Artiste/Groupe:

Whitesnake

CD:

Restless Heart

Date de sortie:

1996

Label:

EMI

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

botem

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Étrange, vraiment étrange, la manière dont est perçu cet album de la part des nombreux fans du chanteur.
En effet, les uns le considèrent comme un album solo de Coverdale, les autres comme un des pires Whitesnake… mais les deux camps s’entendent pour oublier purement et simplement cet album. Alors qu’en est-il ? Pour bien comprendre le propos qui va suivre, il est indispensable de faire un retour en arrière.

Le Deep Purple Mark IV ne s’arrête pas, comme beaucoup le pensent à la mort de Tommy Bolin, mais le soir du 15 mars 1976, lors d’un concert du groupe (le dernier de la tournée). Ce soir-là, Tommy complètement shooté est tout juste bon à aligner quelques accords, Glenn son compagnon de défonce, bien que supportant mieux, délivre une prestation, disons curieuse. Et une fois de plus, les trois autres (merci, Jon Lord qui sauve les meubles) assurent comme ils peuvent pour sauver ce qui peut encore l’être. À l’issue du concert les deux beaux-frères (Jon et Ian) décident de jeter l’éponge, tout comme David. Commence alors la véritable genèse de Whitesnake.

1977 : David encouragé par Roger Glover (pas rancunier le gars) enregistre un album, produit par ce dernier, intitulé… Whitesnake. Mais la véritable carrière du groupe débute en 1978 avec Trouble qui intègre deux guitaristes, qui marqueront l’empreinte pour longtemps du groupe (Bernie Marsden & Micky Moody). Jon Lord fait partie de la team, Ian Paice les rejoindra deux ans plus tard. Cette formation, considérée comme étant la seule et véritable incarnation de Whitesnake délivre une musique gorgée de blues musclé, tandis que le chant et la voix du beau David s’expriment comme jamais.

Le groupe sous cette formation (avec quand même quelques changements, qui deviendront plus tard la marque de fabrique du chanteur) officie jusqu’en 1984, bien que les deux derniers albums commencent à faire sentir l’orientation que souhaite le patron, et pond des brûlots comme par exemple Lovehunter et surtout un live devenu mythique Live… In The Heart Of The City’.

Fin de l’acte 1 qui représente la période blues du groupe.

Acte 2 :
Coverdale veut à tout prix investir le marché américain, et pour cela, il durcit le ton aidé en cela, de jeunes guitaristes qui jouent plus vite que Lucky Luke dégainant son colt (John Sykes, et un certain Adrian Vandenberg). 1987 sort en…1987, et arrache tout sur son passage, le changement de cap ne fait aucun doute est radicale. Je me souviens encore de mon état lors de la première écoute.

Plus rien, mais alors plus rien à voir avec le groupe que l’on avait connu jusque-là.
Pour le plus grand malheur de la plupart des premiers fans, mais ralliant à lui un public au niveau mondial, et plus jeune il est vrai. La fracture entre les deux camps perdure encore, d’un côté les plus anciens ne jurant que sur la première mouture du groupe, et rejetant en bloc la suite, l’autre camp ne connaissant pas trop cette période blues. Suivra deux ans plus tard Slips Of The Tongue avec déjà de nouveaux musiciens, dont Steve Vai, dans la même veine que son prédécesseur, bien qu’un léger cran en dessous, mais clairement, on sent bien que David exploite le filon de la machine à dollars.

Les choses en sont là, et tandis que notre chanteur pense déjà au prochain, et est en quête de nouveaux musiciens, (à croire qu’il veut rivaliser avec l’homme en noir dans la valse de ceux-ci) bref…s’offre à lui une proposition inespérée. Rejoindre Jimmy Page pour une association avec cet illustre guitariste que Coverdale admire. Mais surtout, être l’égal de Robert Plant qu’il admire par-dessus tout, sans oublier de le jalouser à l’envi. L’occasion est trop belle pour ne pas mettre le serpent, pourtant devenu une machine à sous, en hibernation. Nous sommes en 1993.

Fin de l’acte 2.

L’aventure avec Page à tourné court, l’album est loin d’avoir été le succès attendu, et la tournée qui suivit, dût être écourtée par manque de vente de billets. Ajouté à cela, des soucis familiaux et on a notre chanteur au plus mal, cette période sera pour lui extrêmement éprouvante, ne sachant plus trop quoi faire, et n’ayant plus vraiment la niaque pour réveiller le serpent.

Nous pouvons maintenant aborder l’objet de cette chronique.

1995 : David contacte Adrian Vandenberg, car le chanteur avait était fort contrarié que le guitariste, suite à une fracture du bras, ne puisse participer à l’album Slip Of The Tongue. Ensemble donc, ils composent ce qui sera Restless Heart, puis l’enregistre avec divers musiciens (dont un certain Guy Pratt). Dans ce contexte, difficile d’associer ce disque à la discographie de Whitesnake, de l’autre ayant été écrit à quatre mains, pas vraiment non plus un album solo de Coverdale, qui d’ailleurs ne se limite qu’a un seul, sortie en 2000 (faudra que je vous en parle de celui-là d’ailleurs) quoi que celui sortit en 1977, puisse être considéré comme tel. De mon point de vue, ni l’un ni l’autre, mais la controverse provient probablement, que l’album est estampillé ‘’David Coverdale & Whitesnake’’, il faut voir là plus une démarche marketing, associer les deux noms permettant de ratisser large.

Mais le plus important, l’essentiel, qu’en est-il de la musique ? Excellente ! On retrouve, dans ce disque, l’ombre de ce qui a fait l’identité des premiers albums du serpent blanc. Le blues bien que teinté de rock est bien présent, le son plus actuel faisant le trait d’union avec les productions plus récentes, mais rassurez-vous, sans le côté clinquant et supersonique des derniers enregistrements. Surtout, la voix du chanteur est intacte, et pas retouchée à l’excès comme c’est le cas depuis longtemps maintenant... Le tout appuyé, chose nouvelle par des chœurs dédiés. Bien sûr on trouvera les sempiternelles ballades propres à la marque de fabrique de notre homme, mais de qualité, et que je trouve, contrairement à d’autres, bien intégrés à l’ensemble. L’incontournable désormais Too Many Tears dans cette version studio étant une réelle réussite. Adrian Vandenberg ne cherche pas ici à aligner un maximum de notes à la seconde, mais reste sobre et redoutablement efficace, apportant ici une aisance et une présence bien réelle sans écraser le tout.

À chaque écoute, je prends un réel plaisir, et me dis que les premiers fans passent à côté d’un album qui pourrait sur certains aspects leur rappeler l’heure de gloire de Whitesnake. Quant au second, il devrait se souvenir que le serpent n’a pas toujours, loin s’en faut, craché son venin au travers d’ampli survitaminé, et être un peu curieux et se pencher sur ce que je considère comme une pépite…le pont entre les deux périodes.

Vocals – David Coverdale
Guitar – Adrian Vandenberg
Keyboards, Backing Vocals – Brett Tuggle
Bass – Guy "Starka" Pratt
Drums, Percussion – Denny Carmassi
GUESTS :
Backing Vocals – Beth Anderson, Maxine Waters, Tommy Funderburk
Harmonica – Elk Thunder

Tracklist de Restless Heart :

01. Don’t Fade Away
02. All In The Name Of Love
03. Restless Heart
04. Too Many Tears
05. Crying
06. Stay With Me
07. Can’t Go On
08. You’re So Fine
09. Your Precious Love
10. Take Me Back Again
11. Woman Trouble Blues

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