C H R O N I Q U E

Avec une esthétique très travaillée, moderne et atypique dans la sphère traditionnelle du Black Metal finlandais, Woland semble vouloir se distinguer des autres formations du pays. S’ils revendiquent une vision nietzschéenne et novatrice dans leur approche, avec le concept, toujours très stéréotypé et sur-interprété du « Surhomme », arriveront-ils malgré tout à convaincre par la qualité de leur musique ?

Leur nouvel album semble confirmer une approche différenciante, même si pas forcément novatrice, contrairement à ce qu’on nous laisserait croire. Ce n’est pas parce qu’on ne se peinturlure plus le visage de couleurs grandguignolesques qu’on parvient à prendre le pas sur la qualité musicale des autres. Faudra aussi leur dire que mettre des Pin-up partout dans leurs photos, ça ne leur augmentera pas non plus mon capital sympathie. Bref, mis à part ces détails liés à l’identité visuelle du groupe, Woland ne s’en sort finalement pas si mal, même plutôt très bien ! Avouez que vous ne vous y attendiez pas ! Mon énervement de départ a vite été dissipé par une musique qui ne laisse pas indifférent.

Si l’invocation du Surhomme nietzschéen quand on fait du Black Metal est plutôt (voir souvent) périlleuse parce que forcément stéréotypée, il n’en reste pas moins qu’on ressent tout de même une impression de force et d’élévation mentale au fil des écoutes et des pistes de l’album. Hyperion est solide, comme l’autre album du même nom sorti cette année (Dirge). Ici non plus on n’a pas grand chose à reprocher au groupe. Conquer All, chanson phare de l’album grâce à ses refrains puissants, marque dès le départ l’écoute. Une qualité se fait jour dans la musique de Woland, c’est cette capacité intéressante à allier des mélodies très accrocheuses, qu’on assimile assez vite, à des compositions plus poussées comme dans Extacy And Rapture, qui accueille même un chant clair entraînant.

Honey In The Lion est un petit interlude dans Hyperion, un piano au phrasé jazzy vient s’asseoir doucement entre deux très bonnes pistes. Puis vient de nouveau s’installer dans Live Forever. On aurait même apprécié avoir un peu plus de ces interludes, un peu comme on le ferait sur un concept album. La teneur de la musique de Woland aurait alors gagné encore plus de fraîcheur, de complexité et de qualité ! Mais ils s’en sortent tout de même très bien, il faut le dire. Live Forever préfigure d’ailleurs un peu de ce que pourrait être l’évolution du groupe, mélange d’éléments hétérogènes accompagnés de mélodies puissantes et accrocheuses. Tandis que Elevated Existance conclut l'album tautologiquement, en réponse à la première piste Conquer All.

Enfin, on ressent de multiples influences, et notamment celle de Finntroll, sûrement dûe à la présence en guest star de Mathias 'Vreth' Lillmåns (chanteur du groupe). Mais aussi du Black Metal mélodique, avec des solos de guitares qui rythment bien la construction des chansons.

Hyperion est un album de Black Metal tourmenté. Mais tourmenté non au sens de « dépressif » ou « suicidaire », comme on l’entend souvent dans le genre, mais au contraire par des références musicales intéressantes. Conclusion et atouts de l'album : une puissance mégalomaniaque, des chansons qui prennent aux tripes et évoluent dans un Black qui n’aurait pas honte de construire des « tubes » internationaux, sans perdre pour autant de leur complexité et variété musicale, et surtout l’humour faussement candide du groupe lorsqu’on titre une piste : None. Merci ! Coup de cœur, coup de pouce pour Woland donc !

Tracklist de Hyperion :

01. Conquer All
02. Art Of Ascension
03. Living Water
04. None
05. Extacy And Rapture
06. Honey In The Lion
07. Live Forever
08. Elevated Existance

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