Comment se remettre du départ du membre le plus créatif, le plus médiatique, la figure de proue de votre groupe ? Telle est la délicate équation que les membres de Tribulation ont dû résoudre. Le bassiste et vocaliste Johannes Andersson, le guitariste Adam Zaars (et à un degré moindre Oscar Leander, batteur depuis 2017) se sont légitimement demandé s’il fallait continuer sans ce phénomène de Jonathan Hülten (dont les très recommandables Forest Sessions récentes ne sont - et c’est mérité - pas passées inaperçues) définitivement passé à autre chose. Une fois la décision prise, ils ont recruté Joseph Tholl, guitariste doué capable de composer, ce qui n’est pas la moindre de ses qualités. L’art de la résilience chez les gothiques suédois. Mine de rien, le coup a dû être rude à encaisser et il convient de saluer le courage des Suédois de repartir.
Pression donc car, appelons un chat un chat, Tribulation joue gros et devra rapidement donner des gages au risque de disparaître, ce qui serait bien dommage, mais la réalité du business est ainsi faite. Et reprendre ce fil ténu par un EP me semble une très bonne idée, histoire de tâter le terrain, se remettre en selle sans non plus rentrer dans une production complète forcément plus consommatrice de temps et d’énergie. Fort heureusement, le résultat est vraiment à la hauteur, ce qui rend cette chronique bien plus aisée à écrire. On retrouve les belles lignes de guitares typiques du groupe suédois, délicieusement lugubres mais pour autant lumineuses dans cette dynamique gothique qui leur va si bien. Le son Tribulation n’a pas changé, toujours aussi agréable. On retrouve aussi le marqueur du chant assez typé de Johannes Andersson. Ces vocaux peuvent toujours laisser sceptique par leur manque de variation mais c’est une des marques du groupe. On trouve une réelle créativité, de bons riffs (celui de Axis Mundi vraiment sympa), de bons passages instrumentaux inspirés (Hamartia avec son chouette passage central) Au final, en quatre titres, Tribulation rassure, montre sans doute aucun qu’il a encore quelque chose à dire et que Joseph Tholl est clairement un très bon choix. Cet EP est donc une bonne première pierre dans le retour aux affaires, excellente nouvelle pour les fans du combo. On attend maintenant de revoir le groupe à l’œuvre sur scène (même s’il a fait savoir que c’était compliqué vu le contexte économique tendu) et bien sûr sur un format plus long qu’on ne manquera pas de surveiller.