Artiste/Groupe:

Wyrmwoods

CD:

Earth Made Flesh

Date de sortie:

Janvier 2018

Label:

Inverse Records

Style:

Black Metal orchestral

Chroniqueur:

Mythos

Note:

16/20

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Il est des cycles où les genres musicaux se répètent dans d’interminables ritournelles, avec cette impression tenace d’un « déjà-vu » auditif qui finit par user considérablement notre envie de chroniquer de nouvelles sorties. Tel est le cas pour moi de l’année 2017 dans la scène Black Metal, avec ses groupes remâchant le dogme sans créativité aucune. Vous remarquerez que je prends bien soin ici de ne pas utiliser le terme trop souvent galvaudé « d’originalité », afin d’enterrer une bonne fois pour toute (il faut bien l’espérer) ce paradigme musical trop souvent invoqué lorsque l’on pense juger d’une « bon » album en la matière. Mais passons, si j’écris à présent ces lignes c’est pour démarquer le premier album de Wyrmwoods de cette vague ritournelle infatigable.

Ces derniers temps, la Finlande a été l’un des seuls pays à déjouer ce paradigme et à procurer de belles œuvres de Metal Noir (sans rapport avec le Québec). Le premier opus du multi-instrumentiste Nuurag-Vaarn confirme cette impression et dépasse même de loin mes attentes en la matière. Pourtant, Earth Made Flesh ne payait pas de mine : un nom de groupe rocambolesque, un musicien inconnu, une pochette plutôt classique (mais qui détonne avec ce qui se fait en ce moment) m’ont tout de même décidé à jeter une oreille sur le travail du Finlandais.

Car Earth Made Flesh se contrefout des modes et ne se laisse pas facilement encarter dans un quelconque sous-genre. L’écoute de la première piste peut vous faire penser que Wyrmwoods joue une sorte de Black Metal atmosphérique teinté de Jazz (Nuurag-Vaarn y a ajouté de bons arrangements avec son saxophone). Puis vous écoutez The Greater Festival Of Masks et vous croyez être embarqués dans une sorte de tableau moyen-âgeux quand le ton bascule vers un Black Metal aux synthés futuristes et à l’ambiance psychédélique-rock des années 70-80. Totalement fou et pourtant parfaitement orchestré par le multi-instrumentiste finlandais. Une leçon en terme de composition, c’est certain.

Vous croyez avoir cerné le bonhomme, mais non, Saturnalia vous invite dans un univers industriel chargé de sons perturbés et grésillant inspirés du Noise. Et là rebelote, Abomination suinte le BM quasi-brutal avec son chant macabre et un enregistrement limite « Raw ». Je vous passe les péripéties de Primordial Waters / The Well Of Urth pour vous emmener sur The One As Chaos And Egg. Quinze minutes de composition, une entrée délicate et mystérieuse, un corps instrumental sombre et entamant une montée progressive vers des chants criards et une atmosphère digne des meilleurs du genre, pour un final ambient et féérique maîtrisé. Magistral et envoûtant. Ce qui m'a d'ailleurs étrangement fait penser à The Loremasters Time, excellent premier album de Druadan Forest composé par V-Khaoz (auteur du récent Vargrav).

Le premier essai de Nuurag-Vaarn est une réussite, bien loin des modes et des dogmes préétablis. Une œuvre polysensorielle, aux influences éparses et à la justesse inégalée en ce début d’année 2018.


Tracklist de Earth Made Flesh :

01. Break The Seal
02. The Greater Festival Of Masks
03. Saturnalia
04. Abomination
05. Primordial Waters / The Well Of Urth
06. The One As Chaos And Egg