Artiste/Groupe:

Tool

CD:

Aenima

Date de sortie:

1996

Label:

Zoo Entertainment

Style:

Tool

Chroniqueur:

ced12

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S’il est une formation originale, c’est bien Tool. Près de trois décennies après leur début et leur succès immédiat avec leur premier disque Undertow (1993), on peut dire que Tool n’a pas déçu les attentes. J’entends par là sur l’aspect original de ce combo. Qui aurait cru que vingt-cinq ans après ce second disque paru en 1996, soit trois ans après le premier, le groupe ne sortirait que trois albums, et ce sans split, reformation ? D’entrée de jeu, les membres de Tool avaient marqué une différence, leur différence et ce alors que le groupe recevait les honneurs de la toute-puissance MTV. Monté en Californie, mais avec des membres venant de différents horizons géographiques. Adam Jones, guitariste et créatif en chef du groupe (jusqu’au visuel qu’il étudiait et pour lequel il était venu faire carrière à LA) et Maynard James Keenan sont originaires de la côte Est et, immense coup de chance, Danny Carey habitait un appartement l’étage en-dessous de Maynard. A quoi tient le destin ? Les deux voisins (entre deux réunions de copro ?) jouaient déjà dans un premier groupe, Green Jelly, et furent rejoints par le talentueux guitariste ainsi que Paul D’Amour à la basse. Carton immédiat avec, on l’a vu, un premier album bien porté médiatiquement et un style qui convenait bien à l’époque 90’s entre rock bien lourd avec des aspects psychédéliques (que le groupe mettra en avant en live) ainsi qu’un réel côté ambiancé ainsi que quelques sonorités indus typiques 90’s. C’est que Nine Inch Nails connaissait alors un large succès également.

Pour ce second disque, Paul D’Amour avait quitté ses partenaires pour divergences d’opinion au bénéfice de Justin Chancellor, à mon avis pas mécontent de récupérer le job. Aussi rempli qu’on pouvait remplir un CD (soixante-dix-sept minutes) alors, ce disque démontre une impressionnante créativité où des morceaux assez "classiques" dans le format sont entrecoupés de plages plus ambiancées destinées à emmener l’auditeur dans un voyage musical. Le titre de ce disque est une contraction hautement "poétique" entre "anima", qui signifie "esprit / âme" en latin, et "enema", procédure médicale visant à injecter des fluides dans le rectum. Je vous avais prévenus, finesse chez nos amis américains mais surtout sens du contraste. Sombre, hypnotique, torturé, un album de Tool nécessite un réel effort pour être appréhendé. On pensait aux débuts des 90’s que la scène grunge avait mis les curseurs assez loin dans la noirceur, et ce en réponse à la scène "Hair-Metal" californienne des 80’s beaucoup plus superficielle, mais Tool passera encore un cap avant que d’autres groupes n’en repassent encore d’autres. Oui, les 90’s étaient bien sombres : atmosphère pré-millénaire ? Réaction post-80’s ? Résumer cette décennie à ces musiques est clairement réducteur mais c’est une réalité.
Démarrage très fort avec Stinkfist, premier single et grosse claque musicale. Le style Tool est là et à son zénith. Riff de guitare tordu qui tourne et vocaux de Keenan. Et déjà, alors que le groupe avait là tout d’un parfait single parfaitement calibré, un allongement du morceau, pas forcément nécessaire au demeurant, mettait les choses au clair. Pas de compromis ici. Bon, les radios le firent pour eux, coupant sans vergogne le morceau et se faisant bien critiquer pour cela au passage. Mais dans la cohérence du disque, cela fait sens. On prenait déjà son temps chez Tool, on finira d’ailleurs par le faire dans tous les sens du terme. Je n’ai pas mentionné les impeccables parties rythmiques entre Carey, batteur hautement et justement réputé, et Justin, déjà très à l’aise ici.

Disque complexe à appréhender, ce Aenima est un classique des 90’s et échappe au statut de culte car il avait eu un succès réel à l’époque de sa sortie. Second au Billboard, tournées prestigieuses (Ozzfest), Tool connaissait un réel succès. Le groupe ira ensuite dans des logiques encore plus labyrinthiques avec Lateralus et continuera d’obtenir de sacrées bonnes critiques. Groupe total entre musique, visuel à l’unisson, prestations live abouties avec un Keenan ne se montrant pas au public tel un Jim Morrison de fin de siècle, Tool est une formation assez fascinante, passionnante même si pas évidente de par la complexité de sa démarche, la froideur de sa musique ainsi que la recette finalement assez marquée du groupe l’empêchant de réellement évoluer sur d’autres registres et les excentricités de son chanteur, personnage insaisissable mais à la voix incroyable et d’une luminosité impressionnante. Aenima reste un grand disque de ce groupe et un joli marqueur d’une décennie qui mérite d’être plus amplement commentée à mon sens. 

Tracklist de Aenima :

01. Stinkfist
02. Eulogy
03. H.
04. Useful Idiot
05. Forty-Six
06. Message To Harry Manback
07. Hooker With A Penis
08. Intermission
09. Jimmy
10. Die Eier Von Satan
11. Pushit
12. Cesaro Summability
13. Aenema
14. (-)Ions
15. Third Eye

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