’ombre, histoire de suppléer une défaillance du Sieur He sur scène ...

La production est une véritable claque. Massive, certes, mais également précise, fine, comme si chaque coup de cymbale et chaque accord de guitare avaient été forgés dans les forges du Parthénon. Les couches sonores se superposent avec une clarté déconcertante, saupoudrées de nappes électroniques bien dark, offrant une richesse qui m’ont demandé plusieurs écoutes pour être pleinement appréciées. Les textes, empreints de mythologie et d’occultisme, évoquent les mystères des anciens cultes et les secrets enfouis des anciens temps helléniques. Mais loin de se contenter d’un hommage poussiéreux à l’antiquité, Yoth Iria insuffle à leurs compositions une modernité et une audace qui forcent à l’inclinaison, à s’incliner devant leur art.

Parmi les pépites de cet album, In the Tongue of Birds et Blazing Inferno pourraient s’imposer comme des incontournables. Mais c’est véritablement We Call Upon the Elements, à la sauce Rotinienne, qui risque de devenir un incontournable sur scène, avec son mélange parfait de puissance, de mélodie et de chaos maitrisé.

Je vous laisse découvrir les parties plus lourdes en milieu d’album, comme Purgatory Revolution et Rites of Blood and Ice, qui raviront les aficionados de black Metal. J’espère avoir été clair pour une fois, ainsi l’aurez vous peut être bien compris, avec Blazing Inferno, Yoth Iria livre un album magistral, capable de ravir à la fois les puristes du black Metal et les amateurs de nouveautés audacieuses. Yoth Iria n’a pas seulement mis les soli à l’honneur du black Metal hellénique ; ils les ont élevés au rang de sport olympique. Cinq morceaux sur huit formalisent un champ de bataille sur lequel se livrent les joutes épiques des deux guitaristes. Ils viennent de franchir un nouveau cap, en améliorant encore la diversité de leurs compositions et la qualité de la production. D’ailleurs, à ce sujet, je me permets d’enfoncer le clou de la distorde, You Tube donne l’impression que les prises de son ont été effectuées dans un garage pour ados jouant rock... beurk, comme souvent, c’est suant !

En somme, préparez-vous à recevoir une sacrée baffe musicale, à coups de riffs, de soli et d’ambiances à la fois étranges et bienvenues. Avec Blazing Inferno, ce deuxième opus, Yoth Iria ne se contente pas de suivre les lignes(s) du black Metal traditionnel. Ils déboulent avec un tank de folie, écrasant toutes les conventions du style sous des riffs incendiaires et des soli décoiffant. Préparez-vous à souffler sur vos enceintes en feu, et en cas de non-maitrise de votre part, conservez l’extincteur à portée de main. Surtout, gardez bien les gosses à distances raisonnables de ce brulot.

Tracklist de Blazing Inferno :

01. Blazing Inferno
02. But Fear Not
03. In the Tongue of Birds
04. Rites of Blood and Ice
05. Purgatory Revolution
06. Morning of the One Thousand Golds
07. Our Father Rode Again Hid Ride
08. We Call Upon the Element

 

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