T O O L

Artiste/Groupe

Tool

Album

10000 Days

Date de sortie

02/05/2006

Style

Métal sombre, allambiqué, prog, atmosphérique... Inclassable !

Chroniqueur

Hervé B

Note

88/100

Site officiel

http://www.toolband.com

C H R O N I Q U E

Un album de Tool, c'est comme un millésime : il faut prendre patience (5 ans d'attente entre chaque album), un soin tout particulier est porté à l'emballage et le contenu se déguste dans la durée, ne délivrant toute sa saveur qu'après de nombreuses écoutes...

Un album de Tool, c'est un long voyage, dont on ne ressort pas indemne. C'est une plongée dans les tréfonds de son âme, une odyssée sombre, tortueuse, envoutante, enivrante qui, telles les sirènes d'Homère, nous attire sans cesse pour mieux nous perdre...

Un album de Tool, c'est renoncer à une écoute de type "track by track", c'est l'obligation d'écouter l'offrande de bout en bout. C'est se laisser porter, ballader, guider. C'est abandonner ses sens pour mieux les sentir s'aiguiser, ou être anesthésiés, ou encore engourdis puis se réveiller en sursaut, et c'est sans fin...

Un album de Tool, ça se reconnaît depuis la première note, on aime ou on déteste, mais on ne peut être indifférent...

Un album de Tool, c'est assez difficile à décrire, d'y poser une étiquette, de le définir en termes simples et forcément réducteurs. C'est avant tout une aventure intérieure, qui se vit avec ses tripes, ses nerfs, et seul...

La musique, puisqu'il faut bien parler d'elle, est terriblement efficace. La guitare torturée se montre tour à tour puissante, ou en simple filigranne. La basse est omniprésente, tantôt mélodique, tantôt ronronante, mais toujours à sa place. La batterie est impécable, se faisant l'écho de notre cour. Tout est extrèmement bien ficelé et arrangé. Chaue note ou son trouve sa place. Il n'y a rien à rajouter ou à enlever. Les passages énervés succèdent aux passages plus ambiants ou aériens. Mais tous participent à l'envoûtement. Cette musique nous entoure, s'enroule comme un serpent autour de sa proie, et nous aspire inéluctablement.

Cet album s'inscrit dans la continuité de son prédécesseur (Lateralus). Les passages violents se font toutefois plus rares. Maynard apparaît dans un registre plus calme bien souvent (dommage !) mais cela tient aux compositions qui sont dans l'esemble beaucoup plus posées et moins nerveuses. Ce serait ma seule critique sur cet album : il paraît plus accessible, notament au niveau du chant. Cependant, il y a moins de temps morts aussi et je pense que l'on reviendra plus facilement se plonger dans cette écoute que dans la précédente.

Il y a toujours des interludes, notament à bases de sons et de bruits bizarres, mais ceux-ci s'intègrent de façon beaucoup plus cohérente à l'ensemble. Il y a clairement des passages instrumentaux fabuleux, des solis monstrueux, des sons de guitare torturés et toujours cette montée en puissance dans les morceaux, ce son et cette rythmique si particuliers.

Tool a su continuer sur les traces de Lateralus sans se répéter pour autant. En apportant une plus grande maitrise et un peu plus de sobriété, sans retirer le génie et la marque de fabrique qui le caractérisent. Il y aura forcément des déçus : ceux qui préfèrent les côtés purement criards de Maynard, ceux qui privilégient les morceaux taillés dans la norme à une oeuvre globale ; mais ceux-ci devaient déjà avoir quitter le navire depuis un moment. Pour les autres, les curieux, les objectifs, les paumés, les amoureux de la musique sans a priori, les aventuriers, et tous les autres, je vous somme de tenter l'aventure sans plus tarder. Vous n'en ressortirez pas indemne car, je vous préviens cet galette (comme toutes les précédentes du groupe d'ailleurs) se révèle hautement addictive.

Ne dit-on pas que le plus difficile n'est pas d'atteindre le sommet mais de s'y maintenir ? Tool réussit l'exercice haut la main sans jamais nous ennuyer ni redite. Rares sont les groupes qui proposent une discographie d'aussi bonne qualité sur la durée. Tool fait partie des OVNIS de la planète métal : un groupe à part, une musique à part, une logique commerciale à part. Serez-vous du voyage ?