UNSANE

Artiste/Groupe

Unsane

Album

Visqueen

Date de sortie

13/03/2007

Style

Noisy-Hardcore

Chroniqueur

Damien

Note

18/20

Site Officiel

http://www.myspace.com/unsane

C H R O N I Q U E

Nom de Dieu !! Voici l'expression qui nous vient à la bouche à l'écoute de ce disque. Unsane, pour les incultes, c'est un trio de New Yorkais qui pratique depuis une grosse dizaine d'années un Noisy Hardcore absolument renversant, prenant aux tripes et vous donnant envie de vomir tant les émotions que le groupe développe sont réelles, vivantes et intemporelles. Qui ne connaît pas "Sick", "Scrape", "Release" ou autres "D-Train" ne peut pas prétendre connaître la palette d'émotions qui font l'âme humaine. Après le départ de son batteur Signorelli et son remplacement par Will Sharf de Keelhaul, et son départ de l'écurie des miracles, celle qui a vu émerger le meilleur groupe du monde Mastodon et autres Dillinger Escape Plan, voici le successeur du bon Blood Run sorti en 2005. Beaucoup de gens avaient enterré le groupe. Ba Oui mais Chris Spencer a encore plus de gens à traumatiser que l'on ne croyait. Il signe donc chez le génie des nineties, Mike Patton et le label le plus surprenant du monde, Ipecac. Et musicalement, qu'en est-il ? Musicalement...Ah ah ah !

Tout part sur une mélodie irréelle, somptueuse qui vous choppe non là où sa fait mal mais là où ça fait du bien. Mélodie donc, surprenant de la part d'Unsane. Et là, la basse et le chant débarquent et c'est fini : on ne peut pas résister.

"Against The Grain" nous ouvre les portes de l'âme et nous entraîne dans un abyme lumineux de sentiments amers et lourds. La basse est résolument dantesque, provoquant des tremblements de terre à chaque vibration. Des groupes comme SunnO))) ont bien essayé de faire sonner leur basse comme ça mais non, rien à faire, ils n'arrivent pas à la cheville d'Unsane. Chris Spencer chante et hurle comme un damné, c'est la fin du monde. De votre monde en tout cas. Démentiel morceau d'ouverture.

Comment enchaîner après ça ? Tout simplement avec "Last Man Standing" qui utilise lui une atmosphère saturée plus sombre, toujours torturée comme au temps des Scattered... ou des Occupational Hazard. Les riffs inter dimensionnels et les harmonies écrasantes font de nous des pauvres victimes, comme lorsque le solo digne de la grande école Noisy Stoner débarque pour nous envoyer ce refrain toujours aussi braillé. La machine est en marche et pour "This Stops At The River", l'harmonica des débuts signe son retour. Ambiance désertique et très Minsitryenne époque Filth Pig. Poussière, crasse, tord-boyaux, Unsane se fait Texas avant un quatrième morceau étonnant. Le Unsane nouveau à décidé d'être plus mature, de ralentir le rythme et de mettre de la mélodie en restant fidèle à lui même. Soit. Comment l'en blâmer lorsque c'est pour sortir un morceau aussi lourd que "Only Pain" ? Mélodie donc, sublime, digne des Deftones de la grande époque des "Be Quiet And Drive (Far Away)" ou "Change" avec une touche Stoner crasseuse irrésistible. Spencer hurle toujours divinement bien sa rage. Ouhaou.

"No One" est lui dans la grande tradition des morceaux cités en début de chronique, 100 % Unsane.

"Windshield" décolle lui pour retomber telle une enclume échappée d'une soute à bagages à 1500 mètres d'altitude et qui vous tombe sur la gueule. Le ton colérique devient solennel et tournoyant pour finir de vous achever.

Septième morceau, "Shooting Clay" ralentit encore la cadence, mid tempo posant, écrasant.

Tout comme "Line On The Wall" qui nous plonge avec son titre, sa musique, son chant dans les années 70, avec un côté sombre et malsain assez éprouvant.

Le groupe renoue avec des arpèges plus Punk sur "Disdain", vestige du passé témoignage que tout groupe ne doit pas oublier d'où il vient.

"Eat Crow" avec son faux rythme nous expédie dans une ambiance partagée, entre débordement d'énergie et colère maîtrisée. Dernière balise avant le black-out.

"East Broadway" instrumental étouffant, ambiancé de samplers fantomatiques dignes de Fantômas où d'autres projets de leur nouveau boss. Terrifiant délire à la "Infodump" de Strapping Young Lad, stressant moment de clôture qui laisse l'auditeur tétanisé par la puissance éléphantesque du groupe qui semble vouloir s'essayer au Doom. Presque neuf minutes d'une boucle démoniaque répétée jusqu'à la folie et se terminant on ne sait-où (à l'Est de Broadway ? Je n'y mettrai jamais les pieds alors !) après 8 grosses minutes.

Fin du combat, victoire par K.O. ! Unsane nous livre un disque de qualité égale de ces chefs d'oeuvres passés et envoie une oeuvre intemporelle qui demandera une centaine d'écoutes et 10 ans avant d'être réellement compris comme ce qu'il est. Un chef d'oeuvre, à l'instar du Filth Pig de Ministry qui avait souffert à l'époque de la fermeture d'esprit des idiots qui attendaient un autre Psalm 69. Al s'en est foutu et il avait raison. Tout comme Insane à raison de nous coller cette gifle qui fait de lui le leader incontestable de la scène Noisy Hardcore mondiale. Tout simplement obligatoire.