Démarrant dans la pure veine deathcore, Whitechapel a lentement mais constamment évolué enrichissant sa musique de différents éléments tour à tour plus rock, plus heavy mais en conservant quelques fondamentaux de leurs débuts énervés. La démarche ne fait pas l’unanimité dans la fan base « historique » mais notons que 1 - le succès est au rendez-vous, le groupe élargissant son auditoire et 2 - les critiques sont globalement positives. Le deathcore a ses qualités mais avec quelques années de carrière, on peut comprendre la démarche de proposer autre chose, une version élargie. Le succès de The Valley sorti en 2019 leur a permis d’intégrer le Billboard 200 lors de sa sortie. Succès populaire, commentaires positifs : Whitechapel n’allait pas changer de trajectoire et ce Kin en est la suite logique.
Un point effectif rapide. Whitechapel a titularisé Alex Rüdinger au poste de batteur. Il était déjà batteur en tournée depuis 2019 (enfin en 2019 serait plus précis au vu du contexte !) mais le voilà officiellement membre du crew. Le groupe ayant déjà écumé quatre batteurs « officiels » plus trois autres ayant dépanné en live, on se gardera de s’enflammer pour Alex mais passé ce sympathique chambrage, souhaitons-leur de régler ce souci. Autre aspect : la crise sanitaire a donné du temps aux Américains de bien peaufiner ce disque. On ne s’étonnera donc pas de la qualité de la production, du résultat réussi de l’ensemble. Les thématiques sont toujours aussi sombres. Phil Bozeman avait évoqué les traumas de l’enfance sur le précédent disque, il continue sur ce nouvel album mais dans une veine encore plus sombre. Oui, Whitechapel a peut-être réduit l’agressivité musicale mais les thèmes s’assombrissent en contrepartie.
A l’instar d’un Parkway Drive, Whitechapel a fait évoluer sa formule à bon escient et intelligemment (et progressivement). D’une belle efficacité, portée par de très bons titres percutants et avec un final plus en douceur, Whitechapel continue son excellente dynamique. Certains trouveront que le rendu final est bien trop soft. La trajectoire musicale de Whitechapel reste à sens unique et le groupe n’a pas peur de dire que la dimension rock prend désormais l’ascendant sur l’aspect metal. Il reste des éléments de leur style originel mais le tout respire, s’ouvre et tend vers l’émotionnel. Je trouve que ça leur va plutôt bien mais il serait difficile de ne pas comprendre la frustration de certains. Ce serait faire preuve de mauvaise foi que de s’étonner que Whitechapel en soit arrivé là. Voilà un groupe un peu trop ignoré à mon sens et qui mérite de la lumière pour une musique qualitative, versatile mais cohérente et intéressante.
Tracklist de Kin :
01. I Will Find You 02. Lost Boy 03. A Bloodsoaked Symphony 04. Anticure 05. The Ones That Made Us 06. History Is Silent 07. To The Wolves 08. Orphan 09. Without You 10. Without Us 11. Kin