Voulez-vous un peu de post-rock français, au milieu de ce déferlement de violence ? Non ? Mais c’est parce que vous ne savez pas à qui vous avez à faire. Bon, ben puisqu’il faut vous prendre par la main et vous donner plus de détail, allons-y doucement et ne sautons pas les préliminaires. En premier lieu, faire connaissance. Bonjour amis lecteurs, laissez-moi vous présenter When Waves Collide (ne soyez pas timide, dites bonjour). Un nom pas facile ? C’est vrai ; un peu comme quand vous rencontrez votre ami tchèque dont-vous-ne-saurez-jamais-dire-le-nom. WWC (car il ne faut pas déconner, non plus), ce sont quatre jeunes parisiens, bourrés de talent, qui viennent tout juste de sortir leur premier album. Un verre pour fêter ça ? Oui, bonne idée. Mais alors quelque chose de bon, pour que l’on soit dans le thème de ce qui va suivre. Et ils font quoi dans la vie, nos quatre musiciens ? De la musique, ça tombe bien ; Adrien Deurveilher et Romain Fortané aux guitares, Andrea Gallo (batterie) et Timothée Valentini (basse et synthé) pour la partie rythmique. Pas de fioritures ; le strict nécessaire, mais que de la qualité. Que demander de plus ?
Après un EP (sobrement appelé EP I) sorti en 2019 (plus brut, mais assez prometteur) et deux singles, ils nous présentent, comme les Rois Mages, mais avec un Roi en plus, une offrande de qualité avec Chasm, un album d’une trentaine de minutes qui nous apporte joie et réconfort. Dans la continuité de ce qui avait été produit jusqu’alors, et sans perdre le côté aérien des compositions, Chasm va toutefois plus loin, en nous proposant un son plus rock-metal, parfois assez lourd, où les instruments « classiques » prennent une place plus prépondérante. Leur (petit) passé musical nous l’indiquait déjà, WWC aime les belles mélodies et possède un talent pour les mettre en valeur. J’encourage ceux qui veulent un exemple de leur qualité de compositeur à se pencher sur la variation pour piano de Lawrence(titre du EP) sortie il y a de cela un an. Pour ce qui est des belles mélodies vous allez être servis. Les six titres, courts pour ce genre musical puisqu’ils ne dépassent pas les sept minutes (vous me ferez cadeau des quelques secondes en plus Chimera), vous font voyager et stimulent votre imagination. Soutenus par une production excellente, ils empruntent et combinent des sons et des textures déjà ressentis ou entendus, mais d’une manière qui semble les rendre uniques et propres au groupe. L’électro insérée l’est toujours à bon escient pour souligner ou donner du volume à la trame musicale. De manière assez intéressante, alors que le thème général de l’album, si l’on en croit les titres, doit être sombre, le ressenti musical ne l’est pas, ou très peu. Peut-être grâce à cette balance millimétrée des textures et des ambiances.
Si les deux minutes trente du dernier titre de l’album, Stranding, sont plus planantes et aériennes, elles permettent surtout à l’auditeur d’avoir un atterrissage en douceur après le voyage proposé. Car le vrai cœur de l’album, ce sont les cinq premiers titres, avec pour commencer The Fallen. Un titre qui met simplement les bases de ce qui est proposé et pourra servir de carte de visite au quatuor. C’est musicalement de la haute couture. Précis, complexe et simple à la fois. Comme je l’ai dit plus haut, si on a l’impression d’avoir déjà entendu la rythmique du début ou les atmosphères qui la suivent, l’arrangement de tout ceci, rend le truc assez unique. Un peu de rock, un peu d’électro et un peu de metal genre Monkey3 ou Mars Red Sky. Un mélange bien dosé qui passe simplement bien. Cataclysm permet aussi de comprendre le très bon travail d’Andrea à la batterie. Les mélodies sont-elles volumineuses et grandiloquentes. Le rythme plus lent permet des vibratos de guitares intéressants. Les couches musicales s’empilent sans se déranger. Prenez le temps d’écouter ce titre avec un casque, pour bien comprendre l’importance des touches électro dans la structure musicale du groupe. Dark Matter est un moment fort. Ce titre a quelque chose the STÖMB. Il est une sorte de fusion des deux titres précédents. Volumineux, musical, varié c’est une explosion de bonheur. Brillant. Chimera est l’axe qui va permettre de faire tourner l’ouverture rock-metal vers une fin plus atmosphérique. Plus lent au début, et empli de son électro, la guitare puis la batterie vont faire progressivement sortir le titre de son cocon. Dès 2:30, le titre prend son envol et permet aux musiciens de s’exprimer pleinement. C’est simple mais diablement efficace et jamais monotone grâce à de régulière ruptures rythmiques. Omen clôt ce voyage en commençant de manière plus mystique et plus complexe. Superposition de sons, rupture gauche droite (n’oublions pas qu’il s’agit d’un groupe Français…), Omen est joueur, rythmiquement stimulant. Très bien.
Donc maintenant que les présentations sont faites, je vais reposer ma première question. Voulez-vous un peu de post-rock français, au milieu de ce déferlement de violence ? Oui, bien sûr ! Puisqu’il est de qualité et que manquer un rendez-vous avec When Waves Collide ne se fait pas.