Artiste/Groupe:

Trivium

CD:

What The Dead Men Say

Date de sortie:

Avril 2020

Label:

Roadrunner Records

Style:

Thrash moderne / Metalcore

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

La décennie précédente a vu Trivium progressivement proposer des albums de moins en moins percutants avant de finir sur The Sin And The Sentence, un disque à nouveau remuant et rassurant (pour ceux qui souhaitaient voir le groupe revenir a une musique plus agressive en tout cas). Comment le quatuor américain envisage-t-il d'attaquer les années 2020 ? Avec What The Dead Men Say, la réponse est simple : ce neuvième album confirme la bonne forme de Matt Heafy et sa bande et s'avère dans la continuité stylistique et qualitative de son prédécesseur. Si vous êtiez pressés, voilà, vous venez de lire ce qui pourrait faire office de conclusion. Maintenant, si vous voulez quelques détails, c'est par ici. 

Le parcours de Trivium est riche... et semé d'embûches, diront certains. Les goûts et les couleurs feront que chacun appréciera plus ou moins certaines tentatives ou évolutions adoptées par les Américains. What The Dead Men Say, quant à lui, a beaucoup de chances de plaire à ceux ayant aimé The Sin And The Sentence. Oui, Trivium, contrairement à son habitude (à savoir proposer de façon consécutive des albums assez différents les uns des autres), nous offre un disque proche de celui sorti précédemment, comme s'il avait trouvé sa formule et souhaitait la peaufiner plutôt que d'expérimenter. Le résultat : moins de surprise mais une efficacité, un savoir-faire et un niveau global plus que satisfaisants. A travers dix pistes, pour une durée totale de quarante-six minutes (cet effort de concision est apprécié par votre serviteur), le combo envoie un metal puissant et moderne, synthétisant, comme en 2017, un peu toutes ses facettes. Ne vous attendez donc pas à un album de pur thrash sans concession, à un opus totalement metalcore, à des hommages trop appuyés aux grands qui ont inspiré Heafy et ses potes, à un metal moderne mainstream ou à du heavy plus classique et mélodique, ni à un disque totalement dominé par des influences trop extrêmes... Par contre, vous aurez un peu de tous ces ingrédients, savamment mélangés, dans What The Dead Men Say. Un peu comme sur The Sin And The Sentence, donc... avec, comme sur ce dernier, un vrai retour au punch quelque peu délaissé en cours de route pendant les années 2010.

Une intro instrumentale de deux minutes, judicieusement nommée IX (bah oui, c'est leur neuvième album) et bien fichue introduit parfaitement la chanson titre avec son gros riff qui tue. On se rend vite compte que la production du disque est assez phénoménale. La section rythmique est d'un dynamisme appréciable, le son de batterie est excellent, la basse de Gregoletto ressort bien (c'est toujours agréable), les guitares tranchent dans le vif... Impeccable ! WTDMS (ça va plus vite) est un titre qui change souvent de tempo. Il alterne lourdeur et fulgurances rythmiques à coups de blast qui laissent pantois, tout en balançant du riff influencé par le metal extrême, des solos hyper mélodiques hérités des jours anciens et glorieux du metal classique et un chant maîtrisé, balayant lui aussi un spectre assez large (clair et mélodique ou sacrément agressif / gueulé). Catastrophist continue sur cette lancée avec davantage de mélodie dans sa première partie (aux riffs très mélodeath) avant d'arriver à un break plus brutal où le batteur s'en donne encore à cœur joie. 

Tout cela n'est pas assez agressif à votre goût ? La directe Amongst The Shadows And The Stones amène alors plus de brutalité dans le mix avec un Heafy aux vocaux très énervés. Mais comme dit plus haut, Trivium a tenu à aborder différents styles, alors si vous aimez ses penchants plus apaisés et mélodiques, vous trouverez avec les plus accessibles Bleed Into Me ou Scattering The Ashes de quoi vous contenter. Sur ces deux pistes, c'est clairement la facette la plus consensuelle du combo qui est mise en avant. J'aime bien mais j'ai une préférence pour des morceaux plus heavy comme The Defiant et son refrain épique ou l'excellente Sickness Unto You qui trompe son monde avec un démarrage assez doux et mélancolique mais qui balance du thrash rageur et un break instrumental fabuleux sur lequel le groupe s'est bien fait plaisir. Bending The Arc To Fear bastonne bien aussi... mais l'un de mes titres préférés est, sans hésitation, The Ones We Leave Behind, une compo bien épique et speed avec, encore une fois, de très bons solos de guitare (la paire Heafy/Beaulieu laisse parler des influences plus Maideniennes par moment et notamment ici). 

What The Dead Men Say est donc la confirmation d'une niaque retrouvée. C'est aussi celle que le batteur Alex Bent est vraiment une super recrue. On s'en était rendu compte sur The Sin, son talent éclate au grand jour une nouvelle fois ici. Son jeu de batterie, très technique et impressionnant, a permis au groupe d'accéder à un autre niveau. Les compos sont inspirées, variées, pleines de trouvailles, breaks et solos stimulants. Trivium apporte ce qu'il faut d'énergie et puissance pour combler les amateurs de metal costaud et rythmé sans oublier de soigner les mélodies et pondre une quantité non négligeable de refrains mémorables. Ce neuvième album du groupe se classe, pour ma part, parmi ce que j'ai entendu de mieux venant de lui. Bien joué ! J'ai hâte de voir ce que cela donnera sur scène, quand le monde ira mieux et que la période des concerts pourra reprendre.

Tracklist de What The Dead Men Say :

01. IX
02. What The Dead Men Say
03. Catastrophist
04. Amongst The Shadows And The Stones
05. Bleed Into Me
06. The Defiant
07. Sickness Unto You
08. Scattering The Ashes
09. Bending The Arc To Fear
10. The Ones We Leave Behind

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !