Artiste/Groupe:

Ugly Kid Joe

CD:

America's Least Wanted

Date de sortie:

1992

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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Au début des années 90 débarque un nouveau larron dans le paysage metallique américain, le doigt dressé et la morve au nez. Son nom : Ugly Kid Joe. Joe le sale môme. Ca annonce la couleur, non ?
Ce nom est d'ailleurs une réponse à une autre formation de l’époque, Pretty Boy Floyd, un groupe de glam de la côte Ouest. Floyd le beau gosse se retrouve maintenant avec son alter égo mal élevé, Joe. Et c'est ce dernier qui va gagner la partie.

L'humour et la parodie sont les moteurs de Ugly Kid Joe (on va dire UKJ pour faire simple), mais derrière ce côté fun et pas sérieux se cache une critique acerbe de la société américaine, un peu comme les Simpson qui connaissent un succès grandissant quasiment à la même époque. La pochette, déjà, montre l'insolence des gamins. Leur Joe grimé en statue de la liberté, le majeur levé, brandissant un magazine porno à la place de la déclaration d'indépendance. Vous imaginez la tronche des conservateurs américains en voyant ça ? Evidemment, la censure a frappé et le groupe fut obligé d'éditer une seconde pochette, où l'on voit Joe bâillonné et ligoté avec le majeur coupé (illustration que l'on peut voir sur la jaquette arrière du CD non censuré). Le titre de l'album, quant à lui, est une parodie de America's Most Wanted, une émission très populaire aux States.

C'est grâce à Everything About You, un titre de leur premier EP, que UKJ connaît son premier succès. Ce morceau accompagné d'un clip vidéo où l'on voit le groupe jouer sur une plage passe en boucle sur MTV. Il est de nouveau édité sur l'album ici présent avec, en clin d'œil à la vidéo, cette petite phrase en début de morceau : "Are you the guys on the beach who hate everything ?" Un autre morceau du EP a atterri sur cet album, en version réenregistrée, c'est Madman (rebaptisé Madman 92 pour le coup).


Musicalement, Ugly Kid Joe n’est pas très facile à cerner. Le sale môme est un touche à tout. Le grunge a déjà frappé le Metal à cette époque et UKJ nous sert un Metal coloré, groovy (Come Tomorrow, Don’t Go), funky aussi parfois (Same Side, Madman) avec même une petite touche de phrasé rap (Everything About You). Bref, on s'éloigne des canons du genre même si le groupe ne renie pas ses influences, notamment Black Sabbath (UKJ avait repris Sweet Leaf sur son EP et reprendra NIB sur la compilation en hommage à Sabbath, Nativity In Black). On peut dire que le groupe navigue entre deux eaux, ni complètement heavy, ni complètement mainstream. Pour preuve, les morceaux tels que Neighbor, Panhandlin’ Prince, So Damn Cool, I’ll Keep Tryin’ ou Goddamn Devil qui montrent le côté le plus heavy de la bête, tout en gardant le groove propre au groupe. Un Goddamn Devil pour lequel ils ont tout de même obtenu la participation d'un certain Rob Halford dont on reconnaît bien les hurlements.
On note aussi la présence de Dean Pleasants (Infectious Grooves) pour un solo sur Same Side et quelques percussions de Stephen Perkins (Jane's Addiction).
Enfin, comme tout groupe qui veut s’imposer le plus largement possible, l’album comporte son lot de ballades. Trois en l’occurrence. D'abord Cats In The Cradle, reprise de Harry Chapin, qui va faire un joli carton. La seconde est Busy Bee, très réussie également. Sur ces deux morceaux, on peut entendre une voix féminine discrète, celle de Jennifer Barry du groupe Halfway Home. Quant à la dernière ballade, Mr. Recordman (chantée par le guitariste Klaus Eichstadt), si musicalement, elle n’est pas aussi inoubliable que les deux précédentes, son second degré vous fera passer un bon moment. Second degré que certains n’ont pas compris puisqu’un célèbre magazine américain a dit de cette chanson qu'elle était "la déclaration d’amour à une société d’enregistrement la plus pathétique jamais écrite"… comme quoi, l’humour n’est pas accessible à tout le monde.

Même si cet album n'est pas un chef-d'oeuvre dans sa globalité, il reste tout de même un très bon disque avec quelques excellents titres et il est le reflet d'une époque, celle du Metal américain du début des nineties qui se cherche de nouveaux héros. Ugly Kid Joe remplira ce rôle au moins l’espace de cet album.

 

Tracklist de America's Least Wanted :

01. Neighbor
02. Goddamn Devil
03. Come Tomorrow
04. Panhandlin' Prince
05. Busy Bee
06. Don't Go
07. So Damn Cool
08. Same Side
09. Cats In The Cradle
10. I'll Keep Tryin'
11. Eveything About You
12. Madman 92
13. Mr. Recordman