Le calendrier fait parfois bien les choses et ce nouvel album, plutôt attendu, de Tribulation est parue juste avant celui de Jonathan Hultén. Ce dernier a opéré un grand virage stylistique et artistique et les raisons de son départ de Tribulation semblent a posteriori très cohérentes, le garçon n’œuvrant plus dans un death gothique imprégné de rock n’ roll. Bon l’ironie veut que Tribulation pour son premier album depuis le départ de son charismatique guitariste a aussi évolué vers un registre plus mainstream. Et cela ne va pas faire que des heureux et ce Sub Rosa In Æternum a déchaîné quelques critiques. Légitimes, nous allons y venir.

Juste avant de se pencher sur ce nouvel album rappelons que c’est Joseph Tholl qui a la lourde tâche de prendre le relais et le trio Johannes Andersson (chant/basse), Adam Zaars (guitare) et Oscar Leander (batterie) restent à la manœuvre. Intuitivement, vu les albums solos proposés par Jonathan Hultén, on aurait pu croire que ce dernier était la raison d’un death moins extrême chez Tribulation. Sauf que le quatuor suédois a sacrément réduit cette dimension death sur ce nouvel effort et pas qu’un peu. Principal marqueur de cette évolution : la quasi absence de chant growlé chez Johannes Andersson. Moi qui pensais que ce type de chant assez monolithique limitait la musique du groupe, là c’est du côté de Peter Steele (Type O Negative à qui on pensera beaucoup tout au long de l’écoute de ce Sub Rosa in Æternum) voir même Dave Gahan (Depeche Mode) qu’on pense désormais. Sincèrement, cela surprend à la première écoute ici et on peine à reconnaître le chanteur. 

Une grande partie de ce disque se fait en voix claire, assez grave voir caverneuse car, oui, Tribulation sonne toujours plus gothique, ce point n’a pas changé. Les Tainted Skies (où on retrouve un peu de chant death) et Saturn Coming Down présentés en single en amont n’avaient pas menti, Tribulation a levé le pied, enchaîne les mid-tempos et n’a en réalité jamais sonné aussi goth. Forcément, certains ont râlé et ont pu être surpris. Pour ma part, quand bien même j’adhère moins à ce nouveau style, je reconnais volontiers que la qualité est là, les compos tiennent la route et la production très propre valorisent bien ce nouveau style. Je n’ai jamais adhéré à 100% à la voix de Johannes Anderssonn et en voix claire cela reste assez imprécis. Pour autant, les lignes de guitares, délicieusement dark, font le job et on retrouve quelques très bons moments sur ce disque. Après la scission de fin 2020, les gars de Tribulation ont stabilisé un line-up performant mais avec un style moins extrême a pris le risque de perdre une partie de son auditoire. Pour glaner de nouveaux adeptes ? Seul l’avenir le dira mais les suédois ont pris des risques, fait évoluer son style. La démarche est louable. Mais risquée. A chacun de se faire son avis. Pour ma part, je reste un peu à quai.  

PS On passera sur l’artwork, hyper simpliste par rapport aux pochettes très stylisées des précédents efforts.