C'est l'été, il fait chaud, on commence à sérieusement penser aux vacances, la saison du barbecue a débuté, on veut de la piscine et des cocktails... ça tombe bien, c'est pile le moment choisi par The Night Flight Orchestra pour officialiser son retour et nous abreuver de son classic/glam rock rétrofuturiste. Cela fait un an que le troisième album de ce super groupe (dont les membres les plus connus restent Björn Strid et David Andersson, chanteur et guitariste de Soilwork, ainsi que Sharlee D'Angelo, bassiste chez Arch Enemy et Spiritual Beggars) nous régale avec ses hymnes rock fleurant bon l'insouciance et les années 80 et voilà déjà venue l'heure de découvrir son successeur. Le petit nouveau s'appelle Sometimes The World Ain't Enough... et ce titre, combiné au visuel un peu cheap de la pochette, me fait me sentir comme devant le générique d'un nouveau James Bond. Cette devanture est d'ailleurs assez proche de celle d'Amber Galactic, on y trouve un peu le même type de couleurs et une invitation au voyage spatial. Est-ce à dire que ce quatrième album marche droit dans les pas de son prédécesseur ? Réponse tout de suite.
Vous avez sans doute déjà entendu This Time, chanson d'ouverture de cet opus, livrée sur le net il y a deux mois. Beau démarrage. On retrouve dans ce titre rock et rapide un goût pour le hard de la fin des seventies / début des eighties avec une influence Rainbow pas désagréable (cf. le petit duo clavier / guitare en milieu de parcours, notamment). Avec ce morceau, The Night Flight Orchestra semble revenir à un style un peu plus hard que pas mal des compos qui peuplaient le disque précédent... est-ce un indice quant à la tonalité de ce nouvel essai ? Pas vraiment. La preuve, début juin débarque le nouveau single, Lovers In The Rain, et là le constat est sans appel, le groupe se laisse aller sans retenue dans un trip pop-rock des années 80 avec un clip dont le concept rappelle d'ailleurs celui du fameux Take On Me de A-ha. Alors là, ceux qui espérent du metal ou même quelque chose de vaguement hard rock vont peut-être trouver la pilule un peu difficile à avaler. Amber Galactic contenant déjà quelques titres allant dans cette direction, la surprise ne devrait pas être totale pour ceux qui ont suivi l'évolution des Suédois. Personnellement, je trouve cette compo un peu lisse mais sa mélodie très catchy fonctionne assez bien sur moi. Maintenant, que nous réserve le reste du disque ? Eh bien, pas mal de choses... mais il apparaît assez clairement que Sometimes The World Ain't Enough reprend et développe beaucoup d'éléments posés sur Amber Galactic.
A la première écoute du disque, je me suis d'ailleurs dit que ce nouvel album, aussi fun et accrocheur soit-il, n'avait pas l'avantage du précédent, à savoir l'effet de surprise. Je reste sur cette impression après avoir creusé le tout et sens bien qu'il ne va pas être mon favori du groupe (je vais vraisemblablement continuer à préférer les deux premiers) mais le panache du combo me fait tout de même succomber... rien à faire, je n'arrive pas à résister. Je parlais de plaisir coupable dans ma chronique précédente et il y a encore un peu de ça ici, indiscutablement. Parce que, disons-le clairement, parfois c'est vraiment "too much". Mais loin de verser dans la parodie un peu facile, Björn et ses copains rendent un hommage vibrant à une décennie qui, bien qu'elle paraisse kitsch par bien des aspects, ne manque pas de charme. Et puis, les mélodies qui tuent, il faut les trouver, bien les produire, y apporter tous les arrangements nécessaires qui vont en faire des tubes... et ça, The Night Flight Orchestra sait très bien le faire. Comment résister à Paralysed, petite bombe à la rythmique disco-rock sur laquelle vient se poser le chant suave de Strid ? C'est peut-être facile pour vous, mais moi, je n'y arrive pas. C'est très entêtant. Ce savoir-faire, on le retrouve sur beaucoup d'autres pistes qui touchent à des styles différents car leurs compositeurs ne se refusent rien. Ainsi, vous retrouverez pêle-mêle du rock, de la pop, des guitares funky, des claviers très présents (plus que sur les autres albums du groupes), des influences allant d'ABBA à Rainbow, en passant par Journey, Supertramp ou Whitesnake... Le tempo est souvent enlevé, la musique est rythmée, groovy, dansante... Parfois, ça se pose un peu plus et prend une posture épique comme sur Moments Of Thunder (un de mes couplets préférés), d'autres fois, ça se veut plus rock FM (Can't Be That Bad au refrain irrésistible). On passe d'une pop funky au chant posé (Pretty Thing Closing In) à un morceau plus long et changeant dont le final fait carrément dans le rock progressif (The Last Of The Independent Romantics) et, (quasiment) à chaque fois, je me dis que les musiciens sont excellents, que les arrangements et choeurs sont bien ficelés, que le son est top... et que Björn Strid est décidément un vocaliste impressionnant et surprenant, à l'aise... quel que soit le style abordé. Le tout est festif, haut en couleurs, parfois un peu "trop"... mais souvent désarmant.
Voilà, pas de surprise, The Night Flight Orchestra confirme son statut de groupe feel-good et de faiseur de tubes. Ces Suédois sont de retour et propagent le fun et l'insouciance avec un talent indiscutable. Oubliez vos soucis, sortez les lunettes de soleil, retroussez les manches de votre costard façon Miami Vice, ouvrez grand les fenêtres de la voiture... L'été vous appartient et voilà sa bande-son idéale ! Autre bonne nouvelle : quatre dates françaises sont prévues pour apporter un peu de chaleur à l'Hexagone (à Nantes, Paris, Toulouse et Lyon) entre le 28 novembre et le 5 décembre.
Tracklist de Sometimes The World Ain't Enough :
01. This Time 02. Turn To Miami 03. Paralysed 04. Sometimes The World Ain't Enough 05. Moments Of Thunder 06. Speedwagon 07. Lovers In The Rain 08. Can't Be That Bad 09. Pretty Thing Closing In 10. Barcelona 11. Winged And Serpentine 12. The Last Of The Independent Romantics
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