Winterage, un de mes énormes coups de cœur de 2021,
est de retour, et ça, c’est fait pour me plaire ! Toujours emmené par
Gabriele Boschi, le violoniste du groupe, également en charge des arrangements
(chœur et orchestrations), la formation Transalpine compte bien enfoncer le clou après un
The Inheritance Of Beauty réellement incroyable et
abouti. La difficulté lorsqu’on arrive à pondre un tel album, c’est de
réitérer cette prouesse sur le suivant. Et ainsi de suite. Mais vu la progression du
groupe, j’avoue ne pas être très inquiet avant l’écoute de
l’album. Scarlet Records indique que le groupe pratique un Triumphant
Cinematic Power Metal. Derrière cette longue appellation qui peut paraître pompeuse
(et rappelant fortement au passage le fameux Hollywood Metal aux débuts de Rhapsody Of Fire), se cache finalement un style
qui correspond exactement à ce terme. N’ayons pas peur des mots, ce groupe sait y faire en
la matière, leur musique sonnant totalement EPIQUE. Niveau thématique, il sera question
dans cet opus de mythologie, avec des noms laissant peu de doutes sur le sujet : Simurgh,
Hecate, Numen, Nekyia, Leviathan...
Commençons par le commencement, et le commencement dans un album de metal symphonique digne de
ce nom, c’est une introduction. Apertio ad Profundum se veut inquiétante et
sombre, avec la chorale flamboyante qui ouvre le bal avant que l’orchestre arrive. Frissons
garantis ! Une intro des plus classique certes, mais diablement bien composée. J’imagine
déjà le groupe entrer sur scène sur cette musique... Et Simurgh the
Firebird qui déboule dans nos oreilles à grand coup de cuivre et la double
pédale, quelle entame, digne des plus belles heures de leur groupe fétiche,
Rhapsody évidemment. Comme indiqué dans ma précédente
chronique, le violon prend ici une place prépondérante, intégré en tant
qu’instrument à part entière au même titre que les autres instruments. Et
c’est là l’originalité du groupe. Le solo de guitare proposé tend
à prouver que le groupe avait raison d’indiquer que cet album serait plus heavy. On sent
plus de puissance dans la composition. A voir sur la longueur, en attendant c’est une
entrée en matière absolument rêvée pour tout amateur de Metal Symphonique qui
se respecte.
Simurgh the Firebird, premier single à avoir été
dévoilé, est encore plus parlant. C’est un tsunami de notes qui s’abat sur
vous. Le refrain est énorme, épique, à chanter le poing levé, le rythme ne
faiblit jamais. Le solo de violon grandiose, et le solo de guitare "Turillien" en
impose. Le second single, Numen, nous propose pour la première fois de
l’album la deuxième facette du groupe, la touche folklorique. Le refrain très
dansant et le pont instrumental celtique vous emmènent directement en Irlande. D’autres
moments de bravoure du genre évidemment seront présents dans l’album, comme sur
Nekyia. On pourra citer également White Leviathan, dont la mélodie du
violon au début et à la fin rappelle le Battle Metal de Turisas. S’ensuit une fête celtique grandiose une nouvelle
fois. On calme un peu le jeu passé la moitié de l’album avec La Fonte
d’Essenza qui prend des allures d’un Lamento Eroico de
Rhapsody. Il y a pire comme comparaison. Composition toute en subtilité,
touchante, dans laquelle Daniele Barbarossa peut montrer l’étendue de son
talent.
Le groupe revient rapidement à du costaud, avec un Dark Enchantment complexe avec
les plus grosses parties orchestrales de l’album. Une déferlante orgasmique pour vos
oreilles, qui ne procure absolument aucune lassitude. Comme souvent, l’album se termine par le
titre fleuve, ici Metamorphosis, a Macabre Ritual. A écouter plusieurs fois
(évidemment) pour se rendre compte de la qualité de la composition. Mention
spéciale pour la seconde partie du titre, purement et simplement de la musique classique, une fin
en apothéose. Resurrectio ad Mundum se charge de clôturer cet album tel
un générique de fin, avec une soprano et l’orchestre. Et... c’est
déjà fini, avec une envie irrémédiable de réappuyer sur play ! Allez,
Si je devais pinailler, la seule chose que je regrette c’est de ne pas avoir un titre aussi long
et dingue que ne l’était The Amazing Toymaker (mon titre
préféré du groupe, et un de mes préférés dans le style, tout
simplement) sur le précédent opus. Mais au-delà de ça, c’est une
nouvelle prouesse que nous offre Winterage. Toujours aussi riche et encore plus heavy,
ce Nekyia est exempt de tout reproche.
C’est bien simple, je ne vois absolument aucun groupe de metal symphonique récent qui
arriverait ne serait-ce qu’à la cheville de Winterage. C’est
également le seul groupe qui a su récupérer l’héritage laissé
par Rhapsody. Je vois vraiment ce groupe comme leur seul descendant légitime.
Aujourd’hui, énormément de groupes sont catalogués en tant que groupe de
Metal Symphonique à partir du moment où l’on retrouve un brin de clavier ou une
chanteuse, ce qui fait que ce terme se trouve souvent galvaudé. Mais très peu
possèdent cette essence unique issue de la musique classique, une chorale, des orchestrations
incroyables, des vrais instruments comme ici le violon et la flûte à bec baroque chez
Rhapsody. J’avais terminé ma chronique du précédent album
par "Et pourtant, en étant fan de Rhapsody Of Fire, Nightwish, Epica ou encore Therion, des albums de qualités ce n’est pas ce qui
manque. C’est simple, Winterage peut se poser à leur table et les
regarder droit dans les yeux !". Et bien c’est toujours le cas aujourd’hui. Et
encore, je dirais qu’à l’heure actuelle, seul Epica peut encore se
targuer d’être au-dessus de la mêlée.
Tracklist de Nekyia :
01. Apertio ad Profundum 02. Simurgh the Firebird 03. The Cult of
Hecate 04. Numen 05. Nekyia 06. La Fonte
d’Essenza 07. Dark Enchantment 08. White Leviathan 09.
Metamorphosis, a Macabre Ritual 10. Resurrectio ad Mundum