Jacob Banon est un artiste qui possède de multiples facettes. La plus connue
est celle d'être le frontman du groupe de hardcore américain Converge.
Mais l’animal ne sait pas rester sans rien faire entre deux albums et/ou tournées du gang
de Salem. Il continue son parcours à travers ses ténèbres de la création.
Les pochettes de Converge sont
quelques exemples de ses œuvres plastiques, des œuvres souvent sombres et magnifiques,
disponibles sur son site personnel. Et si vous avez eu l’occasion de mettre l’oreille sur
le très personnel et magnifique Wear Your Wounds, vous savez
déjà que l’homme, malgré sa voix écorchée vive, n’est
pas un simple décolleur de cordes vocales.
Umbra Vitae est une référence à un poème de
Georg Heym, poète expressionniste allemand. « Il exprime dans ses
poèmes le désespoir de la misère et la souffrance occasionnée par la
solitude inhérente à la vie urbaine. », merci Wiki. Ce nouveau projet se compose
de F. Sean Martin et de Mike McKenzie aux guitares, Greg
Weeks à la quatre cordes ainsi que de Jon Rice à la
batterie. Autant vous dire que sur le papier ce « super » groupe donne envie de se jeter
sur ce premier méfait Shadow Of Life.
Après un premier titre à la fois heavy, inquiétant, mais
aussi vicieux, en guise d’introduction, Ethereak Emptiness fait son apparition et la
tendance reste sensiblement la même. Un premier riff à tendance black, la batterie monte
dans les tours, Bannon éructe ses paroles comme un damné, enfin comme
d’hab en fait… Puis le tempo baisse en intensité pour passer à un
mélange hardcore, death du plus bel effet. La quasi-omniprésence de la double
pédale n’empêche pas au titre de rester mid-tempo pour finir sur un solo insidieux
à souhait. Une ouverture surprenante compte tenu de la déferlante qui attend
l’auditeur derrière.
Evidement il est quasi impossible de ne pas faire de parallèle entre Converge
et Umbra Vitae, tant l’identité vocale de Bannon est
reconnaissable entre mille. Tout d’abord les points communs, certains riffs à la fois
speed, techniques et bestiaux, les petites accélérations toujours bien
préparées et des titres plutôt courts sont quelques points communs. Il est
possible d’y rajouter le soutien vocal des deux guitaristes en apport non négligeable,
à l’image d’un Nate Newton. Pour ce qui diffère, il faut
regarder des influences musicales, ici c’est à la croisée du Death, du Hardcore,
du Black, voire du Grind. Et j’insiste sur le terme "croisée", car je veux dire par
là que le groupe n’enchaine pas simplement différents styles, mais se situe
à la commissure de chaque style, pour au final en créer un hybride. Vous citer un titre
qui tend vers tel ou tel style serait vain, d’autant que les soli sont au final plutôt
heavy. Un hybride vous dis-je !!
« Pour moi, les repousser, m’en affranchir est un processus constant qui
m’emmène à devenir un meilleur père, mari, ami, artiste et tout simplement
être humain (Jacob Bannon). » Cette phrase, qui parle des limites,
résume, exprime bien la démarche artistique du groupe. Elle est aussi une philosophie de
création et de vie qui anime son frontman. N’en déplaise aux puristes,
Bannon s’affranchit des codes, des standards pour une fois de plus créer
un être à part. Après vous adhérez ou pas, c’est un autre
débat. Pour ma part, je suis totalement happé.
Shadow Of Life est (encore) un énorme coup de pied dans le cul du petit monde,
parfois un peu trop stéréotypé, du Metal. Umbra Vitae
réussi son coup avec brio. Un premier coup qui je l’espère ne restera pas sans
suite, car cette base posée par le groupe n’est qu’une première pierre brute
qui mérite d’être polie pour atteindre des sommets encore plus haut.
Tracklist de Shadow Of Life :
01. Decadence Dissolves 02. Ethereal Emptiness 03. Atheist
Aesthetic 04. Mantra of Madness 05. Fear Is a Fossil 06.
Polluted Paradise 07. Intimate Inferno 08. Return to
Zero 09. Blood Blossom 10. Shadow of Life
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