Artiste/Groupe:

Warrant

CD:

Dog Eat Dog

Date de sortie:

1992

Label:

Style:

Metal US

Chroniqueur:

Orion

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Warrant. Ce groupe vous évoque quoi ?
Après deux albums très teintés Hard Glam US (Dirty Rotten Filthy Stinking Rich et Cherry Pie) et un succès allant croissant, le groupe californien, sur ce troisième album, change son fusil d'épaule. Il faut dire que nous sommes en 1992, en pleine période "grunge" et cela a dû compter dans ce changement de style car, à cette époque, le Hard US avec permanentes et paillettes n'a plus vraiment la cote. Ce courant que l'on appelle "Hair Metal" aujourd'hui (encore une appellation bien ridicule d'autant que jamais, à cette époque, on a appelé cette musique comme ça) était en train de péricliter. Et même si ce mouvement connaît depuis quelques années un certain regain d’intérêt, à cette époque, c’était "no way !" D'ailleurs, bien des groupes du style auront du mal à s'en remettre, même les plus grands (Mötley Crüe, Ratt, Poison pour ne citer qu'eux...) et d’autres vont carrément disparaître de la circulation.

Donc, intelligemment, Warrant décide d'évoluer avec son temps et sort un album qui cherche à s'éloigner de ce style. On pourra évidemment les taxer d’opportunisme, ce que les détracteurs ne se priveront pas de faire. Les mêmes qui, sans doute, accusaient les membres du groupe de ne pas être les musiciens qui jouaient sur les albums. Même procès que pour Kiss à une autre époque. Comme quoi, la bêtise a la vie dure.
Déjà, premier changement visuel dans le look des musiciens: finis les permanentes et accessoires typés Glam Metal ! Tout le monde est en cuir avec look de bad boy, tatouages de sortie et barbes de trois jours...
Les paroles ensuite : moins axées "sex, déconne and rock'n'roll", des sujets plus sérieux sont abordés (comme l'écologie sur April 2031 par exemple).
Troisième point : le son énorme. Le groupe est allé chercher Michael Wagener pour l’occasion (Accept, Skid Row). Le message est donc clair : Warrant a décidé de durcir le ton. Le premier servi est Jani Lane, dont le chant toujours reconnaissable devient toutefois plus agressif (Machine Gun, Inside Out).
Il est impossible de ne pas se rendre compte, à l’écoute de l’album (surtout si on a connu les deux précédents), que quelque chose a changé. C’est d’autant plus évident que les morceaux les plus ambitieux sont en début de parcours. La frappe de Steven Sweet est devenue bien lourde (Machine Gun toujours, The Hole In My Wall). La superbe ballade The Bitter Pill avec ses choeurs en canon à la Bohemian Rhapsody, Andy Warhol Was Right et April 2031 sont de véritables prises de risque pour un groupe aussi établi. On est bien loin du Hard Glam guilleret des deux premiers disques. Le climat s'est assombri.
Même si quelques titres restent dans la continuité de l’album Cherry Pie, leur plus gros succès (Bonfire, Hollywood, All My Bridges Are Burning), plus calibrés radios (on ne se refait pas complètement) et que quelques ballades sont de la partie aussi (Let It Rain), on sent que Warrant a choisi d’être plus agressif avec des rythmiques bien plus appuyées qu’auparavant. Le summum de l’agressivité étant atteint sur Inside Out, morceau complètement inattendu, limite Thrash Metal, dans la lignée d’un Slave To The Grind des Skid Row. Warrant a-t-il voulu prouver qu’il était un "vrai" groupe de Metal ?

Evidemment, ce Dog Eat Dog n'a pas rencontré le succès qu'il méritait à l'époque car Warrant, malgré sa prise de risque, a payé à cause de son passé et peu lui ont donné sa chance. Les fans, eux, ont peut-être été déçus par le virage amorcé. Le groupe ne s'en remettra d'ailleurs pas. Et c'est dommage car cet album est, selon moi, leur meilleur, varié et heavy.
Jani Lane, qui s’était énormément investi sur ce disque (il avait tout composé tout seul) va quitter le groupe après cet album et même s’il reviendra quelques années plus tard, Warrant ne retrouvera jamais plus le succès qu’il avait connu avec ses deux premiers albums.
Warrant est l’exemple typique du groupe qui a tout perdu avec le passage de la vague grunge.
Alors, même si ce disque est assez méconnu du public, il reste néanmoins un très bon album à découvrir aujourd'hui, loin des passions qui existaient à l'époque. Il permet également de se rendre compte que le regretté Jani Lane, en plus d’avoir été un grand frontman, était un très bon chanteur et un excellent compositeur.

PS : Pour l'anecdote, il faut savoir que le groupe de fusion baptisé Dog Eat Dog appela son premier album Warrant... Hommage ?

 

Tracklist de Dog Eat Dog :

01. Machine Gun
02. The Hole In My Wall
03. April 2031
04. Andy Warhol Was Right
05. Bonfire
06. The Bitter Pill
07. Hollywood
08. All My Bridges Are Burning
09. Quicksand
10. Let It Rain
11. Inside Out
12. Sad Theresa